Le trajet sans fin pour la Colombie

Le 13 août au soir, nous quittons l’Indonésie pour la Colombie! Mais cela ne se fait pas en un clin d’œil, on a quand même 40 heures de trajet devant nous, en comptant le bateau, le taxi, quatre avions, trois escales. On fait donc Bali-Sydney (6 heures de vol), puis escale de 6 heures. Ensuite, Sydney-Santiago du Chili (12 heures de vol), escale de 3 heures. Vient alors Santiago-Bogota (6 heures de vol), escale de 2 heures. Enfin, Bogotà-Medellín, 1 heure de vol.

On arrivera à bon port, sans retard, et sans avoir perdu nos bagages en chemin! On aura quand même remonté le temps, avec un décalage horaire de 13 heures en négatif. Autant vous dire qu’on arrive à Medellín tels deux zombies en décomposition, et ce jet lag ne durera pas moins d’une semaine. Les premières nuits, on se réveillera à 1h30 du matin frais comme la rosée, le cerveau au taquet pour entamer une nouvelle journée! heuuuu… Ça ne va pas être possible tout ça. On passera donc plusieurs nuits à regarder des séries, puis on sera crevé les après-midis suivants. (Beau début!)

En arrivant sur le sol colombien, on a obtenu un visa gratuit de 90 jours (trop beau. Ça nous change de ces rapaces de l’immigration en Asie hahaha!) et on commence alors une toute nouvelle aventure dans un tout nouveau continent; l’Amérique du Sud!

On débute notre expérience avec un souhait: poser nos sacs quelques temps, retrouver une routine et ne pas faire trop de tourisme. Parce que voyager, ça fatigue, et après plus d’une année sur les routes, on ressent le besoin de ralentir. C’est aussi le meilleur moyen de vraiment s’imprégner de l’atmosphère d’un endroit. Et puis bon, on ne parle pas un mot d’espagnol, alors ça serait pas mal d’apprendre quelques bases histoire de pouvoir papoter avec les gens pendant notre voyage. Si on a bien fait du “Duo Lingo” pendant quelques mois, savoir dire “El elefante bebe agua” n’est pas encore la chose la plus utile.

Ahhh Medellín, ville de 2’500’000 habitants, coincée dans une vallée verdoyante. Son petit nom, c’est la “ville de l’éternel printemps”, car son climat est printanier toute l’année. (Un peu trop “fin de printemps-début de l’été pour nous, par contre. Il fait chaud!)

A l’étranger, elle est principalement connue pour son passé sombre. Baignée dans le narco trafic, c’était la ville de feu Pablo Escobar – baron de la drogue et criminel le plus riche et célèbre de l’histoire. (On avait déjà découvert ça en regardant la série “Narcos”, voyez d’où vient notre culture!) Mais bon, on n’a pas choisi cette ville pour ça. En fait, on en a entendu que du bien en parlant avec d’autres voyageurs et en lisant des blogs de voyage. Il parait que les gens sont gentils et ouverts ici, parfait pour apprendre une langue.

Un mois à Laureles

Nous choisissons de nous installer dans le quartier de Laureles. C’est un district riche et relativement sûr. Il a des petits bars et des restaurants du monde entier, et il est moins touristique que celui de “El Poblado” qui lui est très animé avec moult boîtes de nuit. Du calme et de la tranquillité, ça a l’air pas mal tout ça! (Devient-on vraiment des vieux cons?)

On passera un peu plus d’un mois ici, réparti dans deux airbnb différents. Notre premier constat en arrivant dans notre quartier, c’est que ça semble propre et assez moderne. On dirait une ville américaine. Les bâtiments sont tous de brique rouge, les rues sont très larges, il y a pas mal de végétation et de très grands arbres dans les allées. On remarque aussi que tout est barricadé: portails de fer, barreaux à toutes les fenêtres, caméras de sécurité…Rassurant! (ou pas). Nous passons donc deux semaines dans un premier appartement. On paye environ 12 CHF la nuit pour les deux, donc c’est intéressant!

On est en colocation avec d’autres voyageurs: Audrey, septentenaire canadienne, Andrew, retraité anglais habitant aux USA, Samy, étudiant français en Erasmus, Kya et April, américaines en voyage. Tous restent ici plusieurs semaines voire plusieurs mois. Ils ont vraiment des histoires intéressantes! Audrey est incroyable. A 73 ans, elle part chaque année quelques mois, seule, dans une grande ville d’Amérique du Sud. Elle vit la nuit comme elle dit, et elle n’a pas peur de se balader seule le soir dans les ruelles de Medellín. Dans le passé, elle a vécu longtemps au Japon en tant que “chanteuse pianiste”. Andrew, lui, respire la gentillesse. Il a été revendeur de marchandises en Asie et camionneur aux USA. On a de supers discussions, mais disons que c’est pas l’anglais qu’on aurait besoin de pratiquer 😉

On apprécie le calme et la taille conséquente de cet appartement. On a une petite chambre cosie, et la cuisine est bien équipée. A proximité, il y a un grand centre commercial, Exito, avec un supermarché de compétition! (Un peu comme les walmart aux USA.) Certes, le prix est plus élevé qu’ailleurs, mais on est trop content de faire nos courses nous-mêmes, et de nous cuisiner des pâtes bolo et autre nourriture qui nous manque tellement!

Retour à l’école

On trouve alors une école d’espagnol dans le coin, “Colombia Immersion”. On s’y rend et on se réserve un cours, après avoir fait un “interview” en espagnol pour faire le point sur notre niveau. (C’est déjà ambitieux de parler de “niveau” hahah!) L’interview se passe bien. Si je comprends relativement bien les questions que la prof me pose, pour répondre, c’est de l’art! Je baragouine un itafranglognol, mélangeant toutes les langues que je connais, inventant des mots en mettant des “o” à la fin. C’est beaucoup trop drôle!

On fera quatre heures d’espagnol par jour pendant un mois. La première semaine inclut des “coachings”. Ce sont des sessions privées d’une heure où on ne fait que parler avec un étudiant colombien. De quoi décupler nos connaissances en moins de deux! Chaque semaine, on aura un prof différent. Avec nous, d’autres étrangers, maximum sept personnes par classe. On fait de chouettes rencontres, et le personnel de l’école est vraiment bienveillant et ultra sympathique.

On apprend alors que la maison où on fait les cours, et bien ce n’est autre que la maison où Pablo Escobar a passé la fin de sa vie, et c’est là, sur ce toit, qu’il a été tué par la police. Et bien, puisse son fantôme nous aider à apprendre l’espagnol! Plus sérieusement, les habitants de Medellín ne sont pas fiers de cette histoire, et d’ailleurs beaucoup d’entre eux n’apprécient pas le fait qu’Escobar soit devenu une célébrité. Ils pensent que les étrangers ne réalisent pas à quel point il a été un criminel sanguinaire. Ils voient d’un très mauvais œil le tourisme qui lui est lié. En effet, à Medellín, il existe des tours “Escobar” pour visiter les lieux de sa vie, et d’ailleurs il y a tous les jours des touristes qui viennent photographier l’école. (Vu qu’on est souvent sur la terrasse, on doit être sur pas mal de photos 😉 ). En guise de protestation, un artiste a dessiné un dessin sur le mur. Il représente la mort d’escobar (Le porc mort) et son numéro d’identification lorsqu’il était en prison.

Pour un résumé de la petite histoire, Escobar a été le moteur du traffic de cocaïne des années 70 aux années 90. C’est son cartel qui gérait tout, de la production dans la jungle à la vente aux Etats-Unis. Il a bâti un empire et avait une fortune estimée – à l’époque déjà – à 30 milliards de dollars! Il faisait tuer tous ceux qui se trouvaient sur son chemin, a fait assassiner des hommes politiques, et même fait cracher un avion de civils avec une bombe, afin de tuer un politicien qui aurait dû se trouver à l’intérieur. Tout le monde le craignait, car il avait une grande partie de la population de son côté. En effet, il a fait construire des infrastructures et des quartiers entiers pour les pauvres, ce pourquoi beaucoup de gens le protégeaient, l’adulaient et l’adulent encore aujourd’hui. Il était si populaire qu’il s’était même présenté aux élections (sans succès). Enfin, lorsqu’il a été attrapé par les forces de l’ordre une première fois, il a réussi à les “convaincre” de le mettre en prison dans l’endroit de son choix. Il a donc fait construire sa propre prison, une gigantesque demeure avec salles de jeux, piscine et monstres noubas tous les soirs avec ses hommes, de la drogue et des filles. La police avait interdiction d’approcher, et, évidemment, il pouvait encore gérer son traffic de drogue depuis sa “prison”. Bref, il en est sorti et a été recherché dans tout le pays. Le 2 décembre 1993, il s’est fait tuer sur le toit de notre école par les services de la DEA. Mais voilà. Medellín ne se résume pas à la capitale d’Escobar, et c’est bien ça que les gens d’ici aimeraient montrer au monde.

En reparlant de notre expérience à l’école, on participe aussi à une ou deux activités qu’elle organise. On fait un cours de cuisine, où on apprend à cuisiner les empanadas colombiennes. Ce sont des espèces de demi lunes de pâte au maïs fries, fourrées avec de la farce. C’est pas mal bon! Un vendredi soir, on se rend à “l’intercambio de Idiomas”, où des jeunes colombiens sont invités à l’école pour faire connaissances avec nous, étrangers. L’idée est de pouvoir pratiquer notre espagnol avec eux, puis qu’ils puissent pratiquer leur anglais, le tout autour d’une bière sur fond de jeux et de musique. C’est vraiment chouette, on apprend à connaître plein de jeunes intéressants. C’est gratuit et la monnaie d’échange, c’est juste de la curiosité et de la bienveillance. C’est vraiment génial comme concept! Il y a beaucoup plus de locaux que d’étrangers. En effet, les gens parlant anglais, c’est assez rare dans le coin, alors les colombiens qui veulent apprendre profitent à fond de cette soirée du vendredi.

On prend nos petites habitudes

Afin de vraiment s’imprégner de la culture, nous décidons de prendre un cours de….salsa! 10 heures réparties sur le mois, avec “Angie”. C’est un peu une nazie de la danse mais elle est super bonnard (c’est ça qu’il faut, de la rigueur!). On apprend vite, mais on est loin d’avoir le déhanché colombien hahaha! Haaa la musique latino. Ce n’est pas un mythe, il y en a partout ici! Dans les rues, dans les taxis, à l’école, dans les cafés…C’est l’ambiance sonore officielle, et j’adore! A deux reprises, on se fait une sortie au “Son Havana”, véritable temple de la salsa. Il fait sombre dans ce bar, 40 degrés, musique à 4000 décibels et des gens partout. Tous dansent la salsa, c’est trop beau à voir! Nous, et bien on essaye à notre échelle, mais on a plutôt le style “bar à mine”. Un soir, on assiste à un super concert live avec pas moins de 10 musiciens sur scène! Deux chanteurs, un pianiste, trois trompettistes, un contrebassiste, et plusieurs percussionnistes. C’est juste extra! Quelle ambiance, caliennnnnnnte, caliennnnnte!

On prend vite nos petites habitudes, ici. On se rend à l’école à pied, chaque matin. A midi, on mange souvent dans un stand de nourriture au marché couvert la “placa americana”. C’est un marché local où il y a de tout: fruits, légumes, fleurs, ustensiles de cuisine, viande…

A midi, il y a plein de petites échoppes qui font le “menu del dia”. On se rend toujours au même, et les deux tenanciers deviennent nos potes ;-). Le plat complet coûte 8’000 pesos (soit 2,30 CHF) et comprend une “sopita” (soupe aux légumes), un “jugo” (jus de fruit; je prends toujours le jus de maracuya, le fruit de la passion colombien), et une assiette avec riz, avocat, banane plantain, petite salade et une viande grillée à choix.

C’est vraiment bon! A noter qu’ici, les fruits, c’est une véritable institution! Il y en a une variété incroyable, et beaucoup qu’on ne trouve qu’en Colombie. On achètera d’ailleurs les fruits les plus bizarres, histoire de goûter. Tous les matins, ça sera le pitaya (fruit du dragon, mais jaune) et grenadilla (sorte de fruit de la passion) dans mon muesli.

Il y a aussi l’avocat, qui est une star locale! On le trouve partout, dans tous les menus du jour. Il faut dire que ça pousse partout, et que ça coûte même pas 1 CHF pour 500 grammes. Enfin, niveau transport, on se déplace beaucoup en Uber, hyper bon marché et safe. On testera aussi quelques fois le métro, dont les paisas (c’est le petit nom des habitants de Medellín) sont si fiers. Et il y a de quoi! Il est moderne, propre et très pratique.

Un jour, on revoit Santiago, un ami colombien que nous avions rencontré….En Turquie! Et ouais, ayant vu sur Facebook que nous nous trouvions désormais dans sa ville, il nous a contacté pour nous revoir (c’est officiellement le dernier avantage qui fait que je ne supprime pas Facebook). Santiago vient donc nous chercher un après-midi, pour nous faire un petit tour guidé. On goûte un “Salpicon” dans un bouiboui. Il s’agit d’une salade de fruits avec de la glace, petit snack que les gens mangent généralement dans l’après-midi. C’est trop chouette d’avoir revu Santiago, comme quoi les rencontres de voyage ne sont pas toujours éphémères.

Un weekend, on décide de se rendre au Parque Arvi. Pour se faire, on prend d’abord un Uber jusqu’à la station Santa Domingo. La voiture grimpe dans la montagne, et là on aperçoit une toute autre facette de la ville: les bidonvilles, les “favelas” de Medellín. Le contraste est saisissant.

Si Laureles est un quartier riche, ici, et bien, ça n’a plus rien à voir. La pauvreté est flagrante, et on est pourtant dans la même ville. Des petites baraques de briques et de tôles d’agglomèrent les unes aux autres dans la pente de la montagne. C’est assez chaotique. Notre taxi zigzague sur des routes hyper raides et très étroites. On comprend maintenant l’utilité du “metro cable”, le téléphérique. Il part de l’autoroute jusqu’à ces quartiers, puis de ces quartiers jusqu’à derrière la montagne, dans la forêt. En 20 minutes, on survole une ville grouillante et on se retrouve en pleine nature. Incroyable! C’est d’ailleurs ici que les gens viennent le weekend, pour faire un pique-nique en famille, se balader ou faire du sport. Dans la cabine, un jeune colombien entame la conversation avec nous. Il est sympa, et on apprend plein de choses! Par exemple, il parait que le gouvernement de Medellín vient de faire un lâcher de moustiques (oui oui, vous avez bien entendu!). Ces derniers, infectés par un “bon” virus, ont pour mission de s’accoupler avec les autres moustiques afin d’éradiquer des maladies comme la dengues, Zika ou la fièvre jaune. Intéressant, non?

On se balade alors un après-midi en pleine forêt, au milieu de grand cyprès qui craquent et grincent avec le vent. Un bon bol de nature!

Guatapé

Un weekend, on décide de partir en vadrouille dans le petit village de Guatapé. Il s’agit d’un magnifique village colonial à deux heures de bus de Medellín. Le trajet pour y parvenir est joli. On traverse de vertes campagnes, c’est bucolique. Le contrôle de flic à mi trajet est moins bucolique par contre: contrôle d’identité pour tous les hommes du bus et fouille de mon sac. Nonnnnnnn! mes petites culottes à cœur bleu achetées 100 yen au Japon ont été étalées au grand jour!!!

Bref. On arrive à destination. On rencontre alors nos amis Yannick et Nicole, qui voyagent depuis un an en Amérique du Sud avec leur van. Etant dans la même région, on s’est donné rendez-vous ici! C’est drôle de revoir des gens de chez nous à l’autre bout du monde. Ensemble, on grimpe d’abord les 702 marches de la Piedra del Peñol. C’est un monolithe noir de 220 m de haut, planté là, au milieu de la campagne. La vue sur le réseau de lacs alentours est superbe!

Puis, on prend un tuk-tuk direction le village. Il a été colonisé par les conquistadors espagnols au début du 16ème siècle. Il est maintenant très axé sur le tourisme, et on comprend pourquoi! Ce village est sublime. Au centre, une petite place pavée avec une fontaine, entourée de terrasses. Il y a une petite église avec deux tours, dont l’intérieur est tout en bois.

Cette place est charmante. On se pose sur une terrasse et on découvre le “Bandeja paisa”, plat traditionnel local. Il s’agit de gros pois et de riz, agrémentés d’un morceau d’avocat, de lard fris (chicharon) et de saucisses, avec un œuf au plat par-dessus. Très léger tout ça!

Puis, on se balade dans les ruelles pavées, qui sont de toutes les couleurs! Chaque façade de chaque maison est joliment peinte de couleurs vives, avec des moulures toutes différentes. Certaines représentent des fleurs, des papillons, des bateaux, des oiseaux, des scènes de campagne avec des ânes et des paysans…Certaines représentent le hobby du propriétaire de la maison, comme le parapente ou le paddle.

C’est vraiment magnifique, et ça donne une belle harmonie à ce village! Il y a plein de boutiques souvenirs aussi, et on se fait plaisir à jouer les touristes. Finalement, on aura testé presque toutes les terrasses (en fait il n’y a pas mille autres choses à faire ici ;-).

Deux semaines chez Daniel et Claudia

A la fin de notre deuxième semaine, on doit changer d’appartement, car il n’est malheureusement plus disponible. On trouve alors un autre airbnb à 10 minutes à pied d’ici. Nous allons loger dans une chambre chez l’habitant. On rencontre nos hôtes; Daniel et Claudia,  un jeune couple sans enfant mais avec deux chats, qui ont vraiment l’air d’être leurs enfants! (non, ceci n’est pas un bébé: )

Isis et Dante, ce sont les deux chats charismatiques qu’on adorera très vite! Ils prendront d’ailleurs leurs aises en s’incrustant dans notre chambre régulièrement. Dante, c’est un chien dans le corps d’un chat, il nous fait trop rire.

Quant à nous, on a spécialement choisi cet endroit afin de vivre avec des locaux, et surtout, afin de pouvoir pratiquer notre espagnol! Claudia est ingénieure de formation, et Daniel est avocat. Au fil des jours, on se rendra compte que ce sont des gens merveilleux avec le cœur sur la main. On partagera de très chouettes discussions, et ils auront la gentillesse et la patience d’écouter et de corriger notre espagnol approximatif.

Vivre un match de foot en Colombie

Un dimanche, ils nous proposent de les accompagner à un match de foot au stade de Medellín…On accepte directement leur invitation! Selon Daniel, le match s’annonce épique. Il s’agit de la confrontation entre l’équipe “nationale”, le “Atletico National” et l’équipe de la ville de Medellín. Pour vous faire une idée de la tension de la rencontre, c’est un peu comme un match Real Madrid vs Barcelone. Daniel et Claudia sont pour le Atletico National, du coup nous aussi! 😉 On s’achète de belles casquettes de supporters vu qu’on a oublié les nôtres et qu’on sera en plein cagnard.

A peine arrivés au stade, c’est déjà bien animé dans les rues. Les gens sont habillés aux couleurs vert et blanc ou rouge et bleu. Il y a un bus avec des gens au taquet sur le toit, chantant et brandissant des drapeaux de Medellín. Il y a aussi des flics absolument partout, dont la police montée sur des chevaux immenses. Là, un camion rempli de flics arrive et se fait copieusement siffler par les gens dans la rues. Ça annonce tout de suite la couleur…

Dans le stade, les gens chantent comme des malades avant, pendant et après le match, sans jamais une interruption. De chaque côté du stade, il y a une fanfare pour chaque équipe. Il y des banderoles partout, dont des drapeaux géants qui recouvrent toute une partie du public. Un peu avant que le match ne commence, des fumigènes aux couleurs des équipes assombrissent le ciel. D’ailleurs, ce dernier est survolé par des hélicos de police et même de l’armée! Ça fout un peu les boules tout ça…

Le stade de 43’000 places est presque plein. Le match commence, et déjà on entend de partout des “PUTA!” et des sifflements. Ohhhh les gens sont chauds bouillants! Quelle ambiance, c’est trop drôle. Le foot, ici, c’est un autre niveau! Notre équipe, l’A.N., écrasera l’autre avec un 4 à 1. Contrairement aux supporters, les joueurs sont assez fair play entre eux. Une fois le match terminé, on ne traine pas et on rentre. On apprendra dans les news qu’il y aura eu pas mal de violence dans les rues, avant et après le match. (Dont des gens qui se frappaient à grand coup de machettes. C’est pas des hooligans de pacotille en Colombie).

Arrivés à l’appartement, Claudia et Daniel nous invitent à souper avec de délicieuses pizzas maisons. On est trop content d’avoir pu partager cette journée avec eux!

Mon anniversaire

Le 14 septembre, c’est mon anniversaire! 🙂

Le matin, Claudia nous concocte le petit déj typique colombien: une arepa (galette de maïs) qui accompagne le chocolate-quesito. OUI, ici, leur dada, c’est de manger du fromage trempé dans du chocolat chaud! (Oh le sacrilège!) On en avait longtemps entendu parler, et Claudia a proposé de nous le faire goûter. Et bien, figurez-vous que c’est moins affreux que ça en a l’air ;-). Le fromage étant très doux, on dirait plutôt une sorte de crème donc….ça va. Hahahaha!

Mais les petites attentions sont loins d’être terminées aujourd’hui! Yorick, Claudia, Daniel et Juan, leur neveux, me font une petite surprise pour midi: un diner typique colombien, des ballons partout dans le salon et une tourte d’anniversaire. Je suis beaucoup trop touchée, c’est tellement chouette de fêter son anniversaire avec de si belles personnes – surtout quand on est à l’autre bout du monde, loin de sa famille et de ses amis.

Le soir, petit restau avec Yorick avant de rejoindre Daniel et Claudia au “Boki”. Le Boki, ce n’est pas un bar, mais une supérette de quartier avec trois tables en plastique dehors. C’est ici que les gens du coin se retrouvent tous les soirs, et ça donne presque une ambiance de village. On rencontre les amis de nos hôtes, tous des gens atypiques hyper drôles – un peu les vieux grillés du quartier quand même – mais plein de gentillesse. Le aguardiente antioqueño coule à flot. C’est le pastis local qu’ils boivent comme de l’eau. Ici, ça danse la salsa et ça rentre rôti chez soi. On passe une super soirée où on rigole beaucoup trop.

Le lendemain, on est censé se rendre au centre commercial avec Yorick, histoire d’acheter des trucs pour la suite du voyage. Daniel et Claudia nous accompagnent dans le Uber, soi-disant qu’ils doivent aussi aller faire quelques courses. Puis, on descend du taxi, et on se retrouve…devant la porte d’une escape room! SURPRISE! (Yorick est très fort pour ça) Ohhhhh trop bien! Je ne m’y attendais pas. Je n’avais encore jamais participé à un escape game, jeux où on se retrouve enfermé dans une pièce, avec une heure pour trouver la clef en résolvant des énigmes. C’est encore plus cool avec Claudia et Daniel! On se prend très vite au jeu, et les quatre on est au taquet! Dans une ambiance “game of thrones”, on résout les énigmes petits à petits, trouvant des codes qui ouvrent des cadenas qui nous font trouver de nouvelles pistes. C’est vraiment un bon jeu de team building haha! (et un bon entraînement à l’espagnol). A 30 secondes près, on trouve finalement la clef de la porte et on parvient à sortir de la chambre! YEEEEESSSS!

La Comuna 13

Si on n’a pas du tout joué les touristes pendant ce mois à Medellín (à part un weekend à Guatapé), on s’accorde quand même une petite visite guidée de la fameuse comuna 13. On rencontre notre guide, un jeune originaire de la comuna 13, qui va nous raconter tout ça. L’histoire de ce quartier est complètement dingue!

Medellín est divisée en 16 districts, les “comunas”. Depuis des dizaines d’années, la comuna 13 a toujours été habitée par des immigrants et des gens pauvres. Ils ont eux-mêmes construit des habitations “sauvages” les unes sur les autres, un peu comme les favelas au Brésil. Des mini escaliers zigzaguent dans tous les sens, les routes sont complètement désordonnées et très pentues. S’y déplacer est un vrai labyrinthe et prend beaucoup de temps. Dès leur arrivée, ces immigrants ont subi des discriminations de la part des gens qui habitaient initialement ici. Ce climat de tensions et de pauvreté a alors encouragé la création de gangs, alliant criminalité et trafic de drogue. Dans les années 80-90, les FARC et ELN (groupements armés de guérilleros) se sont disputé le contrôle de la comuna 13. C’était alors l’un des quartiers les plus dangereux du monde, avec des crimes réguliers, des homicides chaque jour, de la violence perpétuelle. En 2002, le gouvernement colombien a alors décidé de reprendre le contrôle du quartier en intervenant dans le district avec dix opérations militaires.

Puis, ce sont des paramilitaires qui ont pris le contrôle de l’endroit, mais la corruption et la violence régnaient toujours. Dès 2006, le nouveau maire a décidé d’investir dans le district pour désenclaver ce bidonville. Il a alors fait construire un téléphérique, et, en 2011, le tout premier escalator à but “social”. Ce dernier a permis de traverser les pentes raides de ce quartier étalé dans le flanc de la montagne en seulement six minutes. Un viaduc a aussi été construit, pour faciliter le déplacement “horizontal” des véhicules et des habitants. Il est encore en construction aujourd’hui. Ces améliorations ont grandement servi à élever le niveau de vie des gens.

La transformation du quartier a alors débuté. Pour l’illustrer, des artistes ont commencé à peindre des graffitis sur les murs troués d’impacts de balles. Les touristes ont commencé à venir visiter, et c’est ainsi que le quartier le plus dangereux est devenu un quartier touristique.

On débute alors le tour. On doit s’accrocher pour comprendre l’espagnol rapide de notre guide. Cet endroit est vraiment incroyable: des maisons de briques oranges construites les unes sur les autres, un vieux terrain de foot incrusté dans la pente, des graffitis touchants qui illustrent le sombre passé mais aussi l’espoir. Ce lieu est bien réel, et on observe des scènes du quotidien comme des jeunes qui écoutent du hip hop, des enfants qui jouent au foot, des mamans qui braillent aux fenêtres, un vieux qui vend trois poules.

Vu l’attrait touristique, il y a maintenant plein de petites galeries d’art qui ont fleuri dans les maisons, des démonstrations de break dance dans les rues, des stands qui vendent des limonades et beaucoup de jeunes locaux qui sont devenus guides. Tout cela génère un revenu supplémentaire dans ce quartier pauvre, et la violence fera bientôt partie du passé. C’est bien là que le tourisme est positif! Ce tour était très intéressant en tout cas!

A la fin de cette dernière journée à Medellín, on se met aux fourneaux! C’est à notre tour de cuisiner pour nos hôtes. Au menu, des spaghettis carbonara avec salade et verre de rouge! On est tellement reconnaissant envers Daniel et Claudia pour leur accueil et leur générosité. En effet, airbnb, c’est normalement “juste” sous-louer une chambre à des gens. Ce n’est pas censé inclure quoi que ce soit d’autre. Mais Daniel et Claudia, eux, nous ont cuisiné tellement de bons petits plats, nous ont fait découvrir plein de choses, nous ont présenté leurs amis et se sont même occupés de moi quand j’avais un début de grippe. (Ils ont retourné tout le quartier à 11 heures du soir pour trouver du citron afin de me concoqueter une boisson chaude avec du panela, pâte de canne à sucre. C’est pour dire!) Merci à eux, on a vraiment vécu une expérience géniale. On espère pouvoir les accueillir dans deux ans lors de leur tour d’Europe.

On termine notre mois ici, et on a adoré ce petit bout de vie. Il n’y a pas à dire, les habitants de Medellín sont vraiment supers! Souriants, curieux, bienveillants, avec toujours l’envie de papoter. Cet endroit ne s’est ouvert au tourisme qu’il y a peu de temps, et c’est encore bien loin d’être vraiment “touristique”. On pense que c’est l’une des raisons qui explique pourquoi les gens sont si ouverts, sans te voir comme un “porte-monnaie” (contrairement à certains endroits bousillés par le tourisme de masse). Aussi, je pense que l’ouverture d’esprit, c’est simplement dans la culture locale.

En parlant de sécurité, il ne nous est rien arrivé! 😉 Après, il faut préciser qu’on a suivi les règles de base à appliquer dans les grandes villes, et surtout suivi les conseils des locaux. Par exemple, ne pas se balader seul dès la nuit tombée, éviter les ruelles sombres et isolées et ne pas se rendre dans certains quartiers encore “dangereux”. Enfin, on a suivi l’expression locale “No dar la papaya” (ne donne pas la papaye). Cela signifie juste qu’il ne faut pas se balader dans les rues avec des objets qui pourraient attirer la convoitise (bijoux, appareil photo autour du cou, sac en bandoulière, téléphone dans la main…) On espère que la suite du voyage se passera aussi bien!

Voilà! On a maintenant de bonnes bases d’espagnol. On peut baragouiner et se faire comprendre. On ne peut pas encore écrire une thèse ou participer à un débat politique sur l’agriculture du maracuya, mais c’est juste ce qu’il nous fallait! On est aujourd’hui reposé et prêt à repartir en vadrouille, histoire de découvrir d’autres facettes de la Colombie!