La ville de Cusco

Nous quittons cette chouette ville de Huaraz, direction le Sud du Pérou en la ville de Cusco. Pour ce faire, on prend un bus de nuit pendant sept heures jusqu’à Lima. Puis, on enchaîne dans la même journée un nouveau 24 heures de bus jusqu’à Cusco. Un longgggg trajet! (L’écolo-gaucho que je suis a préféré faire 31 heures de bus plutôt que de prendre un vol interne d’une heure. Mon bilan CO2 actuel pèse déjà beaucoup trop sur ma conscience… Je vous passe les détails de l’argumentation que j’ai dû avoir avec Yorick…)

Arrivé à Cusco, on prend possession de notre chambre dans un hostel. On restera quelques jours ici, les deux premiers pour se reposer un peu, les suivants pour se balader et découvrir cette ville. Premier constat: c’est un véritable nid à gringos! (Et spécialement le centre historique). Cela faisait bien longtemps que l’on était pas venu dans un endroit aussi touristique. A la “plaza de arma”, il y a plus de touristes que de locaux. On ne peut pas faire deux mètres sans se faire aborder par un “massage!” “Machu Picchu?!” “Restaurant?” “Limpiar los zapatos?” (Et d’ailleurs, certains cireurs de chaussures ne se gênent pas en me disant que mes chaussures sont dégueulasses. Bon, ils ont raison.) Tout ce tourisme de masse est bien désagréable, on n’a plus l’habitude.

D’un autre côté, on se fait plaisir en testant des bons restaurants et en buvant de délicieux cappuccinos trop chers. Aussi, on retrouve avec joie nos copains du trek Huayhuash autour d’un verre.

La ville en elle-même est superbe; il faut dire ce qui est. La plaza de arma est magnifique, avec son parc pavé, ses vieilles cathédrales, ses bâtiments anciens et leurs arches et balcons en bois. Tout est charmant. On apprécie aussi les rues piétonnes! Et puis, il y a mille boutiques de souvenirs et “artisanat” local. A ce propos, ce sont les mêmes objets absolument partout, donc rien de très local finalement, mais on se prend au jeu à jouer les touristes.

On s’éloigne aussi un peu du centre où on retrouve des vrais marchés locaux. Sur les étalages, on trouve des fruits, des légumes et des graines de toutes sortes, comme le quinoa. D’ailleurs, le Pérou en est l’un des premiers pays producteurs et exportateurs au monde! Il y a aussi une grande variété de grains de maïs, allant du maïs coloré, au maïs noir, en passant par une sorte de maïs dont les grains sont gigantesques. Et puis, il y a le marché de viande où on trouve des têtes de porcs dans des bidons, des amoncellement de museaux de vaches, des cervelles joliment étalées…C’est ça, la réalité de la viande. Au moins, ici, ils mangent absolument toutes les parties!

Ces quelques jours à Cusco représentent également pour nous une période de doutes et de remise en question… On pourrait aussi parler d’une petite baisse de motivation peut-être… Un peu de fatigue du voyage sans doute… Et puis, il y a des changements de plans pour la suite du voyage. On voulait bientôt aller en Bolivie, mais la situation politique actuelle rend le pays beaucoup trop instable. Il y a des grosses manifestations assez violentes dans les grandes villes, les frontières sont gentiment en train de fermer, et surtout le réseau de bus et de transports ne fonctionne plus bien. On a donc pas trop envie de se retrouver coincé là au milieu…Bon, ben on verra bien dans quelques jours comment la situation évolue! Et puis, dans un futur plus lointain, il y a les Galapagos. On était en train de regarder pour éventuellement faire une croisière plongée dans quelques semaines; mais les prix sont tellement indécents qu’on décide de renoncer à la chose…A voir si on trouve des options moins chères.

Direction le Machu Picchu

Tout ce tourisme de masse nous écœure un peu, et vient alors la question du Machu Picchu…A-t-on vraiment envie de se retrouver parmi les 4000 personnes quotidiennes qui visitent le site? Il parait que c’est l’endroit le plus visité d’Amérique du Sud! D’un autre côté, on est tout prêt, c’est l’une des sept merveilles du monde, et il paraît que c’est vraiment beau! Bon, ben on serait con de pas le faire maintenant qu’on est là.

Mais comment le visiter? Il existe plusieurs options. Le trek du chemin des Incas a l’air sympa, mais il faut le réserver plusieurs mois à l’avance (chose impossible vu notre mode de voyage à l’arrache). Il y a aussi le fameux trek du Salcantay; option que l’on envisage. Mais voilà; notre pote John en revient et nous donne quelques informations. Dû à la saison des pluies, il y a en du mauvais temps en ce moment. De plus, le sentier est vraiment très, très touristique. Enfin, il nous dit que le trek de Huayhuash était bien plus beau. Et puis bon, on doit admettre qu’en sortant de deux semaines de randonnée, on a vraiment la flemme de se lancer dans un nouveau trek. On décide donc de ne pas en faire.

Vient alors l’option “train panoramique”, qui est complètement hors de prix. A force d’éliminer les différentes possibilités, il n’en reste plus qu’une. On se rendra donc au Machu Picchu de la manière la plus simple et la moins chère; en colectivo, avec la compagnie “sakura”.

Le 17 novembre, on embarque dans un minibus pendant six heures de temps. Le chemin est spectaculaire, il longe les montagnes à flanc de coteaux. On se retrouve au-dessus de vallées verdoyantes immenses! C’est parfois très escarpé, âmes sensibles s’abstenir. On arrive à Santa Theresa, petit village peu touristique. On décide de faire une étape ici et de s’arrêter pour la nuit.

On trouve un hôtel pas trop mal, où on joue avec un petit chiot brise-fer (et pisseur). En fin de journée, on en profite pour aller faire un tour aux sources thermales de la ville. Ça coûte rien, et c’est bonnard! Par contre, en sortant de ces bassins en plein air, il ne nous faut pas plus de 30 secondes pour nous faire littéralement bouffer par des “sandfly”, des moucherons qui piquent comme des moustiques. C’est un vrai carnage!

Le lendemain, avec des jambes qui grattent, on poursuit notre chemin direction la ville de “Aguas Calientes”, station touristique qui sert de base pour se rendre au Machu Picchu. Pour ce faire, on prend un “taxi” (enfin, c’est un villageois qui nous propose de nous amener avec sa voiture toute pourrie) jusqu’à la fin de la route, à la station “Hydroelectrica”. On ne peut pas aller plus loin, car il n’y a pas de route qui mène à Aguas Calientes. Il y a juste un chemin de fer!

Le train est littéralement hors de prix. (Selon une légende urbaine, c’est l’un des trains les plus chers du monde au kilomètre!) On fera le reste du trajet à pied, comme énormément de gens le font. Il faut compter environ trois heures de randonnée. On marche alors le long des rails, dans une jungle verdoyante, au milieu d’une vallée très étroite. Autour de nous, il y a de grandes montagnes taillées à pic. A un moment donné, on voit même quelques murs du Machu Picchu, perchés sur l’une d’entre elles! On se prend un peu de pluie sur le trajet, puis on arrive à destination dans l’après-midi.

Aguas Calientes est un village qui ressemble étrangement…à une station de ski de chez nous! C’est un endroit 100% construit pour les touristes qui visitent le Machu Picchu. On y trouve une quantité astronomique d’hôtels, de restaurants et de boutiques. Il y a de toutes les gammes, allant de la plus basique à la plus luxueuse. Là, on trouve un hôtel pas trop cher, et on réserve nos billets pour le Machu Picchu. Nous partirons demain matin, entrée à 6h00, et cela nous coûte environ 50 CHF par personne.

Découverte du Machu Picchu, la cité dans les nuages

L’entrée du Machu Picchu se trouve à environ 2 heures 30 à pied de montée. Depuis hier, Yorick est malade. On a donc décidé de prendre le bus navette pour atteindre le sommet. On aura déjà assez de marche à faire aujourd’hui! On ajoute donc 12 CHF par personne au budget du jour.

Réveil à 4h00. On se retrouve dans la queue pour prendre le bus à 4h30. Il y a déjà une belle file d’attente! (Je n’ose même pas imaginer comment cela doit être en Juin/Juillet/Août, la haute saison.) On embarque dans le 2ème bus. A 6h00, on se retrouve devant l’entrée. On suit le chemin, et très vite on aperçoit les premières ruines sur le côté droit de la cité inca. Elles sont baignées dans la brume, avec la montagne de Wayna Picchu juste derrière.

Notre première impression?! “Wouah!” Bon, ok, on a bien fait de venir. On grimpe alors un peu plus jusqu’à apercevoir la cité en entier. C’est vraiment grand, et vraiment magnifique! Le brouillard est de la partie, et très vite la ville entière est plongée dans les nuages. Mais, pas de panique; les nuages bougent vite et tout à coup tout se découvre! Il suffit d’être patient. Certains se plaindront qu’il n’y a pas un beau ciel bleu et un soleil flamboyant; et bien nous on trouve que le mélange de ces vieilles ruines et de la brume, et bien ça donne vraiment une atmosphère mystique à l’endroit.

Mais je crois que ce qu’il y a de plus beau, ce sont les montagnes abruptes qui nous entourent. Machu Picchu est perché (c’est vraiment le mot) sur une montagne, qui fait partie d’un réseau de pics recouverts de végétation. Avec les lambeaux de nuages qui flottent tout autour, on dirait vraiment que cette cité est en suspension dans le ciel! (ça donne un petit côté “Avatar” tout ça).

Après une véritable séance photos, on descend dans la cité pour y visiter les ruelles, les maisons et les temples en ruine. On a décidé de ne pas prendre de guide (tout est déjà tellement cher) mais on s’est gavé de reportages sur les Incas ces derniers jours, et on a notre guide en ligne sur notre téléphone. On peut donc aller à notre rythme, parce qu’il faut le savoir, on doit suivre un chemin bien précis et on ne peut pas revenir en arrière. (Et ça se comprend, vu le monde qu’il y a!)

Un peu d’histoire…

Bon, pis c’est quoi ce Machu Picchu alors?
Découverte en 1922, cette cité est perchée à 2’438 mètres d’altitude et se situe entre les Andes et la forêt amazonienne. Elle a été créée par la civilisation inca au XVème siècle. Dans cette ville, il y a deux parties. Une première, agricole. Des champs en terrasses ont été fabriqués pour y planter des patates, du maïs et autres légumes, ceci afin de nourrir les habitants de la ville. De la terre arable a même été importée spécialement pour l’occasion! (Je me demande bien comment ils ont monté tout ça.) Il y a aussi une zone urbaine, où on trouve les habitations. Elle est divisée en différents quartiers comme le quartier sacré, où on trouve les temples. C’est ici que vivaient les nobles et les religieux. Il y a aussi un quartier populaire.

La zone sacrée est dédiée à Inti, le dieu du soleil, dieu principal des Incas. Il y a d’ailleurs un cadran solaire et astronomique, le intihuatana. Il s’aligne parfaitement avec le soleil lors des equinox. On trouve aussi des autels pour y faire des sacrifices humains (bonnards, les Incas!). Les archéologues ont retrouvé pas mal de squelettes à cet endroit.

Comme les Incas ne possédaient aucune forme d’écriture, les scientifiques n’ont que très peu d’informations sur cette cité. Certains pensent qu’elle aurait pu être la demeure de l’empereur inca Pachacutec, d’autres pensent que c’est surtout un sanctuaire religieux. Cette cité a été abandonnée avant la fin de sa construction, alors que l’Empire inca était sur le déclin. Des cités comme celle-ci, les Incas en ont construites tout plein! D’ailleurs, beaucoup d’entres elles n’ont surement pas encore été découvertes.

Et donc, les Incas, en gros, c’est quoi?

Il s’agit d’une civilisation des Andes, dont l’Empire débute au XIIIème siècle à Cusco. (Merci “C’est pas sorcier”). En à peine 100 ans, les Incas, qui n’étaient au départ qu’une simple petite tribu parmi d’autres, ont créé un Empire gigantesque. En un siècle, les Incas ont conquis un territoire qui allait de la Colombie jusqu’au Chili, tout le long de la côte pacifique et de la cordillère des Andes. La réussite de cette expansion ultra rapide venait de la politique d’intégration des populations indigènes conquises. Les Incas ont créé une sorte de confédération de toutes les tribus locales, gérant à distance les provinces qu’ils gouvernaient en nommant des gouverneurs.

(Sur la photo ci-dessus, une sculpture récente représentant l’Empire inca, à Aguas Calientes).

Les Incas sont aussi reconnus pour leur art de la maçonnerie. Ils avaient une technique bien particulière pour créer des murs en entassant des gros blocs sculptés. Pour certaines constructions, ils n’utilisaient même pas de ciment; la pierre était si parfaitement taillée que tout s’imbriquait parfaitement. D’ailleurs, il y a encore beaucoup de murs qui témoignent de cet art dans les rues de Cusco, qui était la capitale de l’Empire inca! (La photo ci-dessous, prise dans une ruelle à Cusco, témoignent bien de cette incroyable précision.)

Le court règne de cet Empire s’est terminé de manière assez violente. En 1532, 180 conquistadors espagnols ont débarqué en Amérique du Sud. En quelques mois, ils sont venus à bout de milliers de soldats incas. Ils ont pillé les cités et massacré les populations (on parle d’un véritable génocide). Comment ont-ils fait? Et bien ils avaient avec eux des armures, des chevaux et des armes à feu. La victoire est facile, contre les jets de pierre et les haches incas… Les Espagnols ont aussi trouvé quelques alliés dans certaines tribus locales qui contestaient le pouvoir de l’Empire inca. Enfin, les Européens ont apporté avec eux des maladies qui ont fait mourir la population indigène. En effet, le système immunitaire des gens n’avait encore jamais rencontré de telles maladies.

C’est ainsi que les Espagnols ont conquis cette partie de l’Amérique du Sud. (Pas très glorieux, hein?) Ils ont ensuite imposé leur loi, leur langue, leur culture, et leur religion le Christianisme (comme toute colonisation qui se respecte). A Cusco, les Espagnols ont fait détruire la majorité des constructions incas, ou alors ils ont reconstruit leurs propres bâtiments par-dessus (comme des cathédrales ou des couvents par exemple). Ce mélange d’architecture est d’ailleurs bien visible par endroits.

En ce qui concerne le Machu Picchu, ce dernier n’avait jamais été découvert par les conquistadors. C’est pour cette raison que cette cité est dans un très bon état de conservation.

On passe quatre heures à déambuler dans ces ruines. Les vues aériennes avec les montagnes tout autour sont vraiment superbes. On en prend plein les yeux! Niveau quantité de touristes, oui, il y a du monde (cf photo ci-dessous). Mais on ne s’est pas senti vraiment “dérangé” par le foule. Peut-être que c’est parce que nous sommes en basse saison. En tout cas, on est content d’être venu visiter cette merveille du monde qui porte bien son nom.

Puis, on redescend à pied jusqu’aux rails de chemin de fer. La descente est très raide et dure environ quarante minutes. On entame alors les deux heures et demie de marche jusqu’à Hydroelectrica. Là, on se fait rincer en ordre par la pluie! Il est 14 heures lorsqu’on arrive. On saute dans un colectivo, et dès qu’il est plein, il nous ramène à Cusco six heures de trajet plus tard. On est crevé, mais heureux!

 

Le lac Titicaca

Après Cusco, on décide de poursuivre notre chemin à l’extrême Sud du Pérou, direction la ville de Puno, au bord du fameux lac Titicaca. On prend un bus pendant sept heures. Le paysage pendant le trajet est magnifique. On traverse des hauts plateaux qui dépassent les 4’000 mètres d’altitude. Il y a des étendues désertiques d’herbes sèches et de grandes collines dorées. Le soleil brille, c’est superbe. On arrive à Puno, qui est une ville bof bof. Le seul avantage, c’est qu’elle est assez touristique et du coup il y a quelques bons restaurants européens. (Vous aurez compris qu’on n’est pas hyper fan de la nourriture locale par ici…). Du coup, on en profite pour se faire plaisir dans un restaurant presque gastronomique. On fait péter le budget en prenant le menu complet à…. 25 CHF par personne! (Ouawwww on est des malades.) “La table del Inca”, c’est un restaurant qui revisite les spécialités péruviennes à la française. (C’est donc un bon compromis.) L’entrée, c’est un ceviche (tartare) de truite à l’avocat, sésame, noix et onion. C’est un pure délice. Puis, lomo saltado (bœuf) et enfin une crème brûlée et moelleux au chocolat. Yorick, le téméraire, profite de l’occasion pour goûter…le fameux cuy! (donc du cochon d’Inde) Verdict? C’est pas mauvais. ça ressemble à du poulet en plus gras. Pas mauvais mais pas ouf.

On pense quand même que ce restaurant était le meilleur endroit pour goûter cette “spécialité locale”. Le cochon d’Inde est bien mieux cuisiné ici que ces horribles cuy à moitié cramés et rances qu’on trouve dans la rue.

Ça, c’était pour la ville de Puno. Nous, et bien on aimerait visiter le lac Titicaca. Il s’agit “du plus haut lac navigable du monde” (Ils aiment bien les records du monde ici. Bon, c’est toujours assez facile de détenir un record du monde en ajoutant un adjectif dans la description…) Bon, ce lac mesure tout de même 8 562 km2 et se trouve à une altitude de 3’800 mètres. Il fait frontière avec la Bolivie. L’attraction locale, c’est l’île flottante de Uros, créée par l’homme. Oui mais. On s’est un peu renseigné, et il parait que les communautés n’habitent plus du tout dessus. Elles y viennent juste à la journée pour vendre des bibelots aux touristes fraîchement débarqués de leur tour organisé. Visiter une boutique de souvenirs géante, c’est pas trop notre dada. On aimerait plutôt découvrir un aspect un peu plus authentique des habitants d’ici.

Du coup, on choisit de se rendre sur l’une des (vraies) îles du lac, l’île d’Amantani! Pour ce faire, on prend un colectivo jusqu’à la péninsule de Capachica, puis on prend un bateau local pendant environ une heure. Sur l’île, presque chaque famille fait aussi guest house. Il y a donc l’embarra du choix pour dormir chez l’habitant.

D’ailleurs, à peine débarqué sur l’île, il y a déjà deux familles qui proposent de nous héberger. Ici, ils n’ont pas l’habitude que les touristes viennent “en indépendant” hors tour organisé. Nous, on choisit de rester deux nuits. On est accueilli par une grand-maman souriante en habits traditionnels, Fernanda, et ses fils qui ont une trentaine d’années. L’accueil est ultra chaleureux! On découvre notre chambre avec balcon qui nous offre une vue incroyable sur le lac Titicaca. L’endroit est super paisible. Ici, pas d’électricité (hormis un petit panneau solaire) ni d’eau courante. Sur l’île, toute l’électricité est créée par l’énergie solaire. Il n’y a pas de route ni de voiture, juste des petits chemins de pierre. La PAIX absolue!

A peine arrivé, on nous installe une table dans le petit jardin. Il y a quelques fleurs et toujours cette vue splendide sur le bleu profond du lac. On nous sert l’almuerzo (le dîner). Ici, la nourriture et cuisinée et cultivée sur l’île même par Fernanda et sa famille. Plus local, impossible! On mange d’abord une délicieuse soupe aux légumes, patates et quinoa. On retrouve le plaisir de manger des aliments simples et sains. Ça faisait longtemps qu’on en rêvait. Puis, c’est galette de quinoa et légumes – œufs avec du riz et des patates. Un vrai délice! On nous offre aussi le thé de coca et d’une herbe aromatique locale, le munia. Ça ressemble à du thin citronné. Le soleil brille, on est pieds nus dans le gazon, on apprécie beaucoup ce moment. On partagera les repas avec toute la famille. Il faut dire que Fernanda et ses fils ont un sens de l’accueil incroyable. On remarque aussi qu’ils ont vraiment envie de nous connaître et de papoter avec nous. Et on doit avouer que ça fait vraiment plaisir d’avoir un tel accueil, c’est plus ou moins la première fois pour nous au Pérou. On avait en effet eu un peu de peine avec les péruviens que nous avions croisés jusque là, qui nous ne nous avaient pas semblé spécialement sympathiques.

On apprendra plein de choses sur le Pérou et sa culture. Fernanda et ses fils parlent le quechua entre eux, c’est la langue des Andes. L’espagnol est aussi une langue officielle, c’est la langue qu’ils utilisent à l’école. Fernanda nous remercie mille fois d’être venus, et surtout de parler espagnol avec elle. Elle nous appelle les “amigos”, ainsi que les autres personnes qu’elle a déjà accueillies dans le passé. On n’est pas appelé des “clients” ou des “touristes” ici, mais des “amis”. Ça en dit long. Cette petite dame est touchante, très intelligente, avec un bon sens de l’humour. Et c’est dans ces beaux moments de partage qu’on est content de parler un petit peu leur langue! Un matin, elle nous prête les habits traditionnels pour faire des photos. On rigole bien!

On profite donc du temps qu’on a ici pour visiter cette île très typique et encore très authentique. Il y a un petit “centre” du village, avec une toute petite “plaza de arma” avec une très vieille église. Puis, on suit un chemin pavé de cailloux. On prend de la hauteur et on se retrouve vite plongé dans l’essence même de cet endroit: maisons en terre, petits murets de pierre, moutons, locaux en habits traditionnels qui travaillent dans les champs de patates, une dame qui promène un agneau en laisse, un monsieur qui porte du foin sur sa tête, des dames assises au milieu des champs en train de filer de la laine ou de tricoter un bonnet, le thin sauvage qui nous embaume de son odeur, à laquelle s’ajoute celle de grands eucalyptus. Il y a quelques prairies d’herbes sèches et très peu de végétation. Tout ça, il faut l’imaginer avec le bleu foncé du lac Titicaca en toile de fond. On n’en revient pas de ce tableau si typique et si beau! Pendant cette petite marche, nous sommes les seuls touristes de l’île.

Puis, on descend vers une plage de galets, où des algues vertes fluo ajoutent une touche de couleur magnifique à ce décor. Ensuite, on grimpe le long d’un sentier très raide pour arriver à l’un des sommets de l’île, le sanctuaire Pachatata – “Terre père” en quechua.  Cet endroit est utilisé pour honorer un dieu quechua. La vue à 360 degrés sur les alentours est sublime. On voit même la Bolivie! Ce paysage nous fait un peu penser aux îles grecques. (Mais nous sommes à 4’000 mètres d’altitude.)

Ce soir, on se rendra au 2ème sommet de l’île, le sanctuaire Pachamama – “Terre mère”. Le coucher de soleil ne sera pas au rendez-vous, mais on aura droit à une magnifique vue.  On rencontrera alors les autres touristes fraîchement débarqués de leur tour organisé. Il ne resteront ici qu’une soirée, et repartiront demain matin pour une autre île. C’est là qu’on est content d’être venu en “indépendant”. On peut ainsi prendre le temps de s’imprégner de l’endroit et de s’y balader toute la journée. On adore ce petit séjour ici. Quel calme, quelle sérénité embaume cette petite île!

Après ces deux chouettes jours passés ici, on s’en va comme on est venu. 

Le Pérou, c’est fini pour nous. C’est un pays très grand, qui a des paysages naturels de dingues d’une diversité incroyable: la jungle de la forêt amazonienne, les montagnes de la cordillère des Andes, l’océan Pacifique, le désert…Il y a aussi des chouettes villes historiques et une Histoire très très intéressante. On a pu réaliser pas mal de nos rêves, comme cette excursion incroyable dans la jungle et ce magnifique trek à Huayhuash. C’est pour toutes ces raisons que nous avons adoré passer un peu plus d’un mois est demi dans ce pays. Ce qu’on a moins aimé, c’est le tourisme de masse du Sud, toutes les tentatives d’arnaques pour gagner de l’argent sur le dos des touristes, mais aussi le rapport avec les locaux – que nous avons trouvés un peu “froids” (hormis Fernanda et sa famille 😉 ). Il est temps pour nous de poursuivre notre route. La suite du voyage, et bien ça sera finalement le Nord du Chili! On voulait aller en Bolivie, mais le pays est toujours trop instable politiquement. On change donc nos plans, et on verra bien quand on y sera!