Nous quittons Budapest vers midi, après avoir pris un café avec Mustafa, un lybien qui a bien voulu nous faire de la place à sa table.

DANS NOS PLANS :

Dans nos plans, il s’agit de faire 5h30 de train jusqu’à Subotica en Serbie. Ici, on prévoit de réserver deux places dans un train couchette au bureau d’informations de la gare. (Si on ne réserve pas, malgré le billet interrail, on peut ne pas avoir de place dans le train ! Et on ne peut rien faire sur Internet pour ce pays). On prévoit également d’y acheter de quoi souper, pour ce soir dans le train. Puis, nous pensons dormir confortablement pendant les 15 heures 30 du train de nuit jusqu’au Monténégro. OUI MAIS.

DANS LA REALITE :

Après 5 heures et 30 minutes, nous arrivons à la frontière Hongrie-Serbie. Le train s’arrête. Des douaniers peu commodes prennent nos passeports et sortent du train avec, sans aucune explication. Les minutes passent et on se questionne (un peu inquiets quand même). 30 minutes plus tard, nos passeports nous sont rendus. OUF ! Le train repart, et on se rend compte que la gare de Subotica est trop ghetto pour y trouver un bureau d’informations pour réserver nos billets train-couchette de ce soir.

On prend donc le pari de rester dans ce train jusqu’à Belgrad, et on improvisera sur place à la gare.

5 heures 30 minutes plus tard, on y arrive. On apprend que le train de nuit n’est rien d’autre que la partie avant de notre train actuel, qui va se décrocher et partir sans attendre pour le Monténégro.

Ni une, ni deux, à peine le train arrêté, on en sort en courant tel Flash Gordon, pour remonter dedans, mais à l’avant. Pas eu ni le temps de réserver une couchette, ni le temps de faire des courses ! On trouve par miracle deux places assises…dans le pire wagon du train !

Rempli de gens à raz bord (et d’un carlin qui ronfle à la place de respirer), pas de couchettes, des lumières allumées toute la nuit, un wagon bourré d’humidité et sale. Une odeur de clope flotte dans l’air, mêlée à une forte odeur d’urine. Evidemment, nos places se trouvent à côté de la porte qui sépare notre compartiment du suivant. Cette dernière est cassée et claque à chaque courant d’air, laissant apparaitre les fumeurs et les toilettes. Mais ce n’est pas tout ! Des supporters bourrés boivent de la vodka à la bouteille et hurlent dans tout le wagon, nous n’avons rien pour souper, il est 23 heures, nous venons de faire plus de 11 heures de train, et nous voilà repartis pour…10 heures de train supplémentaires ! ON RESPIRE, TOUT VA BIEN SE PASSER (enfin, on ne respire pas trop, vu les odeurs).

La distance Belgrad (Serbie) – Podgorica (Monténégro) n’est pas énorme, mais le train doit bien faire du….40 km/h ! (et il s’arrête toute la nuit, à chaque fois 20 minutes par arrêt). Le train serbe, une merveille !

Après une nuit difficile, on se rend compte que tout est une question d’adaptation finalement. Au fil des heures, tout cela ne nous semble plus si terrible. On papote avec les sympathiques voyageurs serbes assis à côtés de nous. A travers les vitres sales, on s’émerveille des paysages montagneux monténégrins après avoir passé la frontière.

Enfin arrivés à Podgorica, capitale du Monténégro, on se jette dans une pizzeria pour manger un repas (très attendu !). C’est la délivrance !

Requinqués, on se relance dans 2 heures 30 de bus (histoire de compléter nos 21 heures de trajet, on trouvait ça un peu trop court) jusqu’à Kotor. Les paysages de montagne et de mer sont magnifiques !

On arrive finalement à Stoliv, un petit village typique étalé le long d’une route du fjord, un peu plus loin que la très touristique Kotor. Cet endroit est pittoresque ! On arrive dans un « camping » champêtre dans le jardin d’une grand-maman. Ce cadre est juste idyllique ! Des arbres fruitiers, des kiwis, des figues, des raisins, des pruneaux, le bruit des cigales en musique de fond, une poule, trois vaches et des chatons. Il y a une douche extérieur (au pied d’un poteau électrique ?!) et surtout, une vue imprenable sur le fjord, ses montagnes et ses villages de petites maisons de pierre aux toits de tuiles rouges. On n’attend pas longtemps avant d’aller se baigner dans l’eau chaude et cristalline de l’Adriatique, à 100 mètres de notre tente. Un avant-goût de paradis !

Pour terminer cette rude journée sans fin en beauté, nous soupons des fruits de mer dans un restaurant à même les flots.