Direction le village de Jardin!

On quitte El Chocò, direction le petit village de Jardin (à prononcer “Rardine”). Une longue journée de transport nous y mène. Nous prenons d’abord un tuk tuk pour l’aéroport de Bahia Solano. Là, on embarque dans un petit avion 14 places pour retourner à Medellin. On atterrit sans encombre, mais ça branle comme il faut! Puis, direction le terminal des bus. En un éclair, on achète un tiquet, et nous voilà partis pour quatre heures de minibus.

On arrive à Jardin en début de soirée sous une pluie fine. Ce village se trouve dans une campagne champêtre. On décide d’y rester trois jours, histoire de simplement se reposer, se faire quelques bons restaurants (on en rêvait, après 9 jours de riz à El Chocò), des petites balades ainsi qu’une lessive géante. (On donne absolument TOUS nos habits à laver. Là, il y a URGENCE SANITAIRE! L’humidité de la côte pacifique, ça ne pardonne pas.) Ici, on retrouve un climat bien plus frais, qu’est-ce que ça fait du bien!

Jardin, c’est un petit village antioquien coloré comme il y en a plein en Colombie. On y retrouve une grande place centrale avec un parc et une église, des bancs publics où des vieux monsieurs papotent, habillés de leur chapeau et de leur poncho sur l’épaule. Tout autour, il y a plein de terrasses et des cafés. Les façades des maisons sont colorées et les fenêtres sont garnies de jolis barreaux et volets tout en bois. Tout est ouvert, et en jetant un œil à l’intérieur des habitations, on y découvre des jolies cours intérieures décorées de plantes vertes, illuminées par les rayons du soleil.

Ce village est assez touristique mais pas trop. Il y a peu de gringos, ce sont plutôt des touristes colombiens que l’on rencontre. On se fera deux petites balades, et il y a un mot qui reviendra souvent pour les qualifier: bucoliques!

Balade en direction de la “cascada del amor”

Le premier jour, on suit un petit chemin pavé de pierres rondes, au milieu de fleurs. On aperçoit un magnifique arbre garni de fleurs jaunes, où butinent des colibris. Puis, on suit un sentier qui longe une rivière. On se croirait dans la jungle! Là, on entend un oiseau bien étrange; on dirait un harmonica! On décide de se faire discret. Il paraît que l’on peut apercevoir ici plein d’oiseaux exotiques. Et notre patience sera payante! On aperçoit un “mot mot” (merci Wikipedia) ainsi que l’oiseau star du coin; le coq de roche! Il est rouge vif, avec une crête étrange sur la tête.

On découvre aussi avec émerveillement un papillon dont les ailes sont transparentes! La nature est incroyable quand même. On continue la balade, ravis. On traverse un paysage de campagne où poussent des cultures de bananiers et de café. Sur les collines, on aperçoit des fincas colorées dont les jardins sont décorés de fleurs. (Les fincas, ce sont les ranchs locaux). On s’arrête alors dans le jardin fleuri d’une grand-maman, elle vend des jus de fruits maisons. Je pense qu’il n’y a pas d’endroit plus mignon pour faire une pause! On boit un jus d’orange en compagnie de son petit-fils de 4 ans, du chien et du chat.


En fin de journée, on se rend au “Parque natural”, petite attraction du coin. Il se trouve chez une dame qui habite à l’orée de la forêt. Un jour, elle a remarqué qu’il y avait des coqs de roches qui se rassemblaient ici pendant environ une heure dans la matinée, puis revenaient pendant une heure en fin de journée. Elle a donc décidé de créer une mini réserve naturelle privée et de faire payer une entrée dans sa propriété, pour que les gens puissent venir observer le spectacle. (Il n’y a pas de petit profit! Bon, l’entrée coûte seulement 2 CHF…). Cela fait 15 ans que les oiseaux se donnent rendez-vous ici à ces deux moments précis de la journée, pour y  faire leurs parades nuptiales. C’est chouette à observer, il y en a tout plein!

Balade en haut de la colline du grand Jésus

Le deuxième jour, on commence la journée avec un petit café sur une terrasse. Puis, je me fais une petite coupe de cheveux à 8’000 pesos (donc 2.50 CHF). C’est une vraie coiffeuse cette fois! Enfin! Je passe au-dessus de mon traumatisme lié à ma désastreuse expérience capillaire népalaise.

Aujourd’hui, on part se balader sur l’autre versant de la montagne. On grimpe sur la colline d’en face, accompagné par un adorable chien noir qui nous a adopté. On traverse des cultures de bananiers. Une fois arrivé au pied de la statue de Jésus, au sommet de la colline, on boit un jus de maracuya dans un bouiboui. Là, on a une vue spectaculaire sur le village et les montagnes verdoyantes juste derrière.

A ce moment, un orage éclate. On profite alors de l’abri de la buvette pour attendre que le soleil revienne. Notre chien nous attend sagement, endormi à nos pieds. (Si on avait pu, on l’aurait ramené en Suisse celui-là…comme les 350 autres que nous avons croisés pendant ce voyage!)

Direction, Filandia, la région du café!

Puis, on s’en va pour une nouvelle longue journée de transports direction Filandia! A notre grande surprise, on embarque dans un moyen de transport tout droit sorti d’un film! Il s’agit d’une sorte de jeep géante tout en bois, de toutes les couleurs. Il n’y a pas de fenêtre, tout est ouvert. On s’assied sur des grands bancs de bois. On doit bien être sept personnes par banc et bien 50 personnes en tout la-dedans! Heu…Mais c’est vraiment prévu pour faire trois heures de trajet dans les montagnes ce truc-là?!

A voir, oui c’est prévu. On grimpe alors sur des routes en terre qui serpentent dans la montagne, avec de la musique latino à fond les ballons! (Aux gens qui ont du mal de dos ou des transports, s’abstenir.) On enchaîne la journée avec deux autres bus, un grand car et un colectivo (mini bus local) avant d’arriver enfin à destination. Filandia, c’est un petit village touristique mais pas trop (moins que son voisin Salento). C’est surtout un bon point d’encrage pour visiter la région du café!

Visite d’une ferme à café

Un jour, on joue les vrais touristes en allant rendre visite à un producteur de café. En tant que grands consommateurs, on s’est dit que ça serait cool d’en savoir un peu plus sur la production!

On se rend donc à la finca en colectivo. Là, on est accueilli par “El señor Juvenal” dans sa ferme “Secretos del Carriel”. Il nous prête un beau chapeau et un beau poncho (les vrais touristes de base) ainsi qu’un panier en osier qu’il accroche autour de notre taille. Nous voilà prêts pour la cueillette! On le suit dans la plantation, et on récolte les grains de café directement sur l’arbre. Il y en a des rouges et des jaunes. Il nous explique plein de choses , et c’est là qu’on est content d’avoir appris quelques bases d’espagnol.

Puis, on passe le tout dans un petit moulin, qui enlève l’enveloppe et fait sortir la graine. (Le petit moulin, c’est pour les touristes. Monsieur Juvenal, lui, utilise une machine électrique plus grande pour sa production).

Les grains sont ensuite mis à sécher au soleil pendant quelques jours.

On prend donc des grains secs pour continuer! On enlève la petite “croise”, puis ils sont prêts pour être torréfiés! On les cuit donc dans un récipient au-dessus d’un feu de bois, et une fois que les grains sont devenus bruns; ils sont prêts! On les moud une dernière fois, et puis nous pouvons déguster un café préparé par nos soins, de la cueillette à la tasse! 🙂 chouette expérience!

(Ci-dessous une photo bien cadrée, faite par la femme de notre hôte:)

La vallée de la Cocora

Ce matin-là, on se lève tôt et on prend une “willys” jusqu’à Salento! Ici, les jeep willys font office de transports publics. Le but est simple; entasser le plus de monde possible et s’en aller quand la jeep ne peut pas être plus pleine! Notre record personnel, c’est 15 personnes.

A Salento, ville très touristique, on embarque dans une seconde jeep et on arrive finalement à l’entrée de la fameuse vallée de la Cocora! C’est l’un des coins les plus touristiques de Colombie, mais bon…Vu que c’est la Colombie, “touristique” n’a pas encore la même définition qu’ailleurs. On se retrouve alors dans une verte campagne avec de grandes collines un peu partout. C’est là que débute la fameuse randonnée d’un jour que nous nous apprêtons à faire.

Nos sacs sont remplis d’eau et de “papas rellenas”, sorte de boules fries de purée-œuf dur-poulet-légumes. Un repas complet hyper compact! “Une seule bouchée suffit à  nourrir l’estomac d’un adulte”, un peu comme le pain elfique.

On commence avec le célèbre sentier des palmiers. Dans une vallée entourée de montagnes et de forêt, il y a de grandes collines d’herbes où poussent les plus hauts palmiers du monde; “Las palmas de cera”, ou palmiers de cire. Certains peuvent grandir jusqu’à 60 mètres de haut! C’est très impressionnant. On se demande comment ils tiennent debout, avec un tronc si fin!

Nous sommes émerveillés par ce paysage à la fois étrange et champêtre. On continue la randonnée en suivant un chemin dans la forêt, jusqu’à la “finca de la montaña”, perchée à 2’800 m d’altitude. En haut, on découvre un magnifique jardin fleuri. Là, on est surpris d’apercevoir…plein de petits colibris! Ils sont si rapides, avec leurs petites ailes qui vibrent. Ils viennent butiner les fleurs en forme de cloche, c’est très bucolique. Je dépasse mon quota de photos à la minutes (c’est difficile à photographier, les colibris! Oh, nonnnn, encore un long tri de photo à faire…)

Puis, on entame la descente en empruntant un sentier sinueux qui serpente dans la montagne. La végétation est dense; c’est la jungle! Je suis émerveillée par cette forêt, ces lianes, ces mousses, ces orchidées, ces pins immenses. On traverse des ponts suspendus “home made” au-dessus de la rivière.

Puis, le sentier sort de la forêt et on se retrouve dans une charmante campagne. Le soleil descendant illumine et réchauffe le paysage. Il y a des vaches dans les collines, des ânes qui transportent des boilles. Avec Yorick, on chante la musique de la Comté, ça va si bien avec ce décor champêtre. On a tout simplement adoré cette balade!

Ces quelques jours dans la région du café ont été bien reposants. Maintenant que nous sommes fins prêts pour reprendre la route, nous allons nous diriger vers un peu plus d’aventure: et c’est parti pour réaliser un rêve d’enfant, c’est parti pour l’Amazonie!