586 jours de voyage, 17 pays, une aventure extraordinaire

Nous voilà rentrés en Suisse depuis déjà quelques mois, et je ne me voyais pas terminer ce chapitre dans notre blog sans faire une sorte de bilan sur cette belle aventure.

Que dire alors ? Il y a tant de choses à dire ! Je vous partage, pour commencer, le journal de bord du jour de notre rentrée, avant de faire un bilan sur tout ce que cette aventure nous a apporté.

10 mars 2020

Prêts pour le départ!

Ce matin, à Playa del Carmen, c’est sur la BO de Django que nous faisons notre sac une toute dernière fois. Ce sac qui a été fait et défait des dizaines et des dizaines de fois ; ce sac de 12 kg qui fût notre maison pendant presque 20 mois. On peut le faire et le défaire les yeux fermés, chaque chose à sa place. Il a, au fil du temps, pris du poids, perdu du poids, au fil des pays, des climats, des achats de vêtements, de souvenirs, des envois postaux et des légations à nos amis croisés en chemin.

Je crois qu’on ne réalise pas bien ce qu’il va se passer. On est à la fois empli de nostalgie et d’excitation. Je pense que ce qui va me manquer le plus, c’est cette « bulle » que l’on s’est construite Yorick et moi. « Notre petit monde à nous », où on ne fait que ce qu’il nous plait, où on a la liberté absolue et aucune contrainte. Une vie qui nous ressemble, au rythme de nos envies. C’est ce monde parallèle que l’on a su créer, que personne d’autres ne pourra jamais vraiment comprendre. C’est aussi une vie remplie de surprises, où l’on est émerveillé chaque jour, et où on réalise tous ses rêves de gamins.

Mais, d’un autre côté, on est content de rentrer ! Revoir les gens que l’on aime, retrouver la simplicité d’une vie sédentaire, un chez-soi, un lit, une salle de bain propre, une cuisine, retrouver mon groupe de musique, ne plus se poser de questions comme : « où on va ? comment on y va ? qu’est-ce qu’on fait ? où on dort ? où on mange ? » (ça parait con mais au quotidien ça fatigue).

En fin de matinée, on papote avec nos adorables hôtes, Rafael et sa femme. Ils nous montrent leur bébés perroquets. Ces gens sont à l’image des mexicains que nous avons rencontrés: des gens adorables ! On prend un bus ADO jusqu’à l’aéroport de Cancùn. Là commence la longue attente mêlée de cafés trop chers et de bouffe bof bof caractéristiques à tous les aéroports. Je suis déjà très fatiguée – j’imagine que mon inconscient travaille depuis plusieurs jours à ce qu’il va se passer: un changement de vie! 18 heures, on embarque.

Dernier avion

11 mars 2020

Après 9h40 de vol à bord de « Condor », on arrive à Frankfurt. On est raide. 2ème avion direction chez nous ! Petite bouffée d’émotion lorsque l’on survole les Alpes. Cette fois ça y est ! Le 2ème avion tout comme l’aéroport de Genève sont à moitié vides – c’est vrai qu’en Europe il y a cette psychose du coronavirus, chose presque inexistante ici en Amérique centrale.

Arrivés à Genève, la sœur de Yorick lui fait une surprise. Ahhh cette salle des arrivées à Genève, elle en a ressenti, des émotions ! Puis, on saute dans le train direction Palézieux. Arrivé à la gare, c’est à pied que l’on rentre à la maison (Ce qui commence à pied se termine à pied !)

De retour au village

Il fait beau et doux, le printemps pointe le bout de son nez. Il n’y a pas encore de feuille sur les arbres, les champs sont bruns et les sommets des montagnes enneigés. On sent l’odeur de chez nous et la fraîcheur de cette saison qu’on avait presque oubliée.

On chante « la terre est ronde », et on arrive à la maison, accueilli par Pierre, Liliane et ma pote Auré (qui ne pouvait pas s’empêcher de nous faire une surprise). On retrouve notre appartement – ça fait bizarre d’avoir à nouveau un chez soi – mais je crois qu’on est vraiment heureux de reprendre racine quelque part ! On pose nos sacs dans ce petit endroit qu’on connaît bien ; c’est comme si on n’était jamais parti, quel sentiment étrange !

Chez nous!

Pas le temps de traîner, ce soir on fait la surprise à mes parents ! Et oui, ils n’étaient pas au courant de notre rentrée ! hahahah ! (rire machiavélique). Donc voilà ; on débarque dans leur salon respectif, en disant : « coucou ! » (J’aurais dû filmer leurs yeux de merlans fris). On ressent beaucoup d’émotion à ce moment-là, et la soirée se termine autour d’une bonne fondue ! Les jours suivants, je ferai la surprise à mes copines et à mes grands-parents et Yorick au reste de sa famille.

Les jours suivants également, c’est la crise du coronavirus ! En effet, à peine deux jours après notre rentrée, les mesures de semi-confinement sont annoncées. Super, nous qui rêvions de revoir tout le monde ! Bon, ben ça attendra… Que c’est frustrant! ça fait quand même presque deux ans qu’on n’a pas refait la fête avec nos potes ! Bon, ben on n’est pas à quelques semaines prêts. Finalement, on a l’habitude d’être que les deux, ça ne va pas changer grand-chose. Enfin, hormis le fait qu’on aura un peu plus d’espace vital, car on a maintenant le double de pièces à se partager! (donc deux) youhouuuuu !

Par contre, avec tous les bureaux qui vont fermer, ça va être compliqué pour faire toute la paperasse de notre retour en Suisse – je serai à deux doigts de ne pas avoir pu refaire mon assurance LaMal (oui, c’est quand même mieux en période de pandémie). Et on ne parle même pas de retrouver du travail rapidement dans de telles circonstances.

Bref, voyons le positif. Complètement par hasard, nous sommes rentrés pile à temps. Quelle chance on a eue mon Dieu ! Une semaine plus tard et on serait resté coincé au Mexique ! Quel bol, on a vraiment choisi le bon moment pour partir en voyage. Quand je pense à tous ces pauvres voyageurs qui devront avorter le voyage de leur vie, ou carrément l’annuler, malgré toutes les préparations, démission au boulot, voire même vente de leur maison…

L’heure est au bilan

586 jours de voyage – presque 20 mois! En moyenne, nous avons passé entre un et deux mois par pays visité. Retour rapide sur les 17 (19 pour Yorick) pays traversés.

Vienne

Budapest

Pour commencer, on a quitté la Suisse par les rails, en passant quelques jours à Vienne, à Budapest, puis un plus long séjour au Monténégro et en Grèce, avant de rejoindre la Turquie par bateau.

Lac de Skadar, Monténégro

Sifnos, Grèce

Sword valley, avec notre Sofa team, Cappadoce, Turquie

Après la Turquie, on s’est envolé pour le Népal – où on y a passé environ deux mois, entre trekking et magnifiques rencontres humaines. Après le Népal, on a vécu un mois de dépaysement total en Inde (le pays le plus dépaysant de tous !)

High camp pic, vision à 5000 m, Népal

Jaisalmer, Inde

Plongée à Malapascua, Philippines

Puis, direction les Philippines pour ma part et la Thaïlande pour Yorick. On s’est ensuite rejoint aux Philippines pour commencer notre « marathon de la plongée ». Après cela, direction le Vietnam pour un mois (on a adoré l’authenticité du Nord), puis le Japon pour la période des cerisiers en fleurs.

Road trip en scooter dans le Nord du Vietnam

Hanami sous les sakuras, Japon

40 jours plus tard, je me suis envolée pour vivre une expérience hors du commun ; enseigner l’anglais sur la petite île paumée de Muna, en Indonésie. Yorick, lui, est parti en Corée du Sud.

Les élèves de mon cours d’anglais, Muna, Indonésie

On s’est ensuite retrouvé en Malaisie, sur la minuscule île de Pom Pom, pour participer à un projet de restauration des coraux avec l’association TRACC. On y sera finalement resté un mois, tellement on a adoré cette expérience. Après cela, direction l’Indonésie avec la découverte des îles de Lombok, Bali, Nusa Penida, moult plongées aux Komodo, et des retrouvailles avec nos proches.

Déposer les coraux dans les arcs reefs avec TRACC, PomPom, Malaisie

Après presque un an entre l’Europe et l’Asie, on s’est envolé pour l’Amérique du Sud en commençant par apprendre l’espagnol dans une école pendant un mois à Medellín en Colombie.

Nos potes de cours, Medellin, Colombie 🙂

Puis, nous avons voyagé en Colombie pendant trois semaines, avant de nous plonger dans la forêt amazonienne péruvienne et sa faune sauvage, on en a pris plein les yeux ! S’en est suivi un beau séjour de presque deux mois au Pérou, avec de la randonnée dans les Andes et des paysages grandioses au rendez-vous. Puis, nous avons fait un road trip génial dans les parcs nationaux du Nord du Chili et du Sud de la Bolivie – on a fait le plein de grands espaces et de liberté!

Pêche aux piranhas, Amazonie, Pérou

Lever de soleil magique à 4500 m d’altitude, Lauca, Chili

S’en est suivi un stage de 10 jours en Equateur pour apprendre le kitesurf, avant de nous envoler pour les Galapagos. Ici, on a réalisé un rêve de gosse, rencontré des animaux extraordinaires et fait des plongées de rêve.

Curiosité des lobos, Galapagos

Après un mois sur cet archipel merveilleux, direction la dernière étape du voyage ; le Mexique ! Road trip dans le Yucatán, plongée dans les cénotes, visite de sites archéologiques et kitesurf au rendez-vous.

Des jeux de lumières merveilleux, plongée cénotes, Mexique

Kitesurf à Holbox

On se rend compte alors de la chance qu’on a, et que partir voyager a été l’une des meilleures décisions de notre vie! Quelle dinguerie, tout ce qu’on a fait, tout ce qu’on a vu, expérimenté,vécu…

Un développement personnel

Pendant ce voyage, on a pu progresser dans plein d’activités, et développer nos compétences dans divers domaines:

Par exemple, le kitesurf, la plongée, la randonnée, la pratique des langues comme l’anglais et l’espagnol, la cuisine, l’apnée, la salsa, la surf, transplanter des coraux, apprendre sur la biodiversité marine, s’immerger dans des cultures différentes, vivre au contact de la pauvreté au quotidien, découvrir les coutumes d’autres religions, mais aussi nager dans les vagues, la conduite dangereuse, le traversage de routes en restant vivant, la découverte gustative de saveurs bonnes ou mauvaises, randonner après avoir bu huit shots d’alcool maison vietnamien, le partage de nos logements avec des animaux plus ou moins bonnards, faire du tétris en rangeant ma guitare dans mon sac,  flotter sur un lagon ultra salé, atteindre les 5’416 m d’altitude, éviter de se faire arnaquer, marchander, le développement de nos muscles en portant nos sacs à dos, la gestion de nos estomacs et intestins face à tout ce qu’on leur a fait endurer, la tolérance des odeurs, la douleur lors d’une morsure de scolopendre géant, ne pas faire une crise de nerfs quand notre train prend 11 heures de retard, rester zen quand on enchaîne deux bus de nuits à la suite, dormir en oubliant la notion de silence (avec, en permanence, des chiens qui gueulent, des coqs qui hurlent, des bourrés qui crient, de la musique latino, des moteurs  sans pots d’échappement et des klaxons qui retentissent), faire pipi dans la nature, chercher des bons plans sur booking et devenir client “Golden”, réserver des vols en ligne, dormir dans la jungle amazonienne, rester calmes quand le 5ème ATM ne fonctionne toujours pas, refuser poliment les demandes des vendeurs de bibelots ou des chauffeurs de taxi, ressentir l’honnêteté des gens et à qui on peut faire confiance, promener des chiens, « Do you have a WiFi ? », trouver des restaurants, trouver des magasins, trouver ce que l’on cherche précisément dans ce magasin, trouver des pharmacies, trouver précisément ce que l’on cherche dans cette pharmacie, trouver des logements à l’arrache, trouver des transports, trouver de l’eau potable, trouver des WC (je rajouterai pas « propres » parce que là ça relève du miracle), trier des photos (des milllllliers des photos), faire des montages vidéo (Yorick a 6 mois de retard, patience, ça va arriver), faire son sac, défaire son sac, faire son sac, défaire son sac, faire son sac, défaire son sac (bon j’arrête), économiser des vêtements, trouver des laveries, checker mille fois derrière soi pour être sûr de ne rien avoir oublié, sécuriser ses affaires dans les hostels et bus de nuit, trouver des cachettes secrètes pour cacher ses valeurs dans une chambre (merci les rideaux de douche), faire des conversions de monnaie, calculer ses dépenses et respecter un budget, faire des check in et des check out, accepter les changements de plans – même si c’est devoir renoncer à un rêve de toujours-  apprendre à vivre en couple 24h/24,  mais aussi découvrir et s’émerveiller tous les jours.

Si tout n’a pas toujours été rose, on a appris à s’adapter à chaque situation, à relativiser, rebondir, trouver des solutions. C’est l’une des compétences les plus importantes pour moi, le fait de ne plus avoir peur de l’imprévu et de l’inconnu, et même de faire de l’inconnu une nouvelle zone de confort à chaque fois. Nous sommes devenus de vrais caméléons, et je pense que ça nous servira pendant toute notre vie.

Des rencontres incroyables

Nous avons fait des incroyables rencontres tant avec des locaux que des autres voyageurs. Il est vrai qu’en voyage, on rencontre énormément de monde chaque jour. Cependant, les véritables amitiés sont plutôt rares. La majorité des rencontres sont éphémères, de quelques minutes à quelques heures. C’est vrai qu’on n’a pas le temps de les approfondir et les discussions restent souvent “de surface”. (Vous venez d’où? Vous voyagez combien de temps? Quels pays avez-vous traversés?)

Nous avons cependant fait des rencontres merveilleuses. Le Temps passé ensemble a joué en notre faveur, allant de quelques jours voire plusieurs semaines. C’est indispensable pour créer un vrai lien! Le hasard aussi – celui de tomber sur des gens avec qui on a un véritable “coup de foudre affectif” a fait que l’on peut même qualifier ces rencontres de nouvelles amitiés. Elles sont plus rares, mais si belles!

Tea house, avec Daniel, Julia et Michi, (sans oublier Cynthia et Santiago) Cappadoce, Turquie

On se rappellera toujours de cette team de partage et de réflexion sur la vie qu’on a formé autour d’un canapé aux Cappadoce en Turquie (on a eu de la peine à se quitter après une semaine passée ensemble), mais aussi de notre équipe improvisée de randonneurs lors de nos deux semaines de trek autour des Annapurnas aux Népal, des enfants du foyers à Chitwan qui nous ont offerts leurs sourires, leurs discussions et leur bonne humeur, des Triple S et Pawan qui nous ont fait découvrir le désert du Thar en Inde…

Une belle famille, Chitwan, Népal

L’équipe Annapurnas au complet! Ruben, Ela Thomek, Joan et Alina

Il y a aussi toutes ces belles personnes qui ont partagé des plongées avec nous (comme Toni et Anaïs à Coron, notre team sur le bateau des Komodos, ou encore de notre tablée de la croisière snorkeling aux Galapagos) mais aussi nos guides de plongée avec qui on a pu partager notre passion ( Giorgia, Simon, Alex, « El tiburon », Alvaro, Rémi et Martin les pros de la plongée cavernes) et des bénévoles de l’île de PomPom.

Tony et Anaïs, Coron, Philippines

La Team EagleRay, Galapagos

Viktoria Alessio et Jemma, à TRACC, Pom Pom, Malaisie

Il y a eu aussi cette équipe de fous rencontrée lors de notre trek de Huayhuash au Pérou, avec qui on garde encore contact.

La team d’enfer! Margo, Hanne, Fabienne, Simon, Jon, Alessandro, Elizabeta, Jerem, Paul, Thijs, Emlie, Luka

Bien entendu, on a aussi eu beaucoup de plaisir à revoir nos amis et famille qui sont venus nous visiter pendant notre voyage, et avec qui on a partagé des moments forts ! Ma jeunesse, mon frère, Zazoux, Auré et Seb, mon Papa, Pierre, Yaya et Niki…

On boit l’alcool maison au Vietnam

Takoyaki party! Chez Rei, Japon

On se rappellera aussi de ces hôtes qui nous ont reçus chez eux et cuisiné d’excellents repas dans des villages perdus au Vietnam, ma pote Rei et ses copines – qui nous ont offert des moments incroyables chez elles au Japon, Mister Tono qui m’a invitée dans sa maison en Indonésie et fait partagé des moments en famille pendant trois semaines, et que dire de ses élèves qui ont suivi mes cours de manière si respectueuse…

Tono et sa nièce Niar qui préparent les petites boîtes pour cuire le riz.

Il y a aussi les gens d’Amérique du Sud! C’est dans ce continent que l’on a fait le plus de vraies rencontres avec les locaux. Il faut dire que nos cultures se ressemblent aussi un peu plus, et il y a moins la barrière de la langue – encore faut-il parler un peu espagnol. Et puis, ce sont des gens très ouverts et très chaleureux de manière générale (mention spéciale aux colombiens).

On se rappellera de notre première collocation à Medellín avec des joyeux lurons des toutes générations, les profs et les élèves de notre école d’espagnol, Angie notre prof de Salsa, Santiago – un colombien rencontré en Turquie – que l’on a retrouvé chez lui en Colombie – Juan José qui a partagé une balade avec nous dans la jungle de El Chocò puis un repas, et Daniel et Claudia qui nous ont traité comme des membres de la famille lorsque l’on a habité chez eux à Medellín.

On revoit notre ami Santiago autour d’un Salpicon

Mon anniversaire surprise, organisé par Daniel, Claudia, son neveu, et Yoricko! (Avec les chats Dante et Isis)

On se souvient aussi de notre prof de kitesurf, Ben et sa copine Amy avec qui on a passé Noël, tous les joyeux lurons de Santa Marianita en Equateur, et sans compter toutes les personnes rencontrées seulement un jour voire quelques heures, avec qui on a partagé de chouettes discussions, un repas, un verre, ou chez qui on a logé… Il y en tant d’autres que je n’ai pas mentionnés, mais leur souvenir restera toujours dans nos mémoires (et dans mon carnet de bord hahaha ! C’est là que je suis contente d’avoir pris du temps de tout écrire! 😉)

En tout cas, le monde est bienveillant, d’ailleurs nous n’avons pas fait de mauvaises rencontres ni subit aucune violence de quelconque sorte, c’est pour dire !

Une décentration

Je pense aussi que l’on a acquis une nouvelle compréhension de l’Humain au sens large du terme. Peu importe le pays, la culture, le niveau socio économique, chaque personne dans ce monde est le héro de sa propre vie et fait de son mieux. Non, on n’est pas le centre de l’univers, il y a tant de choses qui s’y passent au même moment où je vous parle:

Un chauffeur de Rickshaw qui travaille tard en Inde, le beau-frère de Tono qui vend son poisson aux gens du village en Indonésie, une bergère qui garde ses chèvres dans les Andes, Rei et ses copines qui font des horaires de fou quand elles enseignent à leurs élèves au Japon, les sherpas au Népal qui grimpent la montagne en tongs avec 40 kg sur la tête, la grand-maman qui prépare ses sandwichs banh mi au bord de la route à Ho Chi Minh, des enfants qui vendent des bracelets sur les plages d’Amed à Bali, des cireurs de chaussures qui guettent les godasses sales des randonneurs à Cusco au Pérou, des jeunes cuisiniers souriants qui font le menu del dia tous les jours dans leur petit stand à Medellín, Fernando, un camionneur qui trimbale du sel dans un désert d’altitude au Chili (et qui dépanne la voiture de Yorick et Mandy au milieu de nulle part), une jeune guide fatiguée qui se lève à 5h du matin après une soirée bien arrosée pour guider un tour sur le lac de Skadar au Monténégro, un contrôleur de train peu souriant qui check des passeports en Serbie, mais aussi un couple mexicain qui nourrit des bébés perroquets à la main à Play del Carmen, un couple de Colombiens qui organise une fête d’anniversaire surprise à une petite suissesse de rien du tout, Somit, qui donne des cours du soir gratuits aux enfants déscolarisés de Varanasi en Inde, Jeeth, ce biologiste malaisien, qui donne son temps et son argent pour protéger les tortues marines, ces biologistes de Medellín qui font tout pour préserver les baleines à bosse, des bénévoles de tous horizons qui travaillent main dans la main pour restaurer un récif coralien, une famille qui met sa maison à disposition pour créer un refuge pour animaux abandonnés à Holbox au Mexique, Shushila et son mari qui recueillent les enfants défavorisés dans leur propre famille au Népal…La liste est infinie.

Hoi An, Vietnam

 

Une nature belle et fragile

Au travers de ces presque 20 mois, on a découvert une nature grandiose qui nous en a mis plein la vue ! Etant de grands passionnés d’animaux, on a été servi ! On a quand même croisé un rhinocéros lors d’une balade à vélo dans la jungle du Népal, c’est pour dire!

balade à vélo: une rencontre incroyable

On s’est immergé dans des fonds marins extraordinaires et grâce à cela, on a pu rencontrer des dauphins, des requins, des raies mantas, un dugong, des nudiiiis, des tortues marines, des pingouins, des iguanes marins, des otaries, des poissons et des invertébrés multicolores.

Snorkeling avec les pingouins, Galapagos

Dans les grands espaces d’Amérique du Sud, on a vu des vigognes, des nandus, des lamas, des flamands roses, des vizcachas tout mignons…mais aussi des baleines à bosse sur la côte pacifique!

Lever de soleil magique à 4500 m d’altitude, avec les vigognes, Chili

Et que dire de cette faune rencontrée dans la forêt amazonienne: des dauphins roses, des loutres, des paresseux, des aras magnifiques, une tarentule, des crocodiles et même un anaconda! Quelles rencontres incroyables !

Les loutres d’Amazonie

Les baleines à bosse de la côte pacifique de la Colombie

On a traversé des paysages extraordinaires, allant des montagnes de l’Himalaya au désert d’Inde, en passant par la forêt vierge d’Amazonie, les hauts plateaux désertiques du Chili, les volcans d’Indonésie, la campagne colombienne, et des villes de fou complètement différentes comme Tokyo ou New Dehli !

Col de Lubra et vision d’Himalaya, Népal

Des arbres millénaires gigantesques en Amazonie

Bali, Amed

La nature est belle, on le savait, mais là on a pu le ressentir dans nos tripes. Et c’est là qu’on peut aussi parler de cette catastrophe écologique que nous sommes en train de vivre…Déforestation massive, pollution au plastique absolument PARTOUT (pas une seule région du monde n’est épargnée), exploitation animale et tourisme de masse destructeur. Comment ne pas se sentir responsable?!

Le village de Kualapuan, Malaisie, et son plastique

Plantations de palmiers à huile sur des milliers et des milliers d’hectares – la forêt ici n’existe plus – Bornéo, Malaisie

 

Des absurdités dans les supermarchés japonais

Des déchets à ne plus savoir qu’en faire, Inde

On est quand même les premiers pollueurs au monde, nous, pays industrialisés et habitués à la surconsommation. Et que dire de l’impact des voyageurs comme nous! Je ne vous parlerais pas de ma conscience, avec ce bilan C02 catastrophique lié à notre bonne trentaine de vols pris pendant ce voyage. La prochaine fois, je ferai tout pour éviter autant de transports en avion. C’était une expérience extraordinaire; il fallait absolument que je la fasse une fois dans ma vie tant je l’avais dans mes tripes (et c’est pareil pour Yorick), mais le coût écologique est désastreux. Je ne dis pas que je ne prendrai plus jamais l’avion, mais je compte bien limiter les vols au maximum ces prochaines années. De toute façon maintenant, on rêve de Suisse et d’Europe, donc ça tombe bien! 🙂

On va continuer de vivre avec moins (c’est possible de vivre presque deux ans avec deux pantalons et trois T-Shirts, pourquoi ne pas garder cette philosophie ?) et consommer mieux (Jardin potager power), très peu de viande (et la viande bio du village d’à côté), voilà, c’est notre petite pierre à l’édifice. Cela ne va pas changer la face du monde sans un effort politique et collectif, mais vivre en accord avec ses valeurs, c’est là le vrai sens de la vie.

Le Temps

On a aussi découvert une toute nouvelle vision du Temps. Le Temps est précieux, la vie est courte, et, comme si ça ne suffisait pas, on en a qu’une. Il ne faut pas perdre une minute à vivre une vie qui n’est pas la nôtre ! Il faut oser faire des choses qui nous plaisent, expérimenter, réaliser ses rêves ! (Et ce, pas juste le temps d’un voyage, mais dans sa vie de tous les jours).

D’un autre côté, on a appris que le Temps, il faut aussi l’utiliser… pour arrêter de toujours vouloir l’utiliser. C’est OK de passer des heures à attendre, de laisser son esprit juste vagabonder. Pas besoin d’être productif tout le temps, pas besoin de créer ou de résoudre des choses à chaque seconde. Le Temps n’est pas perdu si on l’utilise pour penser, rêvasser, imaginer. L’ennui, en vrai, n’existe pas ! Ça, c’est une notion qui n’est pas bien acceptée en Suisse, où il faut toujours produire quelque chose, servir à quelque chose, gagner de l’argent, faire tourner l’économie, mettre de côté pour sa retraite dans 40 ans.

C’est pour cette raison que je pense ne plus jamais pouvoir travailler à 100%. Oui, il faut bien faire partie de ce système, mais tout est une question de dosage. La vie est courte, le temps est précieux – bien plus précieux que l’argent. Il faut vivre et profiter chaque jour, chaque heure, chaque seconde de sa vie – on ne sait pas de quoi demain sera fait, et d’ailleurs, laissons demain à demain.

Ce voyage nous a aussi permis de réaliser à quel point on vit une vie de privilégié en Suisse. Tout est propre, calme, on a des gens qui s’occupent de nous quand est malade ou si on perd notre maison, on peut faire des études, avoir du travail et même le choisir, manger à notre faim, avoir de l’eau potable qui sort du robinet, avoir un chez-soi, avoir des magasins et y trouver ce que l’on veut, ne pas avoir peur de se balader le soir dans la rue, faire confiance en son gouvernement, décider en tant que citoyens, et même – attention – s’offrir le luxe ultime de tout quitter pour partir en voyage autour du monde ! Quelle chance on a d’être né dans un tel pays!

C’est la fin d’un voyage mais le début d’un autre

Le voyage est fini…Ou peut-être pas ! On ne laisse pas ce voyage derrière nous, on le prend avec nous ! Ce voyage, c’est nous. On a pu ressentir au fin fond de nous les vraies valeurs qui nous sont chères, et plus jamais on ne pourra revenir en arrière. On va s’en servir pour réinventer notre vie en Suisse, parce que OUI, c’est possible. Il suffit de le vouloir, et de tout faire en sorte pour mener une existence qui nous ressemble et qui n’est pas dictée par un système. Peu importe ce que nous dira la société de la « rentabilité et de la consommation toutes puissantes », on a décroché notre liberté, on ne va pas l’abandonner si facilement !

Une vie plus lente est possible. Moins de travail, moins d’argent, moins de dépenses, moins de possessions matérielles, moins de déplacements, plus d’essentiel, plus de qualité de vie, plus d’humain, plus de nature, plus de bonheur.

« Un temps pour vivre », ce n’est pas simplement le titre de ce blog ni la représentation de ce voyage, mais bien une philosophie de vie sur le long terme que l’on n’est pas prêt d’oublier.

PS: Merci aux quelques lecteurs de ce blog, ça fait plaisir de savoir que vous avez suivi notre aventure! 🙂