Le tour des Annapurnas – journée logistique

Aujourd’hui, journée logistique pour la préparation de notre trek autour des Annapurnas, dans l’Himalaya népalais!

C’est aussi l’occasion de mettre un premier pas dans cette nouvelle culture! Et la différence culturelle est flagrante. Jusqu’à maintenant, les pays que nous avons visités étaient tous de style “européens”: rues ultra propres, circulation routière régulée, routes goudronnées…On sentait un changement graduel en se dirigeant vers l’Est, et, en arrivant ici, le changement est total! Tout fourmille de partout, et pas de respect de la signalisation! Ici, les klaxons remplacent les signofiles. Des scooters, des vélos, des piétons, des voitures des chiens et même des vaches se partagent la rue dans un joyeux fourbi organisé.

Ici, les câbles électriques sont raccordés aux poteaux comme une platée de spaghetti, et des échoppent croulantes occupent les bords des routes.

Dans cette ville, il y a beaucoup de poussière dans l’air et de pollution. Beaucoup de gens portent même des masques.

Aujourd’hui, nous achetons plusieurs choses: une carte du tracé du tour des Annapurnas, une carte sim népalaise, des bâtons de marche, une réserve de PQ et du grignotage. Nous nous procurons également deux documents obligatoires pour tout trek au Népal: Le permis de Trek TIMS (avec photo d’identité, ça rigole pas) pour la modique somme de 20 CHF par personne, et l’autorisation d’entrée dans un parc national, avec photo d’identité et 20 CHF également. Il n’y a pas de petit profit!

Pour se faire, on se rend au “tourism board” et on s’arme de patience.

Une fois les précieux documents en poche, on s’arrête dans un ultra boui-boui au bord de la route. On y mange une sorte de soupe/purée de pois/patates/courge? avec un samosa écrasé dedans. C’est délicieux!

Jour 0 – Une aventure en bus

Aujourd’hui, 28 septembre, nous prenons le bus pour nous rendre à Besisahar, village de départ du trek qui fait le tour des Annapurnas. Et rien que le trajet pour y aller, c’est déjà une aventure!

On laisse à l’hostel quelques affaires afin de voyager léger. Le type de l’hostel nous accompagne ensuite dans le taxi pour aller à la gare routière. Le bus part avec un quart d’heure d’avance sur l’horaire (heureusement qu’on est pas arrivés 30 secondes plus tard!)

Nous voilà partis pour une journée entière de bus! Ce dernier se remplit gentiment. Il s’arrête encore à plusieurs reprises pour prendre des gens. A l intérieur, quelques trekkeurs comme nous et une majorité de népalais. A côté de nous, un allemand retraité genre soixante-huitard nous partage du pain pour déjeuner, et nous donne plein d’astuces pour le trek (c’est un habitué du Népal!). A noter que nous n’avons presque pas récolté d’informations sur ce trek, on compte s’informer au fur et à mesure grâce à ce genre de rencontres 😉

Le bus met plus de 3 heures rien que pour quitter Katmandou, retenu par un gigantesque bouchon. Puis, des jeunes en charge de “l’animation” du bus allument une grande TV et mettent…des clips genre Bollywood népalais! La musique est beaucoup trop forte et sort d’un gros sub qui grésille.

Les clips sont d’un niais colossal. C’est toujours la même histoire : un jeune play-boy dansant essaie de séduire une pinta sur maquillée, qui le rejette. Mais, elle finit quand même par accepter ses avances, (ou plutôt son mobbing) tellement il est beau et tellement il danse bien.

En voici un exemple: (à vos risques et périls).  https://youtu.be/x6VSYAOnf5M

L’allemand devient fou et demande à plusieurs reprises de mettre moins fort cette musique qui, à notre grand désarroi, est très facile à retenir et reste longtemps en tête.

Une fois sorti de la ville, le bus descend dans une vallée verdoyante d’arbres et de rizières. C’est magnifique! Il s’arrêtera pour faire des pauses pipi ultra rapides et pour manger à midi dans un restau.

10 heures plus tard, après des pannes de climatisation et deux vomis de népalais, nous arrivons à Besisahar. Nous trouvons une guest house pour dormir et un ATM qui fonctionne! Ouf! On retire 100’000 roupies. Et ouais, il n’y a pas la possibilité de retirer du cash dans les montagnes; il faut avoir tout sur soi pour l’entier du trek.

Jour 1 – Des rizières verdoyantes et une chouette rencontre

Besisahar (760 m) – Lampata (900 m) : 22 km

Après un bon petit déjeuner, nous partons pour notre première étape! Nous quittons l’allemand et un autre trekkeur chinois, qui font la première étape en 4×4.

Armés de notre carte papier et du GPS de maps.me, nous partons! Pas de guide, pas de porteur, pas de 4×4, on se débrouille seuls Yorick et moi. On se rend vite compte que le chemin n’est pas toujours bien balisé, mais il suffit de demander la direction aux villageois.

Le sentier commence par traverser des petits villages, au milieu des rizières en terrasse verdoyantes. Le soleil sublime ce vert clair magnifique. La météo est radieuse, 29 degrés, mais il fait très humide. Besisahar se trouve en pleine à environ 760 m d altitude. Le climat est presque tropical ici. On est très vite en nage!

Sur un faux chemin sur lequel nous faisons demi-tour, nous croisons des trekkeurs sur le point de se perdre aussi. Très vite, on retrouve la bonne voie ensemble et on sympathise. On fait la connaissance de Thomek et Ela, les frères et sœurs de Pologne, Alina de Russie et Ruben et Joan les cousins de Barcelone. (Ils étaient aussi dans le même bus que nous, mais tout au fond). On décide de faire cette première étape avec eux.

Pour une pause dîner, on s’arrête à Bhulebhule (on adore le nom de ce village). Ici, dans chaque village, les familles de paysans s’improvisent restaurant et guest house pour les trekkeurs. C’est top, car de cette manière, il n’y a pas besoin de charger le sac avec de la nourriture. De plus, cela nous permet de rencontrer les locaux et de goûter à la nourriture locale. (C’est 100% authentique!)

Concernant l’eau potable, des bouteilles sont en vente sur tout le tracé du trek. Cependant, on peut être sûr qu’elles finiront dans une rivière après avoir été jetées. (Il n’y a pas de gestion des déchets ici.) Pour moins de pollution, c’est mieux de traiter soi-même son eau. Nous utilisons donc notre gourde filtrante pour recharger nos bouteilles. Elle permet de purifier l’eau du robinet ou des rivières des impuretés et bactéries.

Revenons à notre dîner. Toute la famille se met à l’oeuvre et cuisine devant nous des mo:mo, sorte de petites boules de pâtes farcies. Cela prend un certain temps, car ils font tout à la minute! (Pas de congélo ici!) Ils font même la pâte. Au moins, c’est frais et fait maison. On a vraiment l’impression d’être chez eux. Le restaurant se résume par une table dans un réduit (parfait exemple du boui-boui). Le repas (2 CHF par personne) est délicieux.

On continue ensuite le chemin en longeant une rivière. On passe à côté d’une jolie cascade. On grimpe ensuite à nouveau entre les rizières, et on trouve ici un joli guest house avec un mignon petit jardin. La vue sur la vallée en contrebas est superbe. On décide de tous s’arrêter ici pour la nuit!

Après une douche dans la rivière, nous soupons tous ensemble. Notre hôte nous cuisine le plat traditionnel le plus populaire du Népal, le Dal Bhat! C’est bio, c’est végétarien, et ici c’est fait avec les légumes du jardin. Il s’agit de riz blanc, avec un curry de patates et de la verdure (des côtes de bette probablement). A côté, un petit bol de dal, sorte de soupe aux lentilles. C’est simple et bon!

Une fois la nuit tombée, on se rend dans nos petites chambres respectives. Le toit est fait de tôles et est ouvert sur l’extérieur. A notre grande stupeur, la chambre est remplie d’araignées!

Mais le must, c’est quand même dans les quatre tôles qui servent de toilettes qu’on le trouve: Robert (nous l’avons ainsi baptisé), le roi des araignées! C’est un véritable MONSTRE. D’ailleurs, il boulotte des cafards pour son casse-croûte (ça en dit long sur sa taille). Bref, welcome to the jungle!

Jour 2 – Vallée de rizières et sources chaudes bien méritées

Lampata (900 m) – Champje (1430 m) : 22 km

Ce matin, déjeuner chez notre hôte : porridge aux pommes et pain tibétain, et omelette pour Yorick. Ici, les tenanciers s’attendent vraiment à ce qu’on soupe et déjeune dans leur guest house; ce n’est pas le prix de la chambre qui importe. D’ailleurs, il nous a fait la nuit gratuite si on mangeait les 7 chez lui! Bon deal! (A savoir qu’une nuit coûte entre 1 et 4 CHF la chambre…)

Nous partons ensuite les 7 ensemble pour notre 2ème étape! Le sentier grimpe de manière assez raide. Il passe au milieu de plusieurs villages. Il faut savoir qu’ici, un village se résume à quelques maisons en bois, un grand jardin, des grands-mamans qui font sécher du maïs par terre, des paysans qui travaillent recroquevillés dans les rizières ou qui trimbalent des énormes ballots d’herbes sur la tête, des enfants qui gambadent, deux buffles, trois poules et quelques chèvres. En passant par là, on a vraiment le sentiment de s’immiscer dans leur vie!

En prenant de la hauteur, la vue sur les rizières en terrasse qui tapissent toutes les faces des montagnes de la vallée est superbe! Au sommet, trône un bel arbre de 600 ans recouvert de drapeaux de prières. On continue alors et on redescend de l’autre côté de la montagne. On aperçoit une rivière en contrebas, qui serpente dans une nouvelle vallée. Le chemin nous fait suivre cette rivière, et nous fait passer d’une rive à l’autre grâce à une multitude de ponts suspendus.

 

L’ambiance dans notre petite équipe est bon enfant! 🙂

Puis, vient la montée de la mort. Cette fois, nous suivons la route 4×4. Nous grimpons, encore et encore. Il fait chaud et humide, et la route n’est pas agréable pour marcher. Je crois que je n’ai jamais autant transpiré! Une horreur!

A notre droite, la vallée s’est resserrée et une grande paroi verte la surplombe. De grosses cascades dégringolent de partout. C’était la mousson il y a quelques semaines, ce qui explique cette quantité incroyable d’eau! La végétation, crochée dans la montagne, est luxuriante : grands arbres, fougères, bambous, lianes, bananiers et même des plantes de cannabis!

On dîne à Jagat, un village coloré haut perché dans la verdure.

Puis, en fin de journée, nous croisons sur le chemin une jeune népalaise qui rentre de l’école. On papote un peu, puis elle pointe du doigt quelque chose en bas de la pente: une source d’eau chaude sulfureuse! C’est un petit bassin de pierre, juste à côté de la rivière, incrusté dans la roche. Trop bien! On décide de s’y rendre, par un sentier très raide et assez foireux.

Une fois sur place, l’eau est terriblement chaude! Yorick est le seul qui arrive à s’immerger dedans, telle une écrevisse suicidaire. Nous autres, êtres humains normaux, y arrivons également, mais avec beaucoup de temps. Le cadre est juste splendide! Entre deux bains chauds, on saute dans la rivière glacée. Ça fait un bien fou, après cette difficile journée de marche!

En remontant le sentier, on trouve d’étranges “trucs” qui gigotent sur nos chaussures. En y regardant de plus près, on se rend compte que c’est… des sangsues!  SUPPÔTS DE SATAN! ! Elles sont petites mais ignobles, et certaines ont déjà réussi à sucer le sang de certains de nos camarades. On s’en débarrasse vite, mais qu’est-ce que c’est laid!

On termine le chemin alors que la nuit est en train de tomber. On s’arrêtera dans le prochain village, et on choisit le guest house des parents de la petite fille qui nous a fait découvrir les “hot springs”. Les chambres sont simples, tout en bois. On soupe tous ensemble, en choisissant l’un des nombreux plats sur le ” menu universel”. En effet, tous les villages de la région offrent le même menu, avec des prix similaires: dal baht, mo:mo, nouilles sautées, soupes, curry, et même des “swiss rosti” (puristes s’abstenir). Il faut savoir aussi que les prix vont grimper au fur et à mesure que nous allons grimper.

Jour 3 – De la jungle à la montagne

Champje (1430 m ) – Danaque (2410 m) : 19 km

Dans cette étape, le sentier longe la montagne dans une vallée très serrée. La rivière est gorgée d’eau, et il y a toujours beaucoup de cascades sur les parois. Ça monte beaucoup aujourd’hui, et la végétation de type “jungle” commence à se transformer en végétation de montagne. On sent également qu’il commence à faire un peu moins chaud et moins humide.

En milieu de journée, on arrive dans une nouvelle vallée un peu plus haut. Là, on se pose quelques temps sur une grande étendue de sable gris le long de la rivière. La météo est toujours radieuse!

Le soir, on arrive dans un tout petit village, à 2410 m d’altitude. Là, on choisit une jolie guest house colorée, décorée de drapeaux de prière. La famille qui nous accueille est adorable. Nous sommes les seuls clients. (Il faut dire que nous n’avons croisé que très peu d’autres randonneurs pour le moment!) A l’intérieur de la partie “restaurant”, un poêle chaud réchauffe cette pièce de bois. L’atmosphère est chaleureuse. On papote avec la tenancière, qui parle bien anglais. Je mange un incroyable Dal Baht, et Yorick un curry de Yak avec de la viande séchée réhydratée. (Ici, c’est très difficile de trouver de la viande.)

On passera une super soirée à jouer à “dark stories”, un jeu amené par Thomek. Il s’agit de trouver le pourquoi du comment de situations très drôles et très glauques de mystérieux décès de différents personnages. On rigole bien!

Jour 4 – Une montée dans la forêt

Danaque (2410 m ) – Dhikurpokhari (3060 m) : 26 km

Nous quittons cette gentille famille, après une nuit fraîche et régénératrice.

Aujourd’hui, le sentier se faufile dans une forêt. Les arbres sont beaucoup plus hauts qu’avant, recouverts de fougères et de lichens. Ils deviennent gentiment de grands conifères; on se croirait désormais au Canada! Enfin, on finit par apercevoir de très hauts sommets enneigés qui font partie de la chaîne de l’Himalaya. On aperçoit alors le fameux “Annapurna II “, avec ses 7237 mètres d’altitude!

Ça grimpe et ça grimpe encore! Vers midi, je m’aperçois que j’ai un genou tout gonflé, qui ne se plie plus normalement…oups…
Il n’a pas trop l’habitude des marches sur plusieurs jours, avec le poids d’un sac à dos! Je flippe un peu, j’espère que cela ne va pas altérer ce trek… Heureusement, tous nos nouveaux amis s’improvisent mes docteurs. Joan me montre des exercices de renforcement musculaire (il souffre du même problème), Ruben me donne du Tape, Thomek me pose le Tape, Alina et Ela me soutiennent moralement, et Yorick transfert pas mal de mes affaires lourdes dans son sac. Je suis bien prise en charge en tout cas 🙂

Un peu après la pause de midi, on trouve une petite échoppe dans un village plus touristique. J’y achète une bande de maintien pour le genou et du baume du tigre. (Il y a vraiment tout ce qu’il faut ici!)

On continue la marche. Et alors que la nuit commence à tomber, on se rend compte que le village dans lequel on voulait dormir n’a pas de guest house, juste un hôtel de luxe trop cher…oups! C’est bien la première fois que ça nous arrive! D’habitude, il y a des guest house partout!… on apprend alors que le prochain village est à…1 heure 30 de marche! Quelle mauvaise nouvelle, on est déjà tous très fatigués et on ne rêvait que d’une chose: se poser!

On décide quand même de tenir encore 1h30…dans la nuit!

Et là, on doit compter sur le mental! On est seul, dans la forêt himalayenne, il commence à faire froid, on est au bout du rouleau, et surtout…On se rappelle des histoires d’attaques de tigres dans la région, racontées hier par notre hôte…Et bien, on va essayer de rester groupé!

On évolue petit à petit à la lampe frontale. Là, on entend quelques bruits d’animaux qui laissent notre imagination en éveil.

On finit par atteindre le village, à 3060 m d’altitude. C’est la délivrance! On trouve une guest house et après un souper (bof bof) autour du poêle, on tombe de sommeil.

Jour 5 – Trop de beauté pour un seul jour

Dhilurpokhari (3060 m )- Ngawal (3660 m) : 20 km

Ce matin, glaglagla ; on est maintenant en altitude. Dans cette étape, il y a deux itinéraires possibles. On choisit le “upper pisang”, qui grimpe dans les hauts de la montagne. Le chemin se faufile dans une forêt de pins. Les arbres deviennent plus bas et plus rares au fur et à mesure que l’on monte. Puis, vient un difficile sentier en épingles qui monte et monte encore. La vue que nous offre l’altitude est splendide! La vallée est constituée d’une sorte de canyon, creusé par la rivière, qui traverse une forêt. En arrière-plan, tout en haut dans le ciel, trône ce géant glacé qu’est l’Annapurna II. On aperçoit son sommet enneigé battu par les vents.

Dans la montée, on s’arrête dans un “tea house”. On y est accueilli par une vieille dame. On y boit un coca et on grignote une carotte.

La montée est rude, mais nous sommes vite récompensés! On arrive au village de Ghyaru, haut perché dans la montagne. L’entrée du village est marquée par un temple doré, décorés de centaines de drapeaux de prière qui claquent, soufflés par le vent. On se fait un véritable shooting photo ici!

Le village est magnifique. Il est composé de petites maisons de pierre, reliées par des ruelles et des murets tout en pierre eux aussi. Des drapeaux colorés flottent de partout.

Nous passons derrière un immense mur de moulins à prières. Ces villages du Nord du Népal sont principalement bouddhistes tibétains, de part l’influence de son voisin direct, le Tibet.

Pour en revenir aux moulins à prières, il y a des inscriptions gravées sur ceux-ci. Ce sont des “mantras”. Selon la tradition, les mantras sont des petites formules/phrases très courtes répétées sans cesse, avec un certain rythme. Elles permettent, par exemple, de se libérer de la colère, de la haine, de l’ignorance ou de l’envie et d’accroître certaines vertus comme la compassion et la bienveillance. Selon les croyances, cela apporte également de la chance et de la prospérité. Plus on les répète, et plus leur valeur spirituelle sera forte et plus la médiation sera efficace. Dans ce cas-là, elles ne sont pas répétées oralement mais c’est la rotation du moulin qui permet aux mantras de se répandre. Attention! Il faut toujours actionner les moulins de la main droite, et les faire tourner dans le sens des aiguilles d’une montre.

On retrouve également des mantras inscris sur ces fameux drapeaux de prières colorés. Cette fois, c’est le vent qui s’occupe des les disséminer. Parfois, on trouve aussi des symboles inscrits sur ces drapeaux. L’un des plus célèbres est Lungta, le cheval du vent. C’est une créature de la mythologie tibétaine. Selon les croyances, la combinaison de la vitesse du vent et de la force du cheval permet de faire voyager les mantras et d’apporter paix et prospérité aux personnes qui ont accroché les drapeaux, ainsi qu’aux gens qui les entourent.

Ce cheval fort et rapide symbolise également le triomphe de la méditation sur nos pensées sombres, ceci afin de faciliter le chemin vers “l’illumination” (le but ultime de la méditation bouddhiste).

Enfin, les couleurs de ces drapeaux ne sont pas anodines. Elles symbolisent les différents éléments selon la vision tibétaine du monde: Le jaune représente la terre, le vert est utilisé pour l’eau, le rouge pour le feu, le blanc pour l’air et le bleu pour l’espace. Voilà, c’était le quart d’heure “histoire des religions” 😉 .

Le chemin continue ensuite dans le flanc de la montagne et nous offre des vues à couper le souffle! On chante des Walt Disneys dans nos langues respectives, c’est bien marrant.

En fin de journée, on décide de s’arrêter dans le village de Ngawal, perché à 3660 mètres. On trouve un joli guest house. Le proprio –  un Jack Sparrow népalais –  nous propose de la marijuana.

On profite encore de la lumière du jour pour visiter ce joli village. Après une loooooongue montée d’escaliers vers la statue de bouddha, on admire le couché de soleil sur les géants de l’Annapurna. La nuit tombée, on rentre au guest house. On y mange super bien! Il commence à faire très froid, alors on s’agglutine autour du poêle à bois dans la pièce centrale. On se retrouve alors à regarder la TV avec toute la famille et deux chinois. C’est très improbable comme situation haha! On regarde d’abord une incroyable série de Bollyhood, puis on zappe sur lego movie! L’ambiance est super chaleureuse.

Jour 6 – Une journée tranquille, de Braka à Manang

Ngawal (3660 m) – Braka (3439 m) : 17 km

Ce matin, réveil dans le froid. Il a plu toute la nuit, et neigé un peu plus haut. Heureusement, il fait beau maintenant. Le sentier et facile, ça descend. Très vite, on se retrouve en bas de la vallée, au milieu des pins.

Pendant la marche, on s’improvise un blind test en sifflant des chansons. On rigole bien!

Une fois en bas de la vallée, on arrive dans le village de Braka. Ici, on mange un “pain au chocolat” (entre guillemets) et un délicieux “Yak burger”! Ela est malade aujourd’hui. On décide donc de s’arrêter dans un guest house et de chiller ici cet après-midi.

On visite tout de même le village suivant, Manang, point de démarrage du trek pour beaucoup de marcheurs arrivés en 4×4. Et c’est là qu’on se rend compte qu’il y a quand même du monde qui fait ce trek! (On est en début de la haute saison). Jusqu’à maintenant, on n’avait croisé que très peu de monde. On était presque toujours qu’entre nous dans les lodges, et seuls sur les sentiers. On verra comment sera la suite!

On se balade le long du lac derrière Manang, puis on rentre à Braka en longeant la rivière. La lumière du soleil couchant sublime le paysage, c’est magnifique.

Enfin, on fait vite un petit tour au vieux monastère de Braka une fois le soleil disparu derrière les montagnes.

Jour 7 –  Un sentier époustouflant

Braka (3439 m) – Tilicho base camp (4150 m)

Aujourd’hui, notre petite équipe de 7 se divise. On continue la route avec Ruben et Joan, Alina, Ela et Thomek nous rejoindront demain.

Nous nous rendons aujourd’hui au Tilicho base camp, camp de base pour atteindre l’un des plus hauts lacs du monde, le Tilicho lake!

C’est l’une des nombreuses “side walk” du tour des Annapurnas. En effet, ce sentier ne se trouve pas directement sur le tracé du trek, mais il vaut le détour parait-il.

De plus, cela permet de faire une marche d’acclimatation. Et oui, il faut gentiment habituer notre corps à l’altitude. Le risque est de ressentir ce fameux mal d’altitude, qui, dans son degré le plus sévère, peut avoir des conséquences très graves sur la santé. Ça commence avec un fort mal de tête mêlé à d’autres symptômes comme des nausées, un manque d’appétit, de l’hypothermie… puis, si ça empire, ça peut tourner en œdème pulmonaire voire pire. Ils ne rigolent pas avec ça ici, et les panneaux de prévention sont nombreux.

Dans quelques jours, nous passerons le col à 5416 m d’altitude, et pour y arriver, il faut faire le plein de globules rouges.

L’un des meilleurs moyens est de faire des marches d’acclimatation: marcher plus haut la journée et redescendre plus bas pour passer la nuit. Reproduire ceci quelques jours de suite, en montant chaque fois un peu plus haut. Ainsi, grâce à cette progression “en escaliers”, notre corps peut s’adapter au manque d’oxygène et à la baisse de pression.

Nous quittons donc Braka dans un sentier magnifique. On change de vallée aujourd’hui!

On regarde dans les champs de blé des paysans qui ramassent les épis à la main. Puis, ils battent les gerbes en les frappant sur une espèce de planche en bois, afin de récolter les grains sur une grande bâche…Quelle patience!

On observe aussi différents animaux, comme de gigantesques vautours qui tournent dans le ciel; je n’ai jamais vu de si grands oiseaux! (Espérons qu’ils ne soient pas de mauvaise augure…) On croise aussi d’étranges bouquetins avec des cornes bizarres (Mountain goat, qu’ils les appellent ici!).

La vallée est d’une beauté époustouflante. On observe “l’automnisation” de la forêt en face, qui change de couleurs avec l’altitude, dans un magnifique dégradé. Et, toujours, en arrière-plan, on voit ces grands sommets immaculés qui surplombent tout.

On s’arrêtera pour pique-niquer (pas de temps à perdre aujourd’hui) avec du salami et fromage de yak achetés à Manang. (Ça ressemble un peu à du parmesan, c’est bon!)

On arrive ensuite aux portes d’un monastère bouddhiste tibétain. Il est en rénovation, on voit des peintres aguillés sur des échafaudages (on ne vous parle pas des normes de sécurité). Yorick leur offre un…chou, trouvé au milieu du sentier. (Il doit être tombé du chargement d’une mule qui passait par là.)

En guise de remerciement, les peintres nous invitent à entrer à l’intérieur du temple…et là, on se retrouve face à une vision extraordinaire! Face à l’entrée, trône une statue dorée de Bouddha. Elle est entourée d’offrandes (fleurs, encens, argent). Tout autour, sur l’entier des murs et du plafond de la pièce, il y a une fresque géante, éclatante de couleurs et de détails minutieux. Un peintre m’explique sa signification: Elle représente toutes les étapes de la vie de Bouddha, de sa naissance à son illumination, qui lui permet de s’échapper de “la roue de la vie” et ainsi briser le cycle des réincarnations et atteindre le Nirvana.

Tout est peint à la main et ce depuis 4 mois déjà. La fresque n’est pas encore terminée, et quelques peintres sont encore à l’oeuvre, avec leurs mini pinceaux. On les remercie infiniment de nous avoir ouvert leurs portes!

Le chemin, qui ne fait que monter, se transforme ensuite en un sentier très étroit. Il passe alors dans un endroit spectaculaire: Une pente très raide de coulées de pierres et de sable. Parmi ce terrain glissant, de grandes arrêtes de roche transpercent le sol et se déclinent en étranges formations. En passant là, l’impression de vide en dessus et en dessous de nous est presque terrifiante. Très loin, tout en bas, la rivière paraît toute petite et semble nous attirer vers elle. Quand on lève la tête, on aperçoit alors ces gros rochers et ces glissements de terrain prêts à se décrocher; mieux vaut ne pas traîner ici. La traversée dure plus d’une heure, et chaque pas doit être réfléchi à l’avance. La moindre erreur peut être fatale. Cependant, malgré le danger, ce paysage est grandiose.

Après 7 heures de marche, on arrive au camp de base, à 4150 m d altitude. Il y a beaucoup de monde dans le guest house, mais on est content d’arriver! On a fait un sacré dénivelé aujourd’hui.

Il fait déjà nuit et très très froid lorsque nous allons prendre une douche. Elle se trouve dehors, entre quatre tôles. (Et pas de lumière à l’intérieur.) C’est une douche au gaz ultra mal réglée, et au fur et à mesure que l’eau coule, on voit la température monter sur un compteur: 40-41-42…50-51-52…pour éviter de se faire ébouillanter, il faut arrêter l’eau de temps en temps (mais alors là on commence à geler), et tout ça dans le noir complet! ( c’est un sacré exercice d’adresse.)

Dans la chambre, qui n’est ni chauffée ni isolée, il fait des températures négatives. On s’emmitoufle chaudement pour la nuit: toutes nos couches d’habits + notre drap de soie + notre sac de couchage + la couverture mise à disposition. Cette dernière, c’est la “Special nepali blanket” qu’ils l’appellent ici…mais en fait c’est un joli mot pour dire “vieille couverture jamais lavée dont il ne vaut mieux pas savoir ce qu’elle a pu imbiber au cours de sa vie et combien de colonies d’acariens elle contient”.

Jour 8 – Notre premier 5000

Tilicho base camp (4150 m) – Tilicho Lake (5014 m) – Shri Kharka (4000 m) : 17 km

Nous partons aux premières lueurs du jour pour l’ascension du Tilicho Lake. On compte entre 2 heures 30 et 3 heures, uniquement de montée! (864 m de dénivelé).

Aux premiers rayons du soleil, la montagne à notre gauche s’illumine à travers la brume, et le sommet de l’Annapurna I scintille à 8091 m d’altitude.

La montée est rude, mais on tient un bon rythme. On sent ressent un peu le manque d’oxygène. Vient ensuite un terrible chemin en zigzag, qui semble être sans fin. Puis, on atteint un plateau. Là, le paysage change complètement. Il devient stérile, lunaire. Plus rien ne pousse ici. Il fait très froid tout à coup. On a atteint les 5000 m!

Nous marchons alors sur cette partie plate, et c’est là que je ressens vraiment l’altitude qui commence à m’oppresser. Premièrement, je ressens et je “vois” légèrement la pression sanguine dans mes yeux, à chaque battement cardiaque. Puis, tout à coup, je me sens comme en hypoglycémie, avec des légères chutes de pression. Je me sens ensuite comme confuse, c’est étrange comme sensation. Enfin, viennent des fourmillements dans mes doigts… Tout ces symptômes commencent sérieusement à me faire flipper! En fait, j’ai peur qu’ils empirent, que je panique et que je ne sois plus capable de redescendre…que faire alors? Le lac n’est même pas à 15 min d’ici, et le chemin ne va plus monter… je n’ai pas non plus de maux de tête, sensés être les premiers symptômes inquiétants…

Mais ceux que je ressens déjà m’inquiètent et pour qu’ils disparaissent, je sais que je dois perdre de l’altitude. Je choisis donc la voix de la raison, et tant pi pour ce lac! Je dis alors à Yorick : Je DOIS descendre, tout de suite! Yorick me soutient et m’accompagne un bout dans la descente (il s’inquiète pour moi je crois 😉 il me force à descendre doucement).

Très vite, après être descendue quelques dizaines de mètres, je me sens un peu mieux. Je peux continuer seule. Alors, Yorick décide de remonter, accompagné par Ela, Thomek et Alina, que nous croisons dans leur montée.

Quant à moi, une voix dans ma tête ne cesse de me dire “DESCENDS!” Je poursuis le sentier comme une flèche, j’ai le sentiment d’avoir des ailes! Je ne veux qu’une chose: perdre de l’altitude! Pas une seule fois je ne m’arrête, je suis en mode “pilote automatique”.

Arrivée au camp de base, je jette mes affaires et je commande un coca de la délivrance! 😉

Yorick, de son côté, remonte les 1 heure 30 de zigzag (désolée). Il ne souffre pas trop de l’altitude, “juste comme après avoir bu une bière” comme il dit. De retour à 5000, il atteint le lac. Ce dernier est très vaste, d’un bleu opaque, entouré de roches grises-brunes et surplombé d’un glacier à sa gauche. Ici, il y a un “tea house” et c’est tout. Il restera ici un petit moment, avant de faire demi-tour. Sur le chemin, il aidera Alina, elle aussi atteinte du mal d’altitude. (Quel bon samaritain ce Yorick!)

Puis, tout le reste de l’équipe redescend et me rejoint au camp de base. Bref, plus de peur que de mal! A voir, ces symptômes sont tout à fait normaux et j’ai peut-être flippé trop vite… Mais, en tout cas, je ne regrette pas ma décision. Cette marche m’aura  servi d’une bonne acclimatation, et je fais confiance à mon corps pour lancer l’usine à globules rouges à fond les ballons!

Après un dîner au camp de base, on reprend la marche direction le bas de la vallée. Le but est de rejoindre le chemin principal du trek. On retrouve donc ce fameux sentier qui traverse tous ces glissements de terrain. (Ça nous enchante guère, surtout après cette matinée difficile!).

Environ 2 heures plus tard, nous arrivons à Shri Kharka. Ici, comme au Tilicho base camp, c’est un peu l’industrie du trekkeur, et les guest house ne sont plus si familiales. Elles sont énormes, bondées et sans âme.