Direction Huaraz

Notre prochaine destination; c’est la ville de Huaraz, dans le Nord du Pérou. On a entendu que c’était THE place pour faire du trekking dans la cordillère des Andes.

Pour y arriver depuis Lagunas, en Amazonie, on enchaîne les transports. On prend d’abord une barque sur l’Amazone pendant cinq heures de temps. On arrive alors à la ville de Yurimaguas. Puis, on trouve un colectivo (van) qui part pour la grande ville de Tarapoto. On attend 20 minutes qu’il soit plein. Puis, on s’en va pour deux heures de route à travers des paysages verdoyants! (Mais qu’est-ce que ça tourne! Malades des transports, s’abstenir.)

On décide de dormir une nuit dans cette ville, car il va y avoir encore beaucoup de transports à faire et on ne veut pas non plus se transformer en zombies.

Le lendemain soir, on embarque dans un bus de nuit pour 19 heures de trajet. Le bus de la compagnie Movibus est propre et confortable. Cependant, la route, elle, est très serpentueuse et le chauffeur conduit, disons-le, très mal. On est ballotté dans tous les sens et la nuit n’est pas tant agréable. On se réveille au petit matin, et là, en regardant par la fenêtre, c’est la surprise: une étendue infinie de désert. Passer de la verdoyante forêt amazonienne à ça en l’espace d’une nuit, c’est un choc! On traverse alors plein de petites villes qui semblent être des endroits fantômes tellement elles sont délabrées: bâtiments de briques rouges cassées, maisons abandonnées, ordures et plastiques absolument partout sur des centaines de mètres à la ronde, terre stérile, pas une once de végétation. C’est hyper glauque.

On arrive à la ville de Trujillo dans la matinée. Elle se situe sur la côte pacifique. Ici, le désert semble se jeter dans la mer. Au terminal des bus, on cherche le bus pour Huaraz. Pas de bol, il n’y a que des bus de nuit! On va donc devoir enchaîner une 2ème nuit dans le bus et glander ici toute la journée.

Heureusement, on trouve un restaurant bonnard. On se pose sur une table et on commande à dîner. Il est midi. On est crevé, et on n’a absolument aucune envie de visiter cette ville avec tous nos bagages sur le dos. Les types du restau sont sympas et nous laissent alors glandouiller tout l’après-midi dans leur bouiboui, alors même que le restau ferme à 15:00. Il rouvre à 18:00, on est toujours là, à la même table. On n’a pas bougé d’un pouce, telles des moules accrochées à leur rocher. Bon, ben il est temps de souper! On commande une 2ème fois à manger (bons clients hein?!).

Le soir, retour à la gare des bus. On prend notre 2ème bus de nuit. On est raide. De tout le trajet, on ne nous offre qu’une fois à boire; la boisson star du coin, j’ai nommé le ” Inca cola”! C’est une boisson jaune affreuse qui ressemble à du Red Bull. Ils boivent ça comme de l’eau ici; c’est bien c’est sain.

Caroline Lodging à Huaraz

6:00 du matin. Le bus arrive à destination. Nous sommes arrivés à Huaraz, ville située dans la cordillère des Andes à 3000 m d’altitude. Le climat est sec et froid; enfin un peu de fraîcheur! Ça faisait longtemps que l’on n’avait pas ressenti cette sensation. On se rend alors dans un hostel que nos amis belges nous avaient recommandés: le “Caroline Lodging”.

On sonne; Paul le proprio nous accueille en peignoir. (Oui, on sait, c’est tôt.) On est crevé, après ces deux nuits à la suite dans un bus. Heureusement, on est accueilli comme des amis! Paul nous offre le petit déj et nous permet d’aller nous reposer dans un dortoir, le temps que notre chambre privée soit prête à 14:00. Quelle chance!

On passera un total d’une dizaine de jours ici. On se sent comme à la maison!

Paul est un personnage peu commun. Il a bourlingué toute sa vie en travaillant en tant que guide dans différents pays. Il parle pas moins de sept langues couramment et de manière fluide! (flamand -sa langue maternelle- français, allemand, anglais, espagnol, hébreux et arabe). Rien que ça! C’est aussi quelqu’un de passionné, et c’est avec son aide que l’on se décide finalement à nous lancer dans l’un des “plus beaux treks du monde” – c’est ce qu’ils disent tous – le Huayhuash!

On avait vaguement entendu parlé de ce trek avant de venir ici, mais on pensait que c’était un peu compliqué de le faire. En effet, premièrement, c’est un trek de huit jours qui se situe entre 4’500 et passé 5’000 mètres d’altitude. On a déjà eu quelques expériences avec l’altitude dans l’Himalaya, et on connait les risques. De plus, ce trek ne traverse aucun village. Il est loin de toute civilisation. Cela demande donc d’avoir toute sa nourriture sur le dos, et ce pour les huit jours car il n’y a pas de ravitaillement possible! Enfin, nous sommes au début de la saison des pluies, ce qui signifie des risques de tempêtes de neige.

Toutes ces raisons représentent trop d’éléments dangereux pour que l’on tente ce trek en solo. Oui mais voilà. Paul nous dit que c’est possible de le faire avec une expédition organisée; il faut juste qu’on lui donne une date et qu’on forme un groupe.

Soit. Nous partirons dans une semaine! Et pour former le groupe, et bien rien de plus simple. Il suffit de papoter avec les gens pendant le petit déj! On rencontre Margo et Thijs, des flamands hyper sympas, qui seront de la partie. Et puis, il y a aussi Jérémy, un copain de Suisse qui est en voyage et qui va arriver à Huaraz tout bientôt. Le groupe se forme gentiment!

Marches d’acclimatation

Pendant cette semaine, on suit les conseils de Paul en faisant quatre jours de randonnée pour s’acclimater à l’altitude… Margo et Thijs seront nos acolytes. On commence avec une gentille marche à la laguna Wilcacocha, 3’750 m d’altitude. Les lagunas, ce sont en fait des petits lacs d’altitude, souvent formés à la base d’un glacier.

Puis, le lendemain, c’est marche à la magnifique Laguna Churup, 4’450 m. Les deux jours suivants, nous faisons une randonnée sur deux jours – dont une nuit sous tente à 4’100 mètres d’altitude. Pour se faire, on se rend à la Laguna 513, quasiment inconnue du tourisme. On sera les seuls à camper la-haut, sous la pluie! Hahaha! L’acclimatation à l’altitude se fait bien. Aucun problème à signaler pour l’instant.

Huaraz

Parlons un peu de cette petite ville d’altitude qu’est Huaraz. On la découvre petit à petit au fil de la semaine. C’est une ville peu touristique et encore très authentique. On découvre alors le Pérou “andin”. Dans les rues, beaucoup de gens sont habillés en habits traditionnels. Les dames portent un long chapeau de feutrine, une grande jupe colorée et une besace en tissus bariolé de toutes les couleurs. Certaines sont accroupies par terre au bord de la route pour vendre fruits, légumes, pains, fromages et herbes aromatiques.

On fait aussi les marchés locaux, et là, écorchée sur les stands, on découvre alors la spécialité locale, j’ai nommé: le cuy! (cochon d’Inde). Ça donne pas envie en tout cas… Un jour, on a d’ailleurs la surprise de voir arriver une vieille voiture un peu délabrée de l’autre côté de la route. Elle avance dans notre direction. Sur le toit, il y a une sorte d’étrange tapi poilu. Au fur et à mesure qu’elle s’approche, on se rend compte…que ce tapis est vivant! Il s’agit en fait de centaines de cochons d’Inde entassés dans un filet. Les pauvres! Ça couine dans tous les sens, on n’en croit ni nos yeux ni nos oreilles…

Sur les stands, il y a aussi des vendeurs de poulets plumés, de hamsters en cages et de poissons rouges dans des cornets en plastique remplis d’eau… “Typique” tout ça!  ça fait un peu mal au cœur quand même. Il y a aussi quelques jolis square un peu plus touristiques, avec plein de restaurants à touristes. On découvre avec joie la “crêperie Patrick” où on retrouve le bonheur de la cuisine française et même…de la raclette et de la fondue!

Huayhuash, 8 jours de trek dans la nature à l’état brut!

Jour 1 – Logistique et transport

30 octobre, et c’est parti pour l’aventure! On se retrouve dans le car avec une fine équipe de joyeux lurons: Jérémy, que nous avons retrouvé il y a quelques jours, Margo et Thijs; les flamands, Simon et Fabienne de Zürich, Alessandro et Elizabeta, les italiens, Hanne et Emile, flamands, John, un anglais, et Paul un irlandais. Nous serons 13 au total! Très vite, on fait connaissance. Tout le monde a l’air super!

On rencontre aussi notre cuistot, Marco, ainsi que notre guide, Luca, et sa chienne Nena. Le premier jour, le bus nous amène au milieu de nulle part après 5 heures de trajet. On ne peut donc pas compter cette journée comme une journée de marche. On arrive dans une vallée verdoyante, au lieu dit “Quartelhuain”, à 4’200 mètres d’altitude. Là, nos petites tentes rouges sont déjà montées, ainsi que deux plus grandes tentes bleues. Une pour la cuisine et une qui fait office de “salle à manger”. Incroyable! Quel luxe! C’est bien la première fois qu’on fait du camping dans un tel confort.

Vient ensuite l’heure du premier souper tous ensemble. Au menu; soupe en entrée, puis poulet fris, légumes et riz. C’est vraiment délicieux! Dès que le soleil se couche, le froid arrive très vite. On se réduit aussitôt dans nos tentes respectives. Niveau matos, on est bien équipé. On a le matelas de yoga fourni par l’agence, notre petit matelas gonflable personnel (heureusement qu’on l’a gardé!), le sac de couchage ultra chaud fourni par l’agence ainsi que notre propre sac de couchage. On dormira avec les chaussettes aux pieds, des leggings, une polaire et un bonnet! Nous voilà fin prêts pour passer une nuit glaciale!

Jour 2 – Faux départ mais beau paysage

Le lendemain, on se réveille après avoir bien dormi. Pas de mal d’altitude à signaler; il faut dire qu’on a pris le temps de bien s’acclimater, et j’ai commencé à prendre les fameuses pastilles diamox, qui aident le corps à gérer le manque d’oxygène et la baisse de pression.

Hier, on a croisé un couple sur le départ pour Huaraz. Ils n’ont pas pu faire le trek, car dans la première montée, la fille s’est évanouie à plusieurs reprises. Ils n’avaient tout simplement pas fait d’acclimatation et n’avaient dormi qu’une seule nuit à 3’000 m avant de se lancer dans le Huayhuash…Dans ces conditions, il faut absolument redescendre au plus vite. Le mal d’altitude peut être dangereux, il peut même tuer!

On déjeune à 6h00, puis on est fin prêt pour notre première étape officielle! Oui mais…Premier pépin d’organisation; les mules – qui devaient arriver au petit matin – ne sont pas là… Etant donné que nous sommes paumés au milieu de nulle part, il n’y a pas de réseau, et le guide ne peut donc pas contacter le “donkey driver” pour savoir où il est passé…On passe donc au plan B. Le guide nous propose de partir demain pour la première étape, de redormir ici ce soir, et de rattraper le temps perdu pendant la semaine en faisant une plus longue étape. Bon, ben ça commence bien.

Pour l’heure, on va quand même se promener. On grimpe jusqu’au Sambuya Punta, à 4’740 m. Pendant la montée, le groupe s’éparpille très vite. On a tous des rythmes différents. Concernant mon rythme de marche, c’est grand-maman en tintébin. J’essaye toujours de garder mes battements cardiaques les plus constants et les plus bas possibles. En effet, on ressent déjà le manque d’oxygène à cette altitude, et j’essaye de tout faire pour éviter d’être à bout de souffle. (Et puis bon, ça me laisse le temps de faire mille photos). Yorick, lui, c’est plutôt Speedy Gonzales. Rien ne l’essouffle, rien ne l’arrête! Une vraie machine de guerre. (Mais des fois, il m’attend quand même. Ah, quel homme! 😉 ).

Une fois arrivé au sommet après trois heures de montée, la vue est incroyable! De là, on a une vue à 360 degrés. Il y a, sur notre gauche, un grand glacier et sa lagune turquoise juste en dessous. Derrière, sur la droite, des grandes montagnes de toutes les couleurs. Nous, on se trouve sur une butte de roche noire parsemée de quelques touffes de mousses vertes claires. C’est très vaste, très sauvage, et il n’y a que nous!

Puis, on redescend, et là on se prend de la grêle, puis de la pluie.  On est très vite trempé et frigorifié. Puis, le soleil revient. On passera huit jours à ouvrir et fermer la veste, mettre et enlever le bonnet, switcher avec une casquette, mettre et enlever la veste de pluie…Le temps est capricieux en cette saison, mais on apprécie d’autant plus les rayons de soleil!

On retourne au campement vers 14h00. Là, dans la tente bleue, du thé de coca nous attend (il parait que c’est bon pour l’acclimatation). On en consommera une quantité phénoménale! On en profite pour faire plus amples connaissances avec notre team “why wash”. (C’est comme ça que l’on a renommé le trek, vu qu’on ne va pas pouvoir se doucher pendant huit jours. On est vraiment des petits rigolos.)

Le soir, on voit arriver à l’horizon…Les mules! Le guide a trouvé un plan B (mais on ne sait toujours pas ce qu’il s’est passé hier…). J’aime pas du tout l’idée d’utiliser des mules pour porter nos affaires, et j’espère qu’elles seront bien traitées ces pauvres bêtes… Bon, à première vue, elles sont bien nourries et ont l’air en bonne santé. A voir par la suite. Ici, il n’y a pas de route qui suivent le tracé de Huayhuash. Le transport des marchandises se fait donc à dos de mules, tout comme les communauté locales le font et l’ont fait pendant des siècles.

Le Huayhuash en tant que trekking touristique est relativement récent. Il s’étend sur environ 150 km autour d’une cordillère (qui s’appelle “Huayhuash”). Cela ne fait pas plus de 15 ans que des randonneurs peuvent marcher ici en toute sécurité. Avant cela, il y avait des “brigands” qui venaient détrousser les touristes! Depuis peu, le gouvernement oblige les trekkeurs à payer une sorte de taxe aux différentes communautés qui habitent dans ces montagnes. Ainsi, le tourisme rapporte de l’argent, et c’est plus lucratif que le vol d’une veste ou d’une paire de chaussures. Les actes de violence ont donc cessé. Ils appellent ça “la security money” , ou comment payer pour être protégé…Bon, ben je suis contente de faire partie d’un tour organisé finalement. Enfin bref. Ce n’est pas étonnant que ce trek ne soit pas célèbre depuis très longtemps. Cela explique aussi pourquoi tout est resté très sauvage et très naturel!

Chaque étape du trek consiste à monter et descendre un ou plusieurs cols. Il n’y a pas beaucoup de plat; mais beaucoup de dénivelé positif puis négatif. C’est un réel challenge pour les genoux! Chaque jour, on marchera en moyenne sept heures de temps.

Jour 3 – Départ officiel pour la première étape

Tous les matins, c’est réveil à 5h30 , déjeuner à 6h00, et départ à 6h30. On a ainsi plus de chances d’éviter les pluies de l’après-midi. Pour midi, on se voit remettre un petit snack avec un sandwich, un fruit et un biscuit quelconque (souvent mauvais, comme cet oréo chocolat-menthe! Une horreur. On a l’impression de manger du dentifrice). Heureusement, on avait acheté quelques provisions personnelles avant de partir. J’ai donc ma réserve de sneakers (un par jour, et seulement pour les moments critiques où j’ai besoin d’un boost d’énergie) et Yorick a son salami bon marché (à chacun ses goûts). Aujourd’hui, nous avons deux cols à gravir puis à redescendre.

La première montée jusqu’à 4’780 mètres est ultra raide et boueuse. Mais on finit par arriver en haut! De là, on a une vue splendide sur une grande plaine verdoyante où coule une rivière. On entame la première descente, il y a quelques nuages dans le ciel. On aura de la grêle au 2ème col, vite remplacée par un puissant soleil. Au fur et à mesure que l’on descent dans la 2ème vallée, on aperçoit des sommets enneigés en face de nous. Ils sont d’abords recouverts par des nuages, mais ça se dégage plus on s’en approche. On finit par arriver sur une jolie colline d’herbes au bord du lac Carvacocha. A notre droite, trois sommets sont désormais inondés de soleil et la blancheur de la neige scintille de mille feux. Grand ciel bleu, chaleur, lac turquoise, et toute l’équipe de bonne humeur et ultra enthousiaste.

Le campement est déjà installé quelques mètres plus bas à 4’100 mètres d’altitude, au lieu dit “Incahuain”. Les tentes sont montées, le thé de coca est servi ainsi que le petit snack d’avant souper. Quel service! Les gars profitent du beau temps et du lac du glacier pour se faire une petite toilette. Au campement, il y a un petit robinet d’eau toute aussi gelée, et là, nous, la team “girls” ont se fait aussi une petite douche improvisée. A peine terminé, le soleil disparaît en quelques minutes et voilà qu’il se met à pleuvoir. Le timing parfait! On soupe un “lomo saltado” (boeuf sauté, une spécialité locale) puis, une fois qu’il fait sombre, on se réduit comme les poules. Dodo entre 19:00 et 20:00, mais c’est facile de s’endormir après des journées pareilles!

Jour 4 – Un décor digne du seigneur des anneaux

Réveil dans la brume. Tout le monde est de bonne humeur, on chantonne “the misty mountain” à tue-tête. Aujourd’hui, on commence l’étape par longer le lac, inondé de brouillard. C’est magnifique, on se croirait en Ecosse!

Puis, le sentier commence à grimper sec. On tombe alors sur un lac dans lequel un glacier vient se briser. Soudainement, le soleil fait son apparition et illumine ce paysage magique. Au fond, il y a toujours ces immenses montagnes blanches et un dégradé de vert dans la vallée. Le sentier devient ensuite très raide, et là on arrive au mirador des trois lacs. Comme son nom l’indique, cet endroit nous offre une vue splendide sur trois lacs qui ont tous les trois une couleur différente.

Puis, on grimpe un col assez difficile; c’est le Siula Punta à 4’830 mètres. Toujours pas de mal d’altitude, hormis mes oreilles qui sifflent et mes yeux qui clignotent. (Je “vois” les battements cardiaques légèrement dans mes yeux. J’avais déjà eu ça au Népal lors de notre tour des Annapurnas. Pas de quoi s’inquiéter.) La descente est superbe, dans une vallée verdoyante et des marécages; on se croirait dans le seigneur des anneaux! En marchant, on chante la musique du thème principal, à voir j’ai trouvé des grands fans comme moi!

On arrive alors au “village” de Huayhuash – enfin, c’est juste trois maisons abandonnées. Là, le camping est monté et le soleil brille. On se met tous en rond dans l’herbe et on prend l’apéro en écoutant la musique du seigneur des anneaux sur le téléphone d’Emile. (C’est vraiment une journée à thème aujourd’hui.)

Le soir, le guide nous raconte des histoires qui font peur (tel un papa et ses enfants). Il nous raconte l’histoire vraie de deux marcheurs israéliens qui se sont faits tués ici par des voleurs il y a 15 ans…(rassurant…Merci Luca pour cette douce histoire!)

Jour 5 – La journée des deux 5’000

Réveil après une nuit passée à 4’500 mètres. A cette altitude, les rêves sont bizarres (Lady Gaga qui fait un concert avec tous ses danseurs dans ma tente?! Un poisson-coffre géant accroché en bas d’un gros câble et transporté par un hélicoptère?! heum…)

Ce matin, on entame la journée avec un col très haut! ça grimpe assez rapidement. La végétation se fait de plus en plus rare et seules quelques mousses persistent encore. Le sol devient rocailleux, on se croirait presque sur la lune. A notre droite, il y a un grand glacier qui se fond dans les nuages. A cette altitude, tout est minéral. La montée est rude, mais on arrive au sommet. On l’a fait! Nous sommes à 5010 mètres.

Il fait vite froid, alors on ne tarde pas à redescendre de l’autre côté. Et parlons-en, de l’autre côté! On se retrouve devant un paysage sublime de montagnes couleurs rouilles, avec des lacs bleus rois, vert émeraude, turquoise et gris. Il y a aussi des gros massifs de roches noires et violettes.

On descend dans ce paysage rocailleux. Les ânes finissent par nous dépasser, et là on assiste à un triste spectacle. Le sentier est très glissant et vraiment pas adapté à ces animaux. Certains glissent, on voit qu’ils ont peur. ça fait mal au cœur de voir ça et de participer à ça! Et bien, ça sera la première et la dernière fois pour nous!

On continue à marcher dans ce décor irréel. Puis, le soleil apparaît. On décide alors de couper l’équipe en deux. Certains descendent au campement dans la vallée, et d’autres (nous) et bien on décide de profiter du beau temps pour s’attaquer au col de Santa Rosa, à 5’000 mètres d’altitude. Il parait que la vue est belle, alors autant en profiter. (Et on a encore de l’énergie à revendre.) 400 m de dénivelé positif nous attendent, mais on est au taquet! Il y a donc Yorick, Jérem, Simon, Alessandro, Margo et moi dans la team “col de Santa Rosa”. On arrive dans une petite vallée étroite. Les couleurs de la terre sont magnifiques: rouge, orange, vert, violet…On traverse un pierrier, et on aperçoit en face le col, bien dégagé, en haut d’un pierrier de terre noire.

Tout à coup, en l’espace de 10 minutes, le soleil disparaît derrière de gros nuages. Soudain, la grêle commence à tomber…On ne l’avait pas prévue celle-là! Très vite, le sol (et nous) on se recouvre de petites billes blanches. C’est l’hiver! On décide de continuer jusqu’au sommet. Il fait froid soudainement, et on se transforme petit à petit en bonhomme de neige. On finit par arriver au col! Et là, incroyable vue sur…RIEN! Tout est blanc! Hahaha! (Merci Margo pour la photo suivante!:)

On rigole de la situation, puis on redescend 600 mètres de dénivelé pour rejoindre le campement et les autres qui nous attendent bien au chaud. Le sentier est maintenant tout blanc, et la terre en-dessous s’est transformée en boue. Assez casse-gueule tout ça!

Le soir, c’est l’anniversaire d’Alessandro. Pour l’occasion, il sort de sa besace…du salami d’Italie! (de sa production familiale). Il le partage avec tout le monde, on est trop content! Et puis nous, et bien on lui offre un bracelet fait avec du tissus péruvien (fait avec les moyens du bord…). Il a aussi apporté un cake pour l’occasion, avec même une bougie (sacrée préparation). Quelle belle soirée!

Jour 6 – La beauté du col de San Antonio et une soirée bien arrosée

On commence la journée avec l’ascension du col de San Antonio, qui dépasse lui aussi les 5000 mètres. Grand beau ce matin, et ciel bleu. Cette fois c’est la bonne, on se dépêche parce qu’on la veut, cette vue magnifique! La montée est raide, on souffre pas mal. Mais ça en vaut la peine!

Une fois arrivé en haut, on se retrouve devant une vue irréelle, un décor sauvage, digne de tous les films de science-fiction. Au fond à gauche, une grande montagne orange et rouge qui se dégrade en vert en contre-bas. Derrière, des monts enneigés taillés à pic. A droite, un glacier qui se termine dans un lac turquoise. Au milieu, une vallée verdoyante avec un rivière. On reste béant devant ce cadre.

Puis, vient le moment de la descente. Il n’y a pas de sentier, c’est très raide, et la boue est recouverte de neige. C’est ultra glissant, et on en a pour 1’200 m de dénivelé négatif. On s’arrête pour pique-niquer dans cette vallée – le plus beau paysage de ma vie pour un pique-nique.

Puis on arrive en bas. Là, on a encore 13 km à faire en longeant une partie plate entre deux chaînes de montagnes. On arrive finalement au village de Huayllapa, à 3’490 m d’altitude. Cette fois-ci, il s’agit d’un vrai village habité. Le campement nous attend sur un terrain de foot.

Vers 16:00, on en profite alors pour aller boire quelques verres. On trouve un “bar”. Enfin, c’est une mini cave au plafond bâché, où on vend du pain, des œufs, du fromage, des médicaments, des jus spéciaux pour les hormones des femmes (?!) mais aussi des bières.

On poursuit la soirée dans un bouiboui similaire où ils vendent un alcool maison dans un jerrycan d’essence.

On est si fatigué que deux bières suffisent pour atteindre un certain degré…de joie! Simon devient DJ, et en moins de deux, on met l’ambiance de ce bouiboui! C’est parti pour une soirée Goa à 17:00! Un vieux local en poncho nous rejoint sur le dance floor, des curieux du village s’entassent derrière la porte d’entrée pour nous observer, (on est les seuls gringos du village et ils ne doivent pas voir ça souvent) et des gamins viennent nous embêter. Thijs s’empare des gamins, Emile invite la tenancière à danser, Alessandro finit en poncho, Emile fait des omelettes crues par terre, Margo trouve que ce sol est assez sale pour faire le “serpent” par terre, Yorick et Jérem boivent du coca, ça part en cacahuète tout ça! Mais qu’est-ce qu’on rigole, avec cette équipe de joyeux lurons.

Luca, le guide, finit par arriver. On pense qu’il va nous engueuler, mais il s’enfile deux petites bouteilles de rum à lui tout seul avant de nous faire une véritable déclaration d’amour. La soirée se termine alors à…19:00. (L’heure du souper pardi!) Quelle soirée! Demain, ça risque d’être plus difficile pour certains…

Jour 7 – Une grosse montée

Gros dénivelé pour cette étape! On monte de 1’200 m, quatre heures et demie de montée. Le décor change un peu, on se retrouve dans une vallée assez sèche. Aujourd’hui, on tombe sur un “vizcacha”, une sorte de chinchilla-lapin-kangourou. Il est vraiment trop chou!

On arrive au campement vers 15:00, au lieu dit “Q. Angocancha” à 4’500 m d’altitude. Il fait beau, malgré la pluie que l’on vient de traverser. Là, Yorick trouve que c’est une bonne idée de se baigner dans la rivière gelée. (Il est bien plus propre que moi vous me direz. Mais l’eau glacée des glaciers, ça ne me dit rien pour prendre un bain. Why wash? anyway?)

Le soir, on fait des jeux débiles dans la tente bleue, alors qu’un orage se prépare juste dehors. On rigole beaucoup, et on est déjà nostalgique de notre dernière soirée tous ensemble.

Jour 8 – Crête sublime et descente sans fin

Aujourd’hui, c’est le dernier jour. Et on va faire deux étapes en une! Réveil à 4h30, départ à 6:00. Comme on avait campé en bas d’un col, on commence direct par une grosse montée. Cette dernière dure deux heures. Une fois au sommet du col, un panorama magnifique nous attend. Cependant, il est parfois recouvert de nuages, mais ces derniers bougent tellement vite qu’on a souvent une petite fenêtre avec une belle vue. On observe le balais des nuages, c’est très joli.

Puis, on suit une arrête et on arrive à un deuxième mirador. Là, le ciel se découvre, et on aperçoit la silhouette de la cordillère Huayhuash juste derrière. On boucle gentiment la boucle qui nous a fait faire le tour de la chaîne de montagnes. On retrouve alors la vue sur le glacier et le lac turquoise du premier jour. On a alors la chance d’observer des condors – les plus gros rapaces du monde! – qui planent juste au-dessus de nos têtes. Incroyable! 

Puis, grosse descente dans une sorte de terre légère et glissante. Me genoux en mousse souffrent. On traverse ensuite une rivière. Là, pas le choix, il faut déchausser et remonter les pantalons jusqu’aux cuisses. C’est à cet endroit que l’on va pique-niquer. On se repose quelques minutes, parce qu’après, c’est la descente sans fin!

On longe le flanc de la montagne pendant environ trois heures, avant d’entamer une descente plus raide sur un chemin assez mauvais. Il est caillouteux et sableux, ça glisse beaucoup. Ce sont les derniers 800 mètres de dénivelé négatif à faire avant d’arriver à la fin du trek. Il fait très chaud, c’est sec et assez aride, il y a de la poussière dans l’air. Il y a des cactus et des espèces de plantes d’aloé vera qui ont une fleur qui mesure plusieurs mètres de haut.

Ce décor est digne d’un Western. D’ailleurs, avec Yorick, on écoute des musiques de Ennio Morricone pour se donner du courage.

Enfin, après une journée de 9h00 de marche / 25 km et un bon gros dénivelé dans les deux sens, on arrive au village de Ilamac. Voilà, la boucle est bouclée, on a terminé le trek du Huayhuash! Tout le monde est crevé, ce jour nous a achevé. D’ailleurs, dans le minibus du retour, il n’y a pas un mot. On arrive à Huaraz vers 20:00, où Paul nous attend avec sa délicieuse tartiflette. (Il sait vraiment tout faire ce Paul.)

C’est ainsi que se termine cette aventure. C’était sublime! Une dinguerie de paysages – un parfait mélange entre l’Islande, la Nouvelle-Zélande, l’Ecosse et les Alpes, des bons gros efforts physiques, et surtout de très belles rencontres. On était une équipe d’enfer, et c’est surtout ça qui a fait la réussite de ces huit jours. C’était une semaine hors du temps, sans électricité, sans téléphone, où on vit en fonction de la lumière du jour. On n’a rien a penser hormis marcher et apprécier le paysage. Le soir, dans la tente bleue, il y a juste une petite bougie qui nous éclaire et rien à faire. C’est là qu’on redécouvre la simplicité des rapports humains. Enfin, c’est la première fois que l’on part en trekking en tour organisé, et on peut dire que c’est aussi une chouette expérience. Pas de tente ni de nourriture à porter, pas de tente à monter, pas de cuisine à faire. On apprécie aussi! 🙂 (Et pour les détails pratiques, ça nous a coûté environ 30 CHF par jour et par personne.)

On terminera ce séjour ici par quelques jours de repos au Caroline Lodging. On se sent chez nous ici. On hantera le salon un certain nombre d’heures à regarder Netflix, puis on se fera une belle soirée à la “crêperie Patrick” tous ensemble.

Ce soir-là, on tombe sur une sorte de carnaval local dans la rue, où ils font brûler des feux d’artifices artisanaux au milieu de la route (bonjour les normes de sécurité et les risques de devenir aveugle).

Bref, il est temps maintenant de dire au-revoir à nos nouveaux amis. On est un peu nostalgique, mais qui sait, peut-être que l’on se reverra un jour!