Holà Chile!

24 novembre 2019, on quitte le Pérou direction le Chili!

On prend un bus de nuit à Puno, direction Tacna, ville qui se situe proche de la frontière chilienne. On se réveille à l’aube, après une presque nuit blanche dans ce bus trop chaud et trop humide. C’était dégu!!!

Arrivé à Tacna, on cherche un moyen de traverser la frontière. Des autres voyageurs se joignent à nous, et on trouve alors une voiture avec chauffeur qui fait le trajet. Bon, ben essayons ça! Une heure plus tard, on arrive à la douane. Le chauffeur nous indique les procédures. On doit sortir du véhicule, traverser la frontière à pied, faire tamponner deux fois notre passeport, scanner nos sacs, et paf! Nous voilà au Chili! Simple comme bonjour. Notre chauffeur nous récupère ensuite et nous emmène à destination; la ville d’Arica, au bord de l’océan pacifique!

On trouve un Airbnb un peu par hasard, tenu par un vieil expat californien complètement grillé. Mais la maison est cool, la chambre est propre, et le prix est correct (30 CHF la nuit pour une chambre privée avec petit déj). Alors oui, le Chili, c’est cher! Les prix sont beaucoup plus proches des prix européens que le reste de l’Amérique du Sud. Il va falloir s’y habituer!

Malgré notre fatigue, on décide de se rendre au centre-ville pour faire notre maintenant habituelle “logistique d’entrée dans un nouveau pays”; à savoir, retirer de l’argent et acheter une carte sim (chose qui semble simple mais qui, selon les pays, peut se révéler être une vraie aventure). Au premier abord, cette ville ne nous semble pas hyper rassurante. On voit les traces des problèmes politiques qui règnent en ce moment au Chili: affiches contestatrices partout, tags, écoles fermées, grandes plaques de fer vissées sur les banques, rideaux de fer sur certaines boutiques. En effet, la population est révoltée contre un gouvernement corrompu et inégalitaire, contre un système qui privatise les biens publics pour enrichir toujours plus les plus riches.

On apprend que demain, il y aura une nouvelle manifestation. On pensait que la situation s’était un peu calmée depuis quelques semaines, mais à voir c’est pas encore tout à fait ça. On va donc essayer de ne pas moisir ici ou dans d’autres grandes villes.

En faisant nos petites courses, on tombe sur une chouette ruelle animée; ça change de décor et ça rassure un peu. Je tiens aussi à préciser que les locaux nous font une très bonne première impression: des gens supers gentils, prêts à nous aider et avec le sourire! (Par contre, l’espagnol chilien, c’est une autre paire de manches pour le comprendre, avec notre petit niveau…)

Dans les prochains jours, on aimerait visiter le parc national de Lauca; et pour ça le plus simple est de louer une…voiture! Ouaouw! ça fait bientôt 15 mois que l’on n’a plus conduit de voiture! On se dit que, pour une fois, on pourrait s’offrir ce luxe et cette liberté. On est tout excité à cette idée. On va donc faire quelques visites d’agences de location. La première nous dit que vu l’état des routes non goudronnées, on est obligé de prendre un énorme pick up 4×4 à 100 CHF par jour, avec, en cas de casse, une garantie monstrueuse à payer. Mouais…On est moyennement convaincu. On va voir plus loin, et là on tombe sur BenMax, une petite agence locale. Là, un barbu trapu hipster hyper bonnard nous accueille. Il nous dit qu’une voiture normale est suffisante, si on va “tranquille”. Et le prix? 25 CHF par jour! La voiture? Une petite mazda déjà toute cabossée. Le gar nous dit que s’il y a une ou deux marquse de plus dessus, c’est pas grave. PARFAIT! Le type nous inspire confiance, il est sympa et a l’air de bonne foi. Soit! Nous partons demain pour 7 jours de road trip!

Une semaine de road trip dans l’altiplano chilien

Et c’est parti pour l’aventure!

Quel plaisir de retrouver la conduite! Quelle sensation de liberté, après tous ces mois dépendants des transports en commun. On se sent pousser des ailes! On ressent un vent de renouveau dans ce voyage; surtout après ces dernières semaines de doutes, de changements de plans et de fatigue du tourisme de masse.

On s’en va, le coffre rempli de bidons d’essence (pas de station là où on va), et c’est parti pour une petite grimpette. On se prend 3’600 mètres d’altitude en quelques heures. On découvre alors des paysages désertiques à couper le souffle! On se croirait sur la lune, c’est génial de conduire dans un tel décor. Et c’est tellement sec ici!

On arrive dans l’altiplano chilien, un désert d’altitude situé entre le Pacifique et la cordillère des Andes. Le climat est sec, mais on se rendra vite compte qu’il y a quand même quelques endroits humides, comme des marécages, en plein désert. Ici, il y a des lacs et des rivières qui rendent certains endroits verdoyants et plein de vie! A l’horizon, on aperçoit des immenses volcans qui semblent veiller sur ce paysage magnifique.

Pour cette première étape, la route est encore goudronnée. Il fait chaud et le vent souffle, mais plus on monte en altitude et plus il fait frais. On sera constamment en train de jongler entre veste et pull et bonnet et casquette (voire les deux en même temps, hein, la mode n’a pas vraiment d’impact sur nous.) Vers midi, on s’arrête vers une sorte de maison au milieu du désert, sur un plateau d’altitude. Là, il est marqué “café de Altura, Taki”. On s’arrête pour faire une pause, en pensant que ça sera un bouiboui un peu bofbof, vu son emplacement complètement paumé. Et bien figurez-vous que pas du tout! On atterrit dans un endroit merveilleux! Ce café est entièrement construit avec des matériaux de récupération, et décoré d’une manière incroyable. Il y a des petits murs en terre avec, incrustées à l’intérieur, des décorations de “vitraux” faits avec du verre. Les piliers sont des troncs de cactus (ces immenses cactus “candélabres” qui poussent dans la région), entourés de vieilles cordes de marins. Il y a un four artisanal en terre et en bouteilles, des plantes grasses et des cactus partout. Tous les détails sont soignés, c’est magnifique.

On papote avec le tenancier, c’est beau de voir des gens si passionnés! Là, on boit un délicieux mate fait avec des plantes grasses locales non identifiées, et un bon sandwich avec du pain fait maison. On adore!

On reprend la route jusqu’à la dernière “ville” avant le parc national; Putre! Là, on trouve une chouette petite guest house, où on prendra nos quartiers pour faire des visites “à la journée” du parc national. Ce soir, on se rend aux “termas de Jurasi”, des bains thermaux construits en pleine nature. C’est très bouiboui, mais c’est pas cher et ça a un côté très authentique. Il y a trois pelés et nous, et le soleil qui se couche gentiment derrière nous. L’eau est vraiment hyper chaude! On s’enduit le corps et le visage d’une espèce de terre glaise soi-disant bonne pour la peau. Qu’est-ce qu’on rigole! On ressortira de ce bain avec la peau super douce.

On ne fait pas trop long ici, car le soleil, le vent, l’eau brûlante et les 4’000 mètres d’altitude, ça fatigue! Le soir, on se trouve un petit restaurant au coin d’une rue. C’est super bon! On viendra manger ici absolument tous les soirs; je crois qu’on aura testé toute la carte.

Découverte du parc national de Lauca

Notre première destination sera le lieu dit “Suriplaza”. Yorick a lu à quelque part que ça valait le coup d’oeil. On prend donc une gravel road, c’est maintenant que l’on va tester notre mazda pas du tout tout terrain! La route est très sableuse, et ça grimpe! Mais la voiture tient le coup. En fait, tant qu’il ne pleut pas et qu’on roule mollo, ça devrait le faire. On se retrouve très vite au pied d’un volcan, et là on ressent un peu l’oppression de l’altitude. Et pour cause, on passe un col à…5’200 mètres! Et bien, ceci explique cela. (C’est fou la différence de ressenti avec l’altitude, quand on est assis dans une voiture ou quand on grimpe à pied!)

La vue sur la plaine désolée est incroyable. Ici, rien ne pousse à part des espèces de grosses boules de mousses vertes fluo. On apprendra plus tard qu’il s’agit d’une plante qui ne pousse que d’un seul millimètre par an. Ces mousses robustes peuvent vivre des milliers d’années!

Ici, on croise notre première vigogne! Il s’agit d’une cousine des lamas et alpagas, mais c’est un animal sauvage. On est trop content, qu’est-ce qu’elle est choue! (On en verra des dizaines et des dizaines tout le long de la semaine.) On croise aussi des alpagas et des lamas, qui, eux, sont des animaux domestiqués. Pour faire la différence entre les deux, ce n’est pas facile. Les alpagas sont plus petits, plus trapus et plus boursouflés de laine. Les lamas sont plus grands, ont des oreilles tordues vers l’avant et un air hautain! 😉 Les animaux vivent en liberté ici. Il faut dire qu’il y a de la place dans ces grands espaces!

On arrive à Suriplaza, et là, c’est le choc devant tant de beauté! On se retrouve sur un plateau entouré de volcans de toutes les couleurs! Rouge, orange, jaune, blanc, brun, tant de couleurs qui contrastent avec le bleu du ciel et le vert des mousses. C’est une splendeur, et on est tout seul là au milieu! On grimpe ensuite avec notre super bagnole tout terrain jusqu’au pied des montagnes, sur une terre orange magnifique. On pique-nique dans ce décor irréel, avant de s’y balader un peu.

Un autre jour, on décide de faire une randonnée. On trouve vaguement un tracé GPS sur un blog, mais franchement rien de bien précis. On commence la marche, mais en fait il n’y a pas de sentier. Bon, le terrain est assez dégagé, parsemé de touffes de mousses ou de buissons épineux assez bas. On se fixe un point en haut d’un sommet, et on se dit qu’on marchera jusque là, un peu “au bol”. Au bout d’un moment, on voit deux randonneurs en contre-bas. Je crois bien qu’ils nous suivent! (Malheur à eux! haha) La miss nous demande où on va; on lui dit qu’on en a aucune idée et que c’est peut-être pas très judicieux de nous suivre…

On prend de la hauteur, et très vite la vue sur les volcans alentours devient sublime. On s’arrête en chemin pour pique-niquer (merci auré et Seb, grâce à vous on a toujours de l’aromate!) puis on atteint notre objectif. Et là, surprise, un paysage de terre ocre avec toutes les déclinaisons de couleurs s’offre à nous. Quelle beauté!

Dans ce parc, il y a aussi quelques “villages”. Un jour, on se rend à Parinacota. Enfin, c’est plutôt un village fantôme. Il n’y a pas âme qui vive! Il y a juste quelques maisons et une toute petite église blanche. Ah, il y a quand même quelques vizcachas dans les rochers alentours. Les vizcachas, ce sont ces petits animaux trop choux qui ressemblent à un mélange entre un lapin et un kangourou. En fait, ils sont de la famille des chinchillas.

Ce village se trouve au pied du volcan portant le même nom. Avec sa forme de trapèze parfait, son sommet enneigé, et son reflet dans le lac Chungara,  il est magnifique! On peut encore ajouter à ce tableau des oiseaux aquatiques partout, quelques flamands roses ainsi que des vigognes, pour que ce soit complètement féerique. On passe un certain nombre d’heures au bord de ce lac, en pleine admiration devant une nature si belle.

Une journée riche en émotion au Salar de Surire

On choisit le dernier jour pour nous rendre au Salar de Surire. (On voulait tester la voiture et les routes avant de nous lancer dans une telle épopée). Voilà, nous sommes fin prêts! Le Salar de Surire, c’est un petit désert de sel qui se trouve à trois heures de route de Putre, loin, très loin dans la pampa. C’est vraiment au milieu de nulle part. On se lève alors qu’il fait encore nuit; on a de la route à faire aujourd’hui!

Et c’est parti! Il ne nous faut pas longtemps avant de déjà nous arrêter, pour cause de merveille de la nature: le lever de soleil sur les volcans et le désert nappé de brume matinale. Ce spectacle est indescriptible! Ouaw, quelle beauté! Les rayons du soleil se reflètent dans le brouillard, qui ressemble alors à un lac inondé de lumière. Quelques vigognes passent par là, la neige des sommets scintille, la terre alentour devient rosée, et les petites touffes de mousses dorées créent des ombres chinoises dans la brume. On est scotché!

Bon, il faut quand même continuer, on a de la route à faire. On traverse ensuite le parc national “las vicunas”, qui porte bien son nom étant donné que l’on croise tout plein de vigognes. On s’arrête aussi pour regarder un troupeau d’alpagas traverser une rivière dans la lumière du matin. Qu’est-ce que c’est beau tout ça! Et qu’est-ce qu’on apprécie le fait d’avoir notre propre voiture pour pouvoir s’arrêter quand on en a envie.

C’est si calme ici. Il n’y a aucun autre touriste à part nous. On arrive alors au Salar. La première moitié est exploitée par l’homme – on a croisé des gros camions chargés de sel en venant ici. L’autre moitié est protégée, et on comprend vite pourquoi. C’est l’habitat des flamands roses, des vigognes, et des…Nandus! Ce sont les autruches locales. Et bien, on ne s’attendait pas à voir de tels animaux ici.

On pique-nique en face de l’immensité blanche du Salar, avec en toile de fond des montagnes et des volcans.

Puis, on continue notre tour du Salar, et là on tombe…sur des sources thermales! Il n’y a aucune infrastructure et absolument personne. On est seul face à ce petit lac fumant, au milieu du désert, entouré de volcans aux couleurs ocres, à 4’500 mètres d’altitude. La couleur de l’eau, elle aussi, est dingue; turquoise et opaque. Et ça pue le souffre!

On se met vite en costume de bain et on essaye de trouver un coin où on ne risque pas de se faire ébouillanter comme des homards. C’est pas facile, tout est tellement chaud! On trouve finalement un endroit à la température convenable. Par contre, c’est très peu profond et très vaseux. La nature à l’état pur quoi! On reste pas mal de temps ici, dans ce décor de rêve. Je crois que ce sont les plus beaux bains thermaux de notre vie.

Puis, Yorick tente une petite expérience culinaire, à savoir la cuisson de quick noodles au bain marie, dans l’un des endroits les plus chauds du lac. Il faut être patient mais ça fait son travail! (Et dire qu’il y en a qui bossent en ce moment.)

On termine le tour du lac, puis il est déjà temps de se rentrer. On a de la route à faire.

Et là, C’EST LE DRAME. Alors que je suis en train de conduire, les pédales ne répondent plus, le volant se bloque. La voiture s’arrête, et ça pue l’essence. La voiture ne démarre plus. C’est la panne. NONNNNNNNNNNN! pas ici! nous sommes à trois heures de route du village le plus proche, au milieu du désert, à 4’500 mètres d’altitude, sans réseau, et il est déjà 16 heures. Et je rajoute qu’on n’y connait absolument rien en mécanique.

CA NE SERT A RIEN DE PANIQUER. Focalisons-nous sur ce que nous a appris ce voyage jusqu’à présent: “Il y a toujours une solution”. (Bon, j’avoue qu’il y a une légère tension dans l’air.) On relativise. Dans le pire des cas, on doit passer la nuit ici; on a de l’eau, de la nourriture, des habits chauds. Pas de quoi en faire un drame. Mais pour l’heure, il faut essayer de trouver une solution.

Et la solution, et bien on la voit arriver dans le rétro-viseur. Un camion de sel approche. Il faut absolument qu’on l’arrête et qu’on demande de l’aide (en espérant que le chauffeur aura le temps et l’envie de nous aider). Et c’est parti, on fait des grands gestes, le camion se met sur le côté. Là, un petit monsieur trapu descend. On lui explique le problème, il accepte de nous aider! MERCI! Son nom, c’est Fernando, ou un ange tombé du ciel. Il ouvre le capot, analyse, démonte deux trois trucs, et trouve le problème: C’est le câble d’alimentation de l’essence qui s’est décroché, l’embout a cassé. OUPS.

On écoute attentivement les ordres de Fernando, qui ouvre sa boîte à outils. D’abord, on arrose le moteur avec de l’eau (parce que l’essence chaude partout, ça peut vite faire un incendie…C’est pas con de penser à ça!). Puis, Fernando sort un bout de fil de fer et magouille pour reconnecter le tuyau. Le roi de la bricole, Fernando! Il nous dit que ça devrait tenir le temps qu’on rende la voiture dans deux jours. On démarre, ça fonctionne. On est tellement reconnaissant! Fernando, notre sauveur! Pour le remercier, on lui donne quelques pesos. Il a l’air content, mais il n’aurait sûrement rien demandé de lui-même. En tout cas ça fait plaisir de voir qu’il y a encore un peu de solidarité dans ce bas monde.

Voilà, ça c’était la petite parenthèse d’émotion et d’aventure de la journée. On rentre mollo mollo, la voiture roule nickel!

De retour à Arica

Après une semaine passée à explorer cette merveille de parc naturel, il est temps pour nous de rentrer à Arica. On roule, la voiture est toujours fonctionnelle. On arrive alors à destination et on rend notre voiture. On parle de notre petit incident à BenMax, il nous dit “pas de soucis, je vais réparer ça!”. Pas compliqué le gar. Bon, on ne lui en veut pas. C’est vraiment la faute à pas de bol cette histoire.

On retrouve alors notre chambre chez le californien. Mais les émotions fortes ne s’arrêtent pas là. Le lendemain matin, vers cinq heures, alors qu’on est encore endormi, on se fait réveiller par….un tremblement de terre! Je n’arrive pas vraiment à décrire ce que l’on ressent à ce moment-là. On ne comprend rien à ce qu’il se passe; on est à moitié dans les vapes, mais une chose est certaine; on a quand même ce réflexe de sortir, et VITE!

La terre tremble pendant de longues secondes; on sort de la chambre, puis on sort de la maison. Puis, les tremblements s’arrêtent comme ils sont venus. Et bah, il y a mieux comme réveil! On retourne au lit, mon corps tout entier frissonne. On avait déjà expérimenté un petit tremblement de terre à Bali; mais alors celui que l’on vient d’avoir est bien plus puissant! On regardera sur Internet, et effectivement, c’est un séisme d’une magnitude de 6, situé à 35 kilomètres d’ici. Ceci explique cela…C’est vraiment une sensation étrange, ça fait assez peur quand même. Heureusement, aucun dégât, à voir c’est assez courant dans ce secteur.

C’est après ces émotions que nous quittons Arica en bus, prochaine étape; le désert d’Atacama!