Découverte de Kyoto

Nous arrivons à Kyoto le 27 mars. Nous y passerons une petite dizaine de jours. Nous logeons d’abord quelques jours dans un hostel, dans une petite chambre à quatre lits. On papote avec d’autres voyageurs américains ainsi qu’avec une fribourgeoise et deux français. Ces derniers travaillent dans cet hostel quelques semaines en échange du logement gratuit.

Cet endroit est tout petit, on se croirait chez quelqu’un (chez nous, du coup). C’est très convivial, et surtout, il y a une cuisine! On n’attend pas longtemps avant d’aller faire les courses pour nous cuisiner un bon petit plat. Parce que, mine de rien, c’est vraiment quelque chose qui nous manque énormément: choisir et acheter nous-mêmes nos ingrédients et préparer quelque chose de tout simple, comme des spaghettis, une omelette ou une salade bien fraîche. L’eau du robinet est potable ici, première fois depuis 6 mois! On ne s’en rend pas bien compte, mais c’est vraiment un luxe. On profite de quelques jours pour retrouver une vie “plus ou moins normale”, on va même au cinéma voir un film (en anglais, hein, pas encore en japonais ;-). D’ailleurs, pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu, allez voir “Green Book”, il est génial!)

Notre hostel se trouve dans un quartier très calme à l’Est de Kyoto. Les maisons sont toutes petites et toutes carrées, avec plusieurs couches de toits. On se croirait dans un petit village! Pour se déplacer dans la ville, on utilise les bus. (C’est un peu plus “old school”, comparé à la moderne Osaka.) Le centre-ville, quant à lui, est beaucoup plus animé et il grouille de gens. Nous sommes en effet dans l’un des endroits les plus touristiques du Japon, à l’une des saisons les plus touristiques également. De ce fait, nous ne pouvons pas rester très longtemps dans notre hostel – fully booked – et nous changerons d’endroits à deux reprises…Les prix sont très élevés. Au Japon, le voyage “à l’arrache”, c’est un poil plus compliqué.

Notre deuxième logement sera un vieil hôtel (on dirait un EMS). D’ailleurs, il y a même un couvre-feu! (???) La chambre est chère et pas terrible. Mais bon, on fait avec ce qu’on trouve. Notre troisième logement sera le “Japaning”, une chaîne d’hôtels entièrement automatisés. On fait soi-même son check in en arrivant. Il suffit de scanner son passeport et compléter un formulaire sur une tablette. Ainsi, on obtient par e-mail le code pour ouvrir la chambre. Et bah, c’est beau la technologie! (ça changera de notre maison de retraite des jours précédents.) Dans cette nouvelle chambre, on trouvera de quoi cuisiner également. Mais par contre, pas de table ni de chaise. Tant pis, on mangera par terre comme des mendiants. Tant qu’on a un bon plat maison et un verre de rouge, on est content!

L’hôtel se trouve plus au Sud de la ville. C’est dingue comme les rues sont quadrillées! Tout se ressemble ici, et tout est petit et confiné: minis rues, minis maisons, minis voitures (on dirait des jouets).

Quelques soirs, nous irons manger des sushis ainsi que des ramens dans des petits restaurants du coin. Ce n’est pas très cher. Il faut compter entre 600 et 1000 yen pour un bon plat de ramen (soit entre 6 et 10 CHF). Ce qu’il y a de bien dans les restaurants japonais, ce sont les vitrines de “fake food”. Chaque plat proposé est reconstitué grandeur nature avec différents matériaux plastiques. C’est fou, on dirait vraiment des vrais! (Je crois que c’est justement un art très reconnu ici).

Quoi qu’il en soit, c’est très pratique, pour nous autres voyageurs. On peut se faire une idée des différents plats lorsque le menu est écrit uniquement en japonais.

L’onsen japonais – découverte des bains thermaux traditionnels

Un jour, on s’immerge dans la culture traditionnelle en testant un onsen, le fameux spa japonais. Déjà, en arrivant, on tombe sur un panneau “interdit aux gens tatoués et aux criminels”. Drôle d’association. Et, de nos jours, qui n’a pas de tatouage? (hormis les gens anticonventionnels haha). Mais ici, le tatouage est assimilé aux yakuza – la mafia locale. Il a donc une très mauvaise image et c’est pour cette raison que la majorité des onsen traditionnels l’interdit.

Nous entrons donc dans le bâtiment. Comme partout au Japon, on commence par enlever nos chaussures en entrant dans une maison. (Cela devrait paraître logique, mais c’est vrai que chez nous, ça ne se fait pas systématiquement!) Puis, on se sépare. Un côté pour les hommes, un autre pour les femmes. Ensuite, on se déshabille; l’onsen, c’est à poil que ça se passe! (Et ça ne semble gêner personne).

Pour commencer, je me rends vers des petits coins “douches et miroirs” où chaque Japonaise passe un long moment à se nettoyer: gel douche, shampoing, démêlant, la totale! Pour entrer dans un bain, il faut être propre (les Japonais sont vraiment psychosés des microbes. D’ailleurs, c’est pareil pour entrer dans sa baignoire privée. On se douche d’abord, puis on se baigne.) Une fois ripolinée, je teste les différents bains. Il n’y a que moi comme touriste. Le premier bain est le plus surprenant: il y a, dans l’eau, des minis décharges électriques! Ça commence avec des fourmillements dans les mains, et plus on s’approche des électrodes et plus on sent ses muscles se contracter. (Bon, ben j’espère qu’ils sont bien réglés ces trucs, j’aimerais bien ne pas finir comme Claude François…) Pas très rassurée, je ressors vite de là. Yorick, de son côté, appréciera beaucoup la chose.

Puis, je teste les autres endroits un peu plus communs: sauna, jacuzzi, bain froid. Il y a aussi des baignoires individuelles. A l’extérieur, on trouve des sources d’eau thermale naturelles dans un joli décor de bois, de pierre et de bambous. Dans certains bains, il y a même la TV accrochée au mur (histoire de balancer des pubs pour de la nourriture ou de la boisson. Malins, ils sont! C’est vrai les bains chauds, ça creuse)- Aux vestiaires, il y a tout à disposition: crème pour le corps, peignes (désinfectés aux UV, ça rigole pas) et rince bouche.

C’était une très chouette expérience, et pas trop chère! (1’200 yen, soit un peu moins de 12 CHF).

Kyoto – une ville de traditions

Dans le passé, Kyoto a été la capitale impériale du Japon pendant 1000 ans. Ainsi, cette ville regorge de culture, de vieux bâtiments traditionnels en bois, de temples bouddhistes et d’édifices shintos. On dit que c’est la ville aux 2000 édifices religieux.

Un jour, nous visitons le temple de Ginkakuji ou “temple d’argent”. En fait, c’est plutôt une visite d’un jardin, dans lequel se trouve le temple. Nous arrivons à l’ouverture, et heureusement, car ça grouillera très vite de visiteurs. Le jardin est très joli, avec ses mousses et ses grands arbres taillés comme des bonsaïs. On observe avec curiosité un employé méticuleux – mais alors très, très méticuleux -, qui “balaye” les mousses et le jardin de pierre. Nous tombons ensuite sur un petit sentier au bord d’un canal; c’est le “sentier des philosophes”. Il est garni de cerisiers, presque en fleurs! D’ailleurs, on l’attend avec impatience, cette floraison! encore quelques jours de patience…

Un autre jour, nous décidons de visiter le sanctuaire de “Fushimi Inari”, lieu sacré shinto où il y a “ces grandes portes rouges”. On arrive tôt le matin, histoire d’éviter la foule. On ne s’attend pas à grand chose, mais parait-il que c’est un “incontournable de Kyoto”…Là, on sera agréablement surpris! En fait, ce lieu est immense! Ces grandes portes rouges, appelées “torii” sont présentes par centaines! En fait, elles forment un sentier de 4 km qui grimpe dans la montagne et passe par plusieurs temples du dieu “Inari”. Il s’agit du dieu de la fertilité, de l’agriculture, du riz et du business dans le shintoïsme. Selon les croyances, les renards sont les messagers de ce dieu – ce pourquoi il y a plein de statues à leur effigie!


La structure d’origine a été construite en 711, puis elle a été développée tout au long des siècles. Les torii ont été payés et mis en place par différentes entreprises japonaises pour s’assurer réussite et prospérité. Un torii représente le passage vers le sacré, une transition entre le monde terrestre et le divin. On retrouve également à cet endroit des éléments tirés du bouddhisme. Mais alors, comment ça se passe, la religion au Japon? On ne comprend pas tout.

Les deux principales religions au Japon sont en effet le bouddhisme et le shintoïsme. Le shintoïsme est la religion originale du Japon. Il s’agit d’un culte et d’une vénération de tous les éléments de la nature. On y voit des esprits et des divinités dans les rivières, le ciel, le feu, les montagnes, les animaux… On voue également un culte aux esprits des ancêtres. Dans les sanctuaires, on prie pour attirer les bonnes faveurs de ces esprits: fertilité, richesse, bonheur, réussite à un examen… Le bouddhisme est arrivé plus tard au Japon. Il est venu depuis la Corée et la Chine. Les éléments shintos ont alors été intégrés dans le bouddhisme et vice versa. Aujourd’hui, beaucoup de Japonais se disent “shintos et bouddhistes”, et une grande partie pratique les différentes religions plus par tradition. Il n’est pas rare de voir un Japonais aller prier au sanctuaire shinto lors de la naissance d’un enfant, de se marier dans une église chrétienne avec la robe blanche et toute la tradition qui tourne autour, et de faire enterrer ses cendres dans un cimetière bouddhiste après sa mort.

En tout cas, cette balade dans ces torii est superbe. Plus on monte et moins il y a de monde. Les rayons du soleil qui traversent ces grandes portes oranges subliment le tout, et offrent des nuances de couleurs merveilleuses.

Après un petit snack, je décide d’aller visiter le petit temple “Giogi”, le temple des mousses. Il est tout petit et il n’y a personne ici. C’est tout simple mais très joli. C’est calme, paisible, et enchanteur.

J’en profite aussi, en fin de journée, pour aller faire un tour dans la fameuse “forêt de bambou”. Je l’avais évitée cet après-midi, parce que la foule à cet endroit était juste infernale.

Nous nous baladerons également dans la vieille ville de Gion, avec ses bâtiments traditionnels tout en bois. C’est magnifique, mais QUELLE FOULE! Une vraie usine à touristes!

Le temps des sakuras en fleurs!

Ces quelques jours à Kyoto nous plongent dans un certain suspens…Comme des milliers de Japonais, on attend effectivement avec impatience la floraison des cerisiers. Et elle mettra du temps à arriver!

le 4 avril, c’est le premier jour “officiel” du full blossom à Kyoto. Et il fait grand beau! On se lève tôt, pour pouvoir aller nous balader dans un maximum d’endroits de la ville où nous pourrons admirer les cerisiers en fleurs. On commence par retourner au sentier des philosophes, où les fleurs sont bien plus ouvertes qu’il y a quelques jours. Le soleil matinal sublime le blanc immaculé des pétales et les illumines en traversant les branches. C’est magnifique, ce tunnel de fleurs le long du canal!

On tombe ensuite sur un superbe temple en bois et sur un arbre d’une beauté sans pareille. Puis, on continue notre promenade, et on arrive vers d’anciens chemins de fer désaffectés. Ici encore, les cerisiers sont partout! (Et les gens aussi!) C’est trop drôle, il y a un défilé de jeunes mariés en quête de LA photo romantique de mariage sous les cerisiers. C’est l’industrie de la mariée!

A midi, on craque pour une pizza au feu de bois. Qu’est-ce que ça fait du bien, de la nourriture de chez nous!:-) Dans l’après-midi, on tombe par hasard sur un canal au centre-ville. Là, on se pose sous un cerisier. On profite de s’imprégner de cet endroit, du printemps, du soleil.

On observe les passants: un vieux qui promène son chien dans une poussette (très courant au Japon), une grand-maman et sa petit-fille main dans la main, un couple en vêtements traditionnels prêts pour une photo…Sur la rivière, il y a une petite plateforme où une famille fait une cérémonie religieuse.

Cette journée pleine de poésie nous en aura mis plein la vue! La saison des sakuras (“cerisiers” en japonais), au Japon, c’est vraiment quelque chose! En fait, c’est une véritable fête, un peu comme Noël. Il y a d’ailleurs un observatoire météo “spécial sakura” partout au Japon, afin d’observer le développement des bourgeons et de publier chaque semaine, la date exacte de la floraison qui suivra. Lorsqu’il est temps, les gens se rassemblent sous les arbres pour pique-niquer. Ils appellent ça le “hanami”. Il y a aussi des stands de nourriture un peu partout. Les grandes marques sortent leur édition limitée “spéciale sakura”: coca sakura, burger sakura, starbucks café au sakura, glace au sakura…On peut aussi acheter ou louer des kimonos colorés pour aller faire une séance photo en mode “geisha sous les cerisiers” (Oui, le kitsch est de la partie!) On croisera d’ailleurs des dizaines de personnes en tenues traditionnelles déambuler dans la ville. En tout cas, c’est joli à voir! (Et si jamais, que plus personne ne me fasse de remarques sur les tongs-chaussettes. Ici, ça se fait et c’est hyper classe! 😉 )

Mais alors, pourquoi est-ce si important pour les Japonais, le temps des sakuras? Cela fait des siècles que les Japonais pratiquent le hanami sous les cerisiers en fleurs. La fleur de cerisier symbolise la beauté, la fragilité et le côté éphémère de l’existence selon la tradition bouddhiste. Cette fleur est restée le symbole du pays, et a été utilisée ainsi tout au long de son Histoire. Quand vient le printemps, c’est l’occasion de fêter cela!

Le lendemain matin, on retourne au château de notre quartier – trouvé tout à fait par hasard alors que l’on cherchait un parc. Cet endroit est magique, et surtout: il n’y a que nous comme touristes. Là encore, le soleil est de la partie. La floraison est à son apogée, c’est d’une splendeur! Et quelle sérénité il règne dans ce parc! On se pose alors dans l’herbe sous un arbre fleuri, et on chillera ici pendant plusieurs heures, loin de la frénésie du centre-ville.

Je sors la guitare, on profite de l’instant présent. (C’est dingue, mais parfois on a tendance à oublier de profiter du moment présent, pris dans la frénésie des endroits trop touristiques et des photos à prendre). Au fil du temps, des locaux commencent à arriver. Il y a même une sortie spéciale “sakura” d’un EMS qui passe par là. Des familles s’installent sous les arbres avec leur pique-nique. Ces scènes sont merveilleuses à regarder, et tout se passe dans une jolie harmonie. Ah, les coins trouvés par hasard, ce sont vraiment les plus chouettes!

Sakuraï et Yoshino

On termine notre séjour dans la région du Kansaï par la visite du parc national de Yoshino. Pour ce faire, on prend un train et on s’installe dans la petite ville de Sakuraï, dans notre chambre “chez l’habitant” pour deux nuits. La maison est très traditionnelle. Nous dormirons sur des futons posés sur un tatami.

Nos hôtes sont un couple de retraités super gentils. Bien qu’ils ne parlent pas un mot d’anglais, on arrive à communiquer avec un traducteur. Sakuraï est une petite ville oubliée du tourisme. On l’a d’ailleurs choisie un peu par hasard, juste parce qu’elle ne se situait pas très loin du parc national. Ce dernier est très joli. Il se situe dans les montagnes, et est célèbre pour ses “3000 sakuras”. Cependant, lors de notre visite, la plupart n’est pas encore en fleurs.

On en profite quand même pour faire une jolie balade dans la forêt. Ce sera finalement à Sakuraï que l’on reverra de magnifiques arbres. (Le hasard fait encore une fois bien les choses). On visitera un très joli temple et on se fera un petit pique-nique sous une masse de cerisiers au bord de la rivière. C’est dingue, la quantité qu’il y en a, on dirait de la neige!

Le vent joue aussi son petit rôle, et ce sont des milliers de petits flocons de pétales qui dégringolent sur nos têtes. Qu’est-ce que c’est féerique! Aujourd’hui, c’est nous qui faisons le hanami! (enfin, nous et quelques autres habitants de la ville. Plusieurs d’entre eux viendront gentiment papoter avec nous, histoire de savoir qui on est, qu’est-ce qu’on fait ici, et où on loge étant donné qu’il n’y a pas un seul hôtel dans la ville).

Ces quelques jours printaniers nous ont enchantés! Maintenant, on change de décor. C’est parti pour le bus de nuit direction la grande mégapole de Tokyo!