Vol scabreux jusqu’à Bahia Solano

Le 17 septembre, nous quittons Medellin, prêts pour partir à l’aventure! Après moult réflexions, on a finalement décidé de zapper la côte Caraïbes ainsi que la ville de Cartagène. C’est sûrement très beau, mais c’est aussi hyper touristique, et ce n’est pas ce que nous recherchons en ce moment.

On décide donc de se diriger sur la côte pacifique, dans le département de “El Chocó”. On aimerait se rendre dans le village de “El Valle”. Il paraît que c’est beaucoup plus sauvage et très peu touristique, et d’ailleurs c’est tellement paumé qu’il n’y a pas de route pour s’y rendre. En effet, c’est un endroit coincé entre l’océan Pacifique et la forêt vierge. On prend donc un tout petit avion au départ de Medellín. Il décolle, et moins d’une heure plus tard, on entame la descente. Au travers de quelques turbulences, l’avion traverse des nuages très denses et très bas, longe la côte, puis remonte soudainement. On apprend alors que la météo est trop mauvaise, et que c’est trop dangereux d’atterrir dans de telles conditions. Du coup, on nous annonce, à notre grande surprise, que l’avion… retourne à Medellín! Qué???

Bon, ben on atterrit donc à notre point de départ. Là commence une longue attente. (Et c’est là qu’on est content d’avoir du temps devant nous, et pas de date de retour!) On attend trois heures en salle d’embarquement, avant de réembarquer et de tenter notre chance une deuxième fois! et celle-ci sera la bonne! (ouf!) Le petit avion finit par atterrir sur l’unique piste du minuscule aéroport de Bahia Solano. Au bord de la piste, un avion cassé nous accueille. On apprendra alors qu’il y a quelques temps, un avion a loupé son atterrissage car le tarmac était trop mouillé. Voilà qui est rassurant! Et pis bon, en parlant de sécurité, je sais pas si parce que c’est du low cost ou quoi, mais dans cet avion, ne comptez pas trouver de gilet de sauvetage en cas d’urgence; il suffit juste d’arracher votre coussin, et le tour est joué!

L’aéroport, c’est une espèce de grange (cf photo ci-dessus). Cela annonce tout de suite la couleur. Il pleut toujours quand on arrive, et d’ailleurs cet endroit est connu pour sa météo capricieuse et sa pluviométrie annuelle qui bat des records! 45 minutes de minibus sur une route en terre défoncée plus tard, nous arrivons dans le petit village de “El Valle”. Et là, c’est le choc! Une route en terre très large, des maisons en bois et toits de tôles le long de l’allée, une immense église en tôle; on se croirait dans un village western! Et bah, ça change de Medellín. Là, on peut dire qu’on est désormais officiellement dans le fin fond du fond de la Colombie!

C’est tellement isolé ici, que c’est à cet endroit que les esclaves africains venaient se cacher dans le passé. Et effet, lors de la colonisation dans les années 1700, les colons européens capturaient des gens en Afrique, les emmenaient en Amérique du Sud et les réduisaient en esclavage. Lorsque certains esclaves arrivaient à s’échapper, et bien beaucoup d’entre eux venaient se réfugier sur la côte pacifique, protégée par la jungle. C’est aussi pour cette raison que dans ce département, les gens sont encore aujourd’hui tous typés africains. C’est ça qui est beau en Colombie; un colombien peut avoir tous les styles de visages et toutes les couleurs de peau!

On prend une chambre dans un hostel, et on soupe un “menu del dia” dans un bouiboui. A voir, on s’apprête à manger tous les jours la même chose, car il n’y a pas trop de variété d’aliments par ici.  Ça sera poulet, poisson, riz et banane plantain pour tout le monde, UN POINT C’EST TOUT.

Observation des baleines à bosse – un rêve d’enfant qui se réalise!

Bon, on doit avouer que l’une des raisons qui nous a fait venir ici, c’est qu’en ce moment, c’est la saison des baleines à bosse. Et comme vous le savez, on est gaga des animaux (oui, “ON”, Yorick aussi!) et une occasion comme celle-ci ne se présente que rarement dans une vie! pis bon, les baleines, c’est un rêve de gosse.

Pour voir les baleines dans de bonnes et éthiques conditions, nous avons choisi l’association “Madre Agua” basée à Bahia Solano. On est donc parti sur un mini bateau avec Esteban, un biologiste marin de  Medellin, et Carolina, une touriste également de Medellin, pour 6 heures en mer! On va faire un tour dit “scientifique”. Le concept, c’est de suivre Esteban dans sa prise de données, car il fait une recherche sur les baleines à bosse. On va donc pouvoir lui poser plein de questions et apprendre un millier de choses. Le plus important, c’est que l’argent que l’on paye pour ce tour sert à financer la recherche! C’est donc un bon moyen d’aller observer les baleines sans participer à un mauvais tourisme. Au moins, on ne les dérange pas pour rien 😉

La recherche d’Esteban porte sur plusieurs aspects: compter les individus, ratisser la baie en suivant un pattern GPS bien précis et noter les endroits exacts où les baleines sont vues. Il note les comportements qu’elles ont, la température de l’eau à ces endroits précis, et identifie chaque individu. Pour procéder à ce dernier point, Esteban doit prendre en photo le dessous de la queue ainsi que la nageoire dorsale de chaque animal. Les taches et les cicatrices qu’elles ont sont uniques. Ce sont un peu leur carte d’identité, leur empreinte digitale. Toutes ces données serviront à étudier cette population précise de baleines et seront partagées à la communauté scientifique internationale au travers d’un registre en ligne. Cela permet d’étudier leur migration à plus grande échelle, quand on remarque par exemple qu’un même individu a été observé en Colombie, puis en Antarctique quelques mois plus tard.

Nous partons donc en quête de baleines à bosse, et, très vite, Esteban et le capitaine en repèrent au loin. Avec leurs yeux de lynx, ils sont capables de nous dire combien il y en a, s’il y a des bébés, des mâles, des femelles, alors que nous, et bien, on ne voit absolument rien sur l’horizon (des pros, on vous dit!). Le bateau s’approche, et on voit alors les gouttelettes d’eau qui sont éjectées dans les airs quand une baleine vient à la surface pour respirer. Quelle émotion d’en voir enfin! On voit son gros dos noir sortir à la surface pendant quelques secondes. Puis, elle replonge pour continuer son chemin sous l’eau. Là, Esteban met en route son chronomètre. Quelques minutes plus tard, elle ressort. Là, Esteban nous dit: “5 minutes”. En général, un même individu a ses petites habitudes et a tendances à faire des apnées qui durent le même nombre de minutes. Effectivement, celle-là ressort exactement 5 minutes plus tard. Esteban saute alors sur son appareil photo, et quand elle replonge, elle sort son immense queue! Qu’est-ce que c’est majestueux! Pour la petite info, il faut savoir qu’une baleine à bosse peut rester jusqu’à 50 minutes sous l’eau!

Une fois la queue et les deux flancs de la baleines pris en photos, on s’en va. Pas la peine de l’embêter plus. On doit en trouver un maximum d’autres. On repart, suivant les lignes du GPS. On en reverra très vite une autre, puis un petit groupe. Même stratégie, on s’en approche, et Esteban les photographie. Pour chaque individu, il remplit aussi une fiche d’informations sur leur comportement, leur position et la température de l’eau. Cette dernière donnée est importante, car cette population précise de baleines à bosse vient ici chaque année pour se reproduire ou mettre bas dans les eaux chaudes. (La température de l’eau est comprise entre 28 et 30 degrés, pas si mal pour le Pacifique!) Cette température laisse plus de chances de survie aux nouveaux-nés.

Accoucher proche des côtes, ça les protège aussi de leur prédateur naturel: les orques, qui aiment bien manger les bébés baleines tout pleins de lait! En parlant de ce lait, il est constitué de 70% de matière grasse. Et ouais, c’est riche! Le “petit” bébé peut prendre jusqu’à 70 kg par jour! (Lait de baleine non conseillé pour un régime).

Les baleines arrivent dans les eaux chaudes aux mois de mai/juin. Puis, à la fin du mois de septembre, une fois que les bébés seront nés et auront un peu grandi, les baleines entameront une longue migration de milliers de kilomètres jusque dans les eaux glaciales de l’Antarctique. A ce moment seulement, elles recommenceront à se nourrir. Donc, en gros, pendant plusieurs mois, de l’aller Antarctique-Colombie, jusqu’au retour Colombie-Antarctique, les adultes ont le ventre vide et ne s’alimentent plus. Ils comptent sur leur réserve de graisse emmagasinée les mois précédant. ( Ça par contre, c’est un régime drastique!)

Puis, au loin, on finit par apercevoir un grand “splash!” Ouahhhh, c’est une baleine qui saute! On se dirige dans cette direction. C’est en fait un (gros) bébé qui s’amuse à la surface. Esteban remarque qu’il est avec sa mère, et qu’il y a, à côté, un gros mâle qui aimerait bien s’accoupler avec la femelle. C’est son “escorte” comme il l’appelle. Ceci n’étant pas du goût du bébé jaloux, ce dernier mène un sacrée bal pour attirer l’attention de sa maman. A notre plus grand bonheur!

Il saute, tappe avec sa queue, essaye de s’interposer entre sa mère et l’intrus. A un moment, il sort même sa tête de l’eau et nous regarde! Un adulte fait pareil. C’est énorme! Quelle chance on a d’assister à un tel spectacle. On est comme des enfants, des étoiles plein les yeux. Ce que l’escorte ne sait pas, c’est qu’il va se prendre un râteau! Et ouais, cette femelle ne s’accouplera une nouvelle fois que dans 3 ans, quand son baleineau sera assez grand.

Au bout d’un moment, on les laisse et on continue notre recherche. Là, Esteban met un hydrophone dans l’eau et allume un petit haut-parleur. C’est à ce moment que la magie opère. On entend une baleine chanter, en live! C’est tout simplement un moment incroyable d’intensité. Je ne sais pas comment décrire ça, mais j’en ai les larmes aux yeux.

Pour un petit aperçu de ce qu’on a entendu, voilà un extrait d’un chant, enregistré par Madre Agua il y a quelques semaines (et ils ont eu la gentillesse de nous l’envoyer!) :

Les “chanteurs”, ce ne sont que les mâles. On ne connaît encore que très peu de choses sur ces chants. Ils servent probablement à se regrouper entre mâles, pour ensuite s’affronter dans une série de sauts hyper violents, histoire d’élire qui est le plus fort, et qui a le droit de s’accoupler avec une femelle.

Les chants, c’est aussi un indicateur sans faille qui démontre la grande intelligence et la façon incroyable de sociabiliser de ces animaux. Chaque groupe de baleines de la même région chante la même suite de “notes”. Les mâles se l’apprennent au fur-et-à-mesure qu’ils grandissent (ce n’est pas inné). Les chants sont différents d’une région du monde à l’autre. Pour preuve, un jour, une baleine australienne est arrivée ici par hasard. Elle a commencé à chanter le chant de son groupe australien. Au fil des semaines, les baleines colombiennes ont commencé à reproduire ce son, et ont finalement intégré quelques phrases de la chanson australienne dans la leur. C’est donc la preuve que ce langage s’enseigne et s’apprend entre les individus, et évolue au fil du temps. Les humains ne sont pas les seuls à avoir une culture! Cette histoire est dingue!!!

On termine cette journée, après avoir vu une dizaine de baleines. Esteban a répondu avec plaisir à toutes nos questions, on a adoré! On a tellement adoré, que l’ont rebookera une demi journée avec eux dans quelques jours 😉 (On est là qu’une fois, il faut en profiter!) Cette fois, on sera avec un autre biologiste, Juan José, tout aussi bonnard. Par contre, on croisera quelques autres bateaux de tourisme, qui, eux, n’auront pas DU TOUT le comportement adéquat. Ils voudront s’approcher toujours plus pour la meilleure photo, allant jusqu’à passer sur le dos de la baleine avec le bateau!!! Notre guide leur a passé un savon. Aussi, ces tours se retrouveront à poursuivre un même animal à plusieurs bateaux pendant beaucoup trop longtemps, le faisant fuir.

Ca me tenait à cœur de ne pas prendre n’importe quel tour organisé “whale watching”. Ici, il n’y a pas de loi gouvernementale qui régit l’observation des baleines. Du coup, chaque petit pêcheur profite de l’attrait touristique de la chose et organise ses propres tours, à sa manière. Le problème, c’est que beaucoup de ces bateaux de tourisme traditionnel ne respectent pas les baleines. Ils s’en approchent trop prêt, allant même jusqu’à couper et blesser les baleines avec les hélices (!!!). Ils s’en fichent aussi du nombre de bateaux qui encerclent un même animal. Tant que ça rapporte de l’argent… Tout cela engendre un stress considérable à ces baleines et à leurs baleineaux. Du coup, elles finissent par plonger plus longtemps et plus profondément pour fuir ces bateaux gênants. Tout ça, et bien c’est de l’énergie gaspillée, et quand on sait qu’elles allaitent un nouveau-né, et qu’elles ont encore des milliers de kilomètres à faire pendant plusieurs mois pour rejoindre les eaux glacées de l’Antarctique le ventre vide, et bien leur énergie est précieuse. Il faut respecter ces animaux majestueux, si précieux pour la biodiversité!

Si vous aussi, un jour, dans n’importe quel pays que ce soit, vous désirez observer des baleines ou autre animal, renseignez-vous et ne prenez pas n’importe quel organisme. Faites vos recherches en avance, même si ça prend un peu de temps. Le tourisme néfaste, il est partout et parfois bien caché, sans même qu’on ne s’en rende compte. (Tiens, par exemple, ici, tous les tours opérateurs s’appellent “eco-tourisme”…c’est bien joli et bien vendeur, mais pour la plupart, c’est juste un nom et il n’y a rien d’éco derrière).

Une journée dans la jungle

Un jour, toujours avec la même association, on décide de faire une randonnée dans la jungle avec un guide. On part donc avec Papito, hyper bonnard, qui connaît la forêt comme sa poche, et Juan José, biologiste de Madre Agua. La région de “El Choco”, c’est l’endroit où il y a la plus grande biodiversité DU MONDE! (avec la mer et la forêt primaire qui se rejoignent). On commence donc notre randonnée, il fait grand beau. On grimpe, cette partie de forêt se trouve sur une pente. Par terre, c’est une sorte d’argile humide, on s’en met plein les pieds. Il fait très chaud, et le taux d’humidité ambiant est monstrueux. On est très vite en nage, et en plus on porte des habits longs (il parait qu’il y a la malaria ici…) On arrive d’abord vers une sorte de clairière avant de rentrer dans la “selva”, comme ils l’appellent ici.

C’est tout de suite plus sombre. La végétation est vraiment hyper dense. Les arbres sont immenses, et la diversité de plantes est incroyable: Fougères, palmiers, lianes, lichens, et plein de fleurs tropicales.

Papito nous montre plein d’insectes, dont de bonnes grosses araignées et une “petite” tarentule. Elles se cachent sous les troncs en décomposition. Je ne suis pas phobique des araignées, mais c’est vrai que je préfère les voir ici que dans mon lit!

Enfin, on tombe sur les fameuses “ranas”, les toutes petites et magnifiques grenouilles noires et oranges. Elles sont tellement colorées, c’est dingue comme la nature peut créer des créatures si magnifiques. Certaines de ces ranas, les jaunes, sont très toxiques. Leur peau est d’ailleurs couverte du poison le plus mortel du règne animal!

On voit aussi un petit colibri, venu nous inspecter quelques secondes, avant de disparaître tel un présage mystique. Selon Papito, ça porte chance, les colibris! On peut observer aussi un immense papillon bleu turquoise, des fourmis géantes (dont la morsure peut être très dangereuse), un essaim de guêpes elles aussi très dangereuses (décidément, ya tout qui est dangereux ici ou quoi?), des chaînes de fourmis rouges qui déplacent des gros morceaux de feuilles jusque dans leur fourmilière.

On croise aussi le chemin d’un adorable petit serpent vert avec ces yeux globuleux! Quelle bouille, on dirait un personnage de pixar!

On croisera aussi la route de plusieurs militaires (moins choux, ça). Il y a une caserne pas loin. On a quand même remarqué qu’en Colombie, il y a l’armée et la police partout, et ils sont armés jusqu’aux dents! On se souvient d’ailleurs qu’il y avait toujours un mec avec son grrrrrooooos fusil à pompe qui gardait le petit marché de Medellin. (Sait-on jamais, si quelqu’un fait un braquage de mandarines…)

A ce qu’il parait, la région où nous nous trouvons actuellement était pas mal fréquentée par les FARC, groupement armé de guérilleros. Tout ce passé assez tendu se fait encore ressentir parfois, mais pour l’instant, il n’y a plus rien à signaler!

On papote beaucoup avec Juan José, qui parle aussi anglais (très pratique, car il nous aide à traduire quand on ne comprend pas trop l’espagnol rapide de Papito!) Il est émerveillé par les connaissances de Papito, apprises sur le terrain; il les compare avec les siennes, apprises à l’université! Il est super intéressant, et il est en train d’apprendre l’allemand avec duo lingo (quelle idée! 😉 ). La journée est épuisante, mais magique! C’est un sentiment incroyable que d’être au cœur de la forêt primaire. Tout ce vert, toute cette vie, toute cette nature à l’état brut!

Puis, on redescend et on termine cette journée par une baignade dans une magnifique cascade, incrustée dans une végétation luxuriante. Papito fait le mariole et plonge depuis les rochers, avec ses bottes en caoutchouc aux pieds! On rentre à Bahia Solano, et on mange un menu del dia avec Juan José.

La côte sauvage de El Chocó

Un après-midi, avec quelques gens rencontrés à l’hostel, on décide de s’improviser une randonnée en longeant la côte. On remplit nos sacs de “papas rellenas”, sorte de boule cuite dans l’huile (faite de purée de patates avec de l’œuf dur et du poulet) et c’est parti! On part à marée basse. On a de la chance, il fait beau! (Ce qui est assez rare par ici.) On marche alors sur une superbe plage de sable noir. Elle est vierge, il n’y a personne hormis un ou deux pêcheurs sur leur barque en bois. A notre gauche, l’océan Pacifique. A notre droite, la jungle. Quel décor incroyable!

A plusieurs reprises, on doit grimper sur des gros rochers noirs. Des cascades jaillissent de la végétation et se jettent dans la mer. Souvent, de gros escadrons de dizaines et de dizaines de pélicans passent juste au-dessus de nos têtes. Ces paysages sont bruts, vierges, sauvages. Il règne ici une atmosphère incroyable.

Puis, on longe une rivière qui entre dans la jungle. Là, on trouve une cascade et on s’y baigne. On retourne ensuite sur la plage, et, à notre grande surprise…On aperçoit une baleine qui saute au loin! C’est vraiment incroyable! En fait, si on observe bien, des baleines, on en voit souvent depuis la plage. Il suffit de repérer leur jet sur l’horizon. Après 1h30 de marche et de crapahutage sur les rochers, on arrive enfin à Playa Larga.

On se baigne dans les 29 degrés de l’océan, mais on ne fait pas long. En effet, la marée est en train de remonter, et on doit se dépêcher de faire demi tour si on ne veut pas rester coincé sur un rocher, entre une forêt trop dense et des vagues trop grandes. D’ailleurs, pendant la rentrée, on devra se mouiller et nager quelques mètres, l’eau ayant déjà inondé un petit bras de mer qui entre dans la forêt. Les sacs à dos sur la tête, c’est parti! (RIP mes habits et mes chaussures qui finiront trempés).

On arrive à l’hostel avant la nuit. Là, on s’incruste dans un cours de cuisine. Au menu, le ceviche! Il s’agit de tartare de thon, baigné dans du jus de citron, agrémenté d’herbes fraîches et de quelques légumes coupés fins. Miam! D’habitude, on ne mange plus de thon mais là, c’est pas de la pêche industrielle aux grands chalutiers! C’est un petit pêcheur dans une petite barque qui pêche seulement quelques poissons à la fois, qu’il vend ensuite à des particuliers.Rien de trop scandaleux pour l’environnement donc. Et pis bon, c’est pas tous les jours qu’on peut manger du thon aussi frais!

Le cours est bonnard. Ana, la chef, est cool, et le repas final est très bon!

Le soir, on fait la nouba sur le roof top. Deux gars viennent faire un jam de rap improvisé, puis c’est salsa et musique latinooooo! Je goûte l’alcool local fait à base de canne-à-sucre, le “viche”. On fait la fête ce soir, parce que de toute façon la musique ne s’arrêtera pas de si tôt, donc impossible de dormir.

On restera une petite dizaine de jours dans cette région magnifique. Le matin, on ira boire le café dans un bouiboui sur une table en plastique qui donne sur la rue. Là, on croise des gens atypiques, dont ce vieux rôti (inerte dès le matin) qui vient nous baragouiner des trucs qu’on ne comprend pas. Par contre, on comprend qu’il kiffe notre casquette “Atletico National”, le club de foot colombien que tout le monde adore ici.

On se fera des après-midis entiers à la plage, sautant dans les vagues ou chillant dans les petites gouilles chauffées par le soleil, créées par la marée descendante. Quelle bonne vibe il règne ici! Comme partout, il y a beaucoup de chiens errants. Ils nous suivent lors de nos balades, et deviennent nos potes! (Bon, on vous cachera le fait qu’on a même acheté des saucisses en boîte pour un chien tout gentil et beaucoup trop maigre, qui nous a fendu le cœur…)

Un soir, on assiste à un coucher de soleil merveilleux. Les reflets sur le sable mouillé de la marée basse sont juste exceptionnels.

On profitera aussi de la terrasse en bois de notre 2ème hostel, calme, qui donne sur la mer. (Oui, on a décidé de prolonger quelques jours de plus). Tous les matins, au petit déj, on mange en compagnie… de geckos qui ne manquent pas de culot! (je savais pas qu’ils aimaient la confiture!) Mais ils sont tellement choux qu’on partage volontiers avec eux 😉 .

Une fois, depuis la terrasse, on voit (encore) une baleine au loin! C’est pas partout qu’on peut avoir des petit déj aussi dingues.

El Chocó, ce n’est pas une destination très prisée des touristes, de par son isolement et sa mauvaise réputation de “repère de FARC”. Et pourtant. Cet endroit est pour nous un coup de cœur. C’est la nature à l’état pur, pleine de couleurs et de beauté, abritant des créatures merveilleuses, de la plus minuscule à la plus gigantesque.

Le village de El Valle est lui aussi très spécial. Tout est très simple, très rudimentaire. A première vue, sa pauvreté choque. Une grande rue boueuse, des maisons en tôle, peu de lumière le soir. Il y a très peu de restaurants ou de magasins et les produits qu’on y trouve sont peu variés. Ca semble peu accueillant, avec un choc culturel flagrant. Cependant, quand on y reste un peu plus longtemps, on découvre un endroit animé, où la musique retentit de partout. Les gens du village sont presque toujours dehors à papoter (quand il ne pleut pas), ou à boire des jus sur des tables en plastique. Des chants retentissent de l’église, des enfants jouent dans la rue. Il règne ici une bonne vibe, et on espère que cette authenticité ne se perdra jamais.