Jour 9 – Couleurs d’automne

Shri Kharka (4000 m) – Ledar (4200 m) : 16 km

Aujourd’hui, nous rejoignons la route principale, dans la vallée de Manang. Il fait toujours très beau.

Un jeune chien noir nous accompagne toute la journée! (Il s’auto-promène en suivant les marcheurs, et tout le monde le nourrit par la même occasion). Le sentier perd de l’altitude et passe à travers de magnifiques buissons rouges, oranges et jaunes. On descend alors dans une petite forêt de bouleaux, qui perdent leurs feuilles dorées; c’est l’automne ici!

Après avoir traversé un pont suspendu, on remonte sur un plateau entouré de montagnes. C’est superbe!

On arrive ensuite dans le village de Yak Kharka, qui porte bien son nom! On rencontre ici des yaks, qui sont de bien étranges animaux. On dirait un mélange de vache, bison, avec une queue de fourmilier (queues séchées qui sont en vente dans les magasins de souvenir soit dit en passant). Le yak est l’une des seules viandes qu’ils consomment en altitude, mais elle est rare. D’ailleurs, ils en ont presque jamais dans les guest house. Ça fait presque 10 jours que l’on mange végétarien!

On poursuit notre route jusqu’au village suivant, Ledar. Sur le chemin, je papote avec un porteur. C’est un métier ici! Les porteurs sont engagés soit par des trekkeurs pour porter leur sac, soit par les guest house pour transporter de la marchandise. Ils portent tout cela sur le dos, avec une élastique sur la tête pour retenir le poids! Il m’explique que son chargement pèse 35 kg! (Et nous qui nous qui nous plaignons de nos 10 kg…)
A noter également la vitesse de marche impressionnante qu’ils ont: des vraies machines à endurance! Et certains marchent en basket ou même en tong!!!

J’apprends également que mon prénom, en népalais, signifie “couleurs” (ou quelque chose du genre). Ça va bien avec le thème de cette journée!

On trouve finalement un guest house. La nuit est glaciale (il gèle dans la chambre). Cependant, elle nous offre un spectacle extraordinaire: un ciel étoilé comme jamais! L’altitude, le peu de pollution lumineuse et l’absence totale de nuages rend tout cela possible. C’est juste incroyable le nombre d’étoiles qu’il y a! Et la voie lactée est parfaitement visible.

Jour 10 – L’atmosphère décontractée du windhorse guest house

Ledar (4200 m) – Thorung Phedi (4525 m) : 5 km

Petite journée aujourd’hui. On rejoint l’un des camps de base du fameux Thorung La pass. Une fois sur place, c’est une journée repos des muscles et acclimatation. (Sauf pour Yorick et les autres, qui partent faire une marche vers un superbe point de vue.)

Quant à moi, je reste dans la salle commune du windhorse guest house, où l’ambiance est chill! Les tenanciers sont des jeunes qui ont l’air de vouloir soigner cette atmosphère cosie. Des guitares sont accrochées aux murs, des livres et des jeux de société sont mis à disposition de tous, et de la bonne musique sort des hauts-parleurs. Enfin, la nourriture est excellente!

Pour dîner, on mange un délicieux chowmein (nouilles sautées) et un incroyable burger végétarien au fromage!

Cette journée nous offre l’occasion de commander un sceau d’eau chaude pour se laver, et plus particulièrement pour me laver les cheveux (qui n’avaient plus été lavés depuis…un certain temps). On jouera également à un incroyable jeu de société (sorte de jeu de l’oie népalais) avec nos amis Thomek, Ela, Alina, Joan et Ruben. Les rires!

Cette soirée est géniale, et ça sera la dernière tous ensemble, alors on profite. En effet, les autres ont peu de temps pour terminer le trek (ils ont un avion à prendre) et souhaitent attaquer le col demain. Nous, ben, on aimerait prendre notre temps et s’acclimater encore un peu avant. On va rester ici une nuit de plus!

Jour 11 – Une journée tranquille d’acclimatation

Thorung Phedi (4525 m)  – High camp – Thorung Phedi (4525 m)

Pas de stresse aujourd’hui. On se réveille après une nuit glacée (merci les doubles special nepali blanket). On déjeune tranquille alors que tous les autres marcheurs partent pour le col.

On fait quand même une marche d’acclimatation aujourd’hui. On grimpe jusqu’au high camp. Le soleil finit par arriver et nous éclaire de ses chauds rayons. On se réchauffe enfin, il était temps! Dans la montée, on rencontre d’étranges oiseaux. Ça ressemble à des poules-pintades-faisans qui gloussent et volent très mal. Elles sont marrantes!

Dans la catégorie “animaux bizarres”, on croise également une sorte de petite souris-chinchilla-hamster qui boulotte les salades du jardin du guest house.

On arrive au high camp, 300 mètres plus haut, et on poursuit jusqu’au pic qui le surplombe. (Celui où Yorick s’est rendu hier.) Le panorama à 360 degrés sur toutes les montagnes est époustouflant! D’un côté, les pics blancs du mont gangapurna, de l’autre, des grosses vallées de roche brune. Enfin, on aperçoit le sentier qui part en direction du col.

Des ribambelles de drapeaux de prières flottent dans le vent; c’est de toute beauté! Là haut, on est à environ 5000 m, et le corps gère bien.

On poursuit alors un petit bout sur le sentier qui part en direction du col. C’est tout ça de pris pour l’acclimatation! (A noter que depuis hier, j’ai commencé à prendre des pastilles Diamox pour aider le corps à gérer le manque de pression. C’est Joan qui me les a gentiment données. A voir, tout le monde prend ça ici – sauf Yorick, cette machine. A vrai dire, on n’y avait même pas pensé plus tôt. Enfin bref, si ça peut m’aider pour demain, why not.)

De retour au camp, on termine la journée avec une sieste. Nous sommes parés pour demain, le grand jour!

Jour 12 – Le fameux Thorung La pass!

Thorung Phedi (4525 m) – Thorung La pass (5416 m) – Muktinath (3760 m) : 14 km

C’est le grand jour! Il est temps de se confronter aux 5416 mètres d’altitude de ce col, que nous (je) redoutons depuis si longtemps.

Cette nuit a été glaciale (merci la couverture de survie).

Départ à 6h30, après un bon petit déjeuner: porridge et soupe à l’ail pour Yorick (erreur fatale, il la rotera toute la montée). On s’attaque gentiment à la partie la plus raide, jusqu’au high camp. Très vite, on trouve notre rythme : très lent, mais constant. Je me chante un air dans la tête et je calque ma respiration dessus. Ainsi, j’arrive à inspirer beaucoup d’air à la fois, sans perdre le rythme! (Stratégie de chanteuse, j’imagine).

Cette constante lenteur est vraiment utile. Elle permet d’éviter de faire trop d’effort et de mettre trop les muscles à contribution. En effet, l’air se raréfie et il faut absolument éviter d’être à bout de souffle pour rien. On monte ainsi comme des robots.

Puis, on entame la partie qui nous élève au-dessus des 5000. On dépasse ensuite le point le plus haut atteint hier, juste après un pont. Un snickers plus tard, on continue notre progression. Je commence à sentir l’altitude qui m’oppresse: léger état de confusion, légères pertes d’équilibre, et toujours mes yeux qui font stroboscope. Je continue en essayant de ne pas y penser. Yorick, lui aussi, est un peu étourdi. ( Il faut préciser aussi qu’il porte presque toutes mes affaires lourdes!)

On évolue ainsi à pas de saucissons. Après chaque montée un peu plus difficile, des types attendent avec des chevaux, tels des vautours attendant un futur cadavre, et proposent des transports payants aux trekkeurs au bout du rouleau. “No, thank you!” Répondra-t-on à chaque fois. (Bon, c’est rassurant de les savoir là.)

Puis, vient l’interminable passage avant le col. On marche dans des espèces de dunes solidifiées, lunaires. La terre est ocre, rien de pousse ici. En haut de chaque colline, on espère apercevoir le sommet, mais non! Il y en a encore une plus haute et plus loin, à chaque fois. Ce moment est vraiment difficile psychologiquement. Sur le plan physique, notre rythme de grand-maman en tintébin fait bien son travail. C’est vraiment un combat mental! J’essaie de ne pas  trop regarder en l’air de peur de perdre l’équilibre et ma concentration. Je me concentre sur mes pas.

Je repense aux aventures de Mike Horn au-delà des 8000 mètres, racontées dans ses livres. Je me rappelle bien de la manière dont il décrit son combat avec l’altitude! Certes, c’est à un autre niveau que ça se joue, on ne peut pas comparer. Mais ses 8000 mètres à lui sont mes 5000 mètres à moi, et quand je regarde les autres marcheurs qui souffrent devant nous et leur rythme “astronautes sur la lune”, je me dis qu’on est quand même des pauvres choses imbéciles, nous humains!

3h30 et 900 mètres de dénivelé positif plus tard, nous voyons au loin des drapeaux! Enfin! C’est la délivrance. Les 50 derniers mètres se font facilement. Autour du panneau ” congratulations Thorung La pass, 5416 m!”, il y a des centaines de drapeaux bouddhistes, mêlés à d’autres choses accrochées par les trekkeurs. On y voit d’ailleurs le drapeau polonais de nos amis accroché hier.

Ici, tout le monde célèbre sa réussite tout sourire. Moi, je suis contente, mais je célébrerai plus tard, après avoir perdu de l’altitude. Je ne me sens pas à l’aise ici. Deux photos et zou! On se tire d’ici. On descend en mode machine. Après un bon moment de descente, on s’arrête enfin pour faire une pause. Maintenant, les émotions peuvent sortir! Yes, on l’a fait!

Mais, c’est n’est pas tout de monter, il faut maintenant redescendre. Et le sentier est raide et caillouteux et surtout très, très long. 1656 mètres de dénivelé négatif nous attendent, nous et nos articulations. De l’autre côté du col, on croirait avoir changé de planète! Nous arrivons dans la région du Mustang, qui fait frontière avec le Tibet. Devant nous se dressent des montagnes rouges désertiques, c’est juste impressionnant.

3 heures plus tard, on arrive en bas de la partie la plus raide. On mange quelques biscuits et on remplit notre gourde filtrante, il est passé midi. On repart pour une dernière heure de marche jusqu’au prochain village, Muktinath.

Enfin, on l’aperçoit au loin, dans une vallée verdoyante, au milieu de toute cette sécheresse. On dirait une oasis! En y arrivant, on a l’impression d’arriver dans un village western : une seule rue poussiéreuse, des chevaux et des vaches et des bâtiments de chaque côté. Ça fera l’ affaire! Très vite, on se jette dans un restau pas trop miteux et on y mange des burritos. Là on peut dire qu’on est au bout du rouleau.

On passera la soirée avec Joan et Ruben, arrivés là hier. (Impossible de se dire au-revoir, on les retrouve toujours! 😉 ) On tombe ensuite de sommeil dans l’une des chambres du Bob Marley hotel, après une journée riche en émotions!

Jour 13 – Les temples de Muktinath

Muktinath (3760 m) – Jharkot (3519 m ) : 2 km

Journée repos aujourd’hui. Joan et Ruben filent pour une longue journée de marche jusqu’à Jomsom. Nous, et bien, on souhaite prendre plus de temps afin de s’imprégner de cette région très spéciale qu’est le Mustang. Nous souhaitons visiter les temples que nous avions aperçus hier en arrivant dans le village.

Parmi les visiteurs du temple, il y a beaucoup de touristes népalais hindous. La plupart vient ici en pèlerinage. Il s’agit d’un complexe de plusieurs temples, éparpillés dans un grand parc. Le premier que l’on voit est le temple de la déesse Shiva. Puis, on entre à l’intérieur d’un endroit qui grouille de monde. Une jeune népalaise nous apprend que c’est le temple de Vishnou. Tout autour, plein de gens tournent en récitant des chants et en faisant des offrandes: encens, argent, noix de coco, pigments colorés, épices…on décide alors de se mêler à cette cohue. Yorick fait une donation à la dame du temple, et il reçoit en échange…une vieille banane! …heu…que doit-on en faire? Cela reste un mystère.

Ah, et il y a aussi les 108 fontaines d’eau glacée! En forme de tête de vache, ces jets d’eaux sont purificateurs selon les croyances locales. Il ne faut évidemment pas attendre longtemps avant de retrouver Yorick, en caleçon, en train de courir sous les 108 fontaines! Le voilà purifié de corps et d’esprit!

Nous visitons ensuite un autre temple. Ce dernier nous semble bien familier. On retrouve un moulin à prières géant, des symboles déjà vus comme le “nÅ“ud sans fin”, des drapeaux…mais, c’est un monastère bouddhiste! On verra aussi une grande statue noire de bouddha un peu plus loin… Hindouisme? bouddhisme? Ce temple accueille les deux religions!
(On apprendra plus tard que la majorité du Népal est hindouiste, que le Nord est majoritairement bouddhiste, et que les deux religions cohabitent bien. D’ailleurs, beaucoup de népalais célèbrent les rites des deux religions à la fois.)

Après cette visite intéressante, nous quittons ce village pour nous rendre au village voisin, Jharkot. Ce dernier est hallucinant! On dirait qu’il est resté intact pendant des siècles. Plus authentique, impossible! Les petites maisons sont très vieilles, les ruelles très étroites. On croise quelques chèvres et quelques petites vaches qui se promènent.

On trouve un guest house dans lequel on croise…une équipe de motards bien de chez nous! (Payerne et environs) (on se disait bien qu’on reconnaissait cet accent!) C’est très drôle en tout cas. Malheureusement, on ne fait pas causette très longtemps. En effet, ils disent à leur guide que l’hôtel de leur convient pas. Ils nous expliquent qu’ils ont tout réservé avec une agence, et que celle-ci leur a facturé des nuits d’hôtel à 40 CHF, donc ils s’attendent logiquement à un certain standing! (Bon, pas sûre que ça existe, un tel hôtel, dans cette région.) Ils deviennent verts quand on leur dit qu’on paye 3 CHF la nuit (lorsqu’on n’obtient pas la nuit gratuite). Conclusion : ne jamais passer par des tours organisés!

Jour 14 – Des rencontres improbables et un panorama inoubliable

Jharkot (3519 m ) – Lubra (2800 m) :  10 km

Pour le petit déjeuner, direction le “German Bakery”, que nous avions remarqué hier. Là, on rencontre un retraité allemand (aucun lien avec le nom du café) et un retraité japonais. On commence à papoter avec eux, on rigole bien. Le tenancier du café est un jeune népalais rigolo avec un grand sourire, on dirait qu’il sort d’une série TV. On boit ici un VRAI café (très rare, ici, d’habitude c’est du café soluble; mais alors très, très soluble: une cuillère diluée dans 10’000 litres d’eau je pense). La machine d’ici prend cependant des plombes, et c’est sans compter les régulières coupures d’électricité. (Mais on a un temps pour vivre!) On mangera une délicieuse tarte aux pommes faite avec les pommes du jardin. On passera un chouette moment avec cette équipe improbable.

Puis, nous visitons le monastère bouddhiste tibétain (on les reconnaît de loin, ils sont très souvent peints de couleur rouge foncée). Ici, on les appelle des Gompas. On s’y rend, et là on voit des enfants gambader dans la cour et des herbes sécher par terre. On papote avec une dame, typée européenne, qui nous raconte qu’elle fait du volontariat ici. Il s’agit d’une centre médical de médecine traditionnelle tibétaine et d’une école. Ici, les gens viennent se faire soigner par un médecin traditionnel, le “amchi”. Les bénéfices sont reversés à l’école, qui offre une éducation gratuite aux enfants défavorisés des villages voisins. Ici, ils apprennent l’anglais et les matières de base, mais aussi les diverses connaissances de la médecine traditionnelle tibétaine. Une association allemande et autrichienne s’est associée à ce projet et essaye de trouver des fonds pour le financer. Nous rencontrons le futur “amchi” qui reprendra la flambeau. Il finit bientôt ses études, et a été écolier ici étant enfant. Il nous parle de la médecine tibétaine, nous montre les différentes plantes qui sèchent, et la “storage room”, où sont stoquées toutes les plantes. Elles poussent toutes dans de la région, et en les mélangeant on obtient une grande quantité de remèdes! On apprécie le projet, et on leur fera une petite donation de 5000 roupies (environ 50 CHF), sachant que le salaire moyen népalais est d’environ 80 CHF par mois. Pour ce faire, on utilise la cagnotte créée lors de notre départ, avec le soutien financier de nos amis et famille.

Puis, on s’en va. Sur le chemin, on trouve un fossile, puis deux, puis on se lance dans une chasse aux fossiles! (Vraiment, aujourd’hui, on est pas pressé haha!) Il y en a partout, et ils sont en très bon état! Ce sont des fossiles d’ammonites, des mollusques marins qui ont vécu entre 60 et 400 millions d’années en arrière.

De plus, ce sentier, qui mène jusqu’au Lubra pass est superbe! Cet endroit est vraiment calme et relaxant. Des petits ruisseaux dégringolent des collines et viennent arroser les pâturages et les champs. Quelques arbres d’automne décorent cette vallée verdoyante, perdue au milieu des collines sèches et désertiques, entourée de montagnes géantes. Les couleurs sont incroyables! Arrivés on col, le vent souffle fort là-haut. La vue à 360 degrés est fabuleuse.

On continue et on passe le col de Lubra. Heureusement qu’on a pris ce sentier, et pas la route 4×4!  On descend ensuite la montagne de l’autre côté. Le dénivelé se fait ressentir, la descente est longue.

Au bord de la rivière, apparaît le charmant petit village de Lubra. En y arrivant, on ressent directement une “good vibes”. Très typique, ce village est composé de petites maisons de pierre, parfois colmatées avec de la terre. Sur les toits et les murets est disposée la réserve de bois pour l’hiver. Des toutes petites vaches déambulent dans les ruelles étroites. On trouve rapidement ici une petite guest house, “Bon”. La chambre est simple, propre et confortable.

En buvant un thé masala dehors au soleil, on rencontre Thomek, un jeune polonais (oui, encore!). Ce qui est incroyable, c’est qu’on le rencontre aujourd’hui, jour où il sort d’une retraite spirituelle d’un mois dans une grotte! Il était seul, n’avait pas le droit de parler ou de se distraire, et a pratiqué la médication “tantrique”. C’est une sorte de méditation tirée de la tradition “bon”, un ancêtre du bouddhisme. Pour l’aider, un villageois lui apportait régulièrement de quoi cuisiner: eau, riz, patates et farine d’orge, seule nourriture pendant un mois. On lui demande comment il se sent, et, à voir, il n’en est pas à sa première tentative! C’est même un habitué de ce genre de retraites et un fervent pratiquant du bouddhisme. Son récit est incroyable. Il nous parle des fondements du bouddhisme, des différentes sortes de méditation…On apprend un million de choses! Il nous informe également que ce village est en fait un lieu sacré et historique pour cette tradition et que beaucoup de gens viennent ici en pèlerinage, et ce depuis des siècles! D’ailleurs, il nous propose de nous faire visiter sa grotte demain (et on accepte avec plaisir).

On observe les tenanciers cuisiner notre Dal Baht et Chowmein, 100 % organique avec les légumes du jardin.

Jour 15 – Direction Jomsom

Lubra (2800 m) – Jomsom (2740 m) : 8 km

On déjeune dans la cuisine des propriétaires avec Thomek. Il nous fait goûter son déjeuner habituel, qui est le traditionnel déjeuner tibétain: Farine d’orge mélangée à de l’eau chaude, du miel et du beurre tibétain (beurre qui s’appelle “ghee”, ça me fait bien rigoler). Je trouve que ce beurre ressemble plus à du vieux fromage qu’à du beurre! Mais le déjeuner n’est pas mauvais, c’est riche en tout cas.

On quitte ensuite ce joli village, après avoir observé le vieux noyer presque millénaire. Selon les croyances, il aurait été planté par le premier moine d’une importante lignée de la tradition “bon”. Thomek nous emmène ensuite dans sa grotte, qui se trouve perchée dans la falaise de l’autre côté de la rivière. L’endroit est impressionnant. Il a servi de lieu de retraite spirituelle depuis des siècles. Alors, à première vue, il ne faut ni être claustrophobe, ni être pointilleux sur le confort: c’est vraiment et officiellement une grotte!

Par une petite porte dans la roche, nous entrons. Ici, il y a deux mini pièces creusées dans la pierre. L’une permet de faire du feu ou de cuisiner sur une bonbonne de gaz. Elle est ouverte sur l’extérieur par un “balcon” de pierre. L’autre, et bien c’est un “trou”, qui sert de lieu de méditation et de chambre à coucher.

C’est incroyable de penser que quelqu’un puisse rester ici seul pendant un mois! Et on n’a encore rien vu: Thomek nous présente une deuxième grotte juste un peu plus haut, celle prévue pour la “dark retreat”. Ici, pas de lumière du jour, pas de balcon. C’est juste un trou noir de 4 mètres carrés. L’entrée est emmurée une fois la personne à l’intérieur, et un tuyau permet de faire ses besoins. La nourriture est cuisinée et amenée depuis un petit trou. Et cette retraite dans le noir complet dure…49 jours!  Autant dire qu’il faut être fort (ou un peu fou) mentalement. Thomek nous explique que le noir complet aide à se focaliser sur sa méditation. Il nous dit aussi qu’il a pour projet de tenter cette retraite l’année prochaine!

Et bien, on lui souhaite bonne chance! Puis, on le remercie infiniment de nous avoir présenté tout ça, c’est vraiment une aventure de dingue.

On reprend alors la route direction Jomsom. On marche dans le lit de la rivière, toute petite car nous sommes en saison sèche. On grimpe ensuite dans le flanc de la vallée avant de redescendre dans la vallée de Jomsom, sur une route 4×4. Là, la marche n’est pas très agréable: La route est venteuse et très, très poussiéreuse, et on doit la partager avec des jeeps, des bus, des scooters et des tracteurs.( Ah oui, il y a aussi quelques mules lourdement chargées.) On se dépêche, afin d’arriver à Jomsom avant midi. En effet, c’est à ce moment qu’un vent violent se lève quotidiennement et balaye tout, dans une tornade de poussières.

On arrive à Jomsom en mode “hommes des sables”. On sait directement que cette ville ne nous plait pas. Elle est venteuse, poussiéreuse et pas jolie. C’est un nid d’attrape-touristes (beaucoup de trekkeurs terminent le trek ici) et les bâtiments n’ont rien de charmant. De plus, à l’entrée du village, on croise des sales ados en train de mettre à mort un oiseau en rigolant. Je suis choquée! Enfin, on trouve un hôtel pas trop mal, mais le tenancier ne nous inspire rien de bon…On prend quand même la chambre, parce qu’on ne voulait que deux choses: une douche chaude et du wifi (que demande le peuple?) pour s’enfermer et se reposer tout l’après-midi. Demain, c’est sûr, on quitte cet endroit!

Le soir, on discute un peu sur la tournure que va prendre cette aventure ces prochains jours… On est en effet assez fatigué de ces longues journées de marche, (mes genoux cagneux ont bien tenu le coup jusque là, à voir si je continue de leur faire endurer tant de marche) mais on a la possibilité et surtout le temps de continuer le trek plus loin. Que faire alors? S’arrêter ici et prendre un bus pour Pokhara, et profiter de visiter ce lieu? Continuer le trek encore une semaine? ou moins? On se tâte…

Jour 16 РJeep rat̩e mais chouette fin de journ̩e

Jomsom (2740 m ) – Marpha (2650 m) : 8 km

La décision est donc prise! On prend une jeep pour Pokhara! Après mûre réflexion hier soir, on a choisi d’arrêter le trek ici. En effet, – il paraît – que le sentier pédestre après Jomsom se confond souvent avec la route 4×4, et n’est donc pas très agréable à marcher. On voulait alors prendre un bus, mais diverses sources nous ont informé que la route Jomsom – Pokhara est très dangereuse, c’est même la pire route du Népal (voire du monde! selon certain 😉 ). On s’est donc dit qu’on aimerait pas trop finir dans le ravin comme certains véhicules…La solution la plus sûre (ou du moins la moins pire et qui est financièrement acceptable) est donc la jeep! Soit.

Ce matin, alors que notre déjeuner est en préparation dans la cuisine (ça prend toujours des plombes) je pars à la recherche d’une jeep. J’en trouve une, mais elle part MAINTENANT. Je cours donc chercher Yorick. On paye notre petit déj – toujours pas servi – et on court jusqu’à la jeep. Là, on apprend que finalement, il n’y a pas de place pour nous. SUPER. On cherche d’autres jeep, toutes pleines. Zut! Je suis énervée contre moi-même, on aurait dû la réserver hier (mais on avait trop la flemme). Soit. On décide alors de retourner à l’hôtel pour, au moins, consommer notre déjeuner que nous avions tout de même payé. Le mec de l’hôtel nous répond que ce n’est plus possible et ne souhaite pas faire un geste: et bien MERCI. Quelle matinée pourrie! Yorick relativise en me distant qu’on a “un temps pour vivre”, et il a raison. On trouve donc un nouveau plan: On réserve la jeep pour demain matin, mais depuis le village suivant, Marpha. (On veut se tirer au plus vite de ce Jomsom de  malheur!)

On reprend donc la route. Le tour des Annapurnas n’est pas encore terminé pour nous! Le chemin pour arriver à Marpha passe par Neeru, un village tout mignon, et longe de grands champs de pommiers et d’abricotiers. D’ailleurs, la pomme séchée de Marpha est mondialement connue!(enfin, en tout cas au Népal). On marche donc les huit petits kilomètres qui nous séparent de ce joli village. La route est venteuse et très poussiéreuse.

Et là, on tombe sur un super joli guest house! Il y a une jolie véranda où on dîne, et surtout une cour intérieure avec un magnifique jardin fleuri! Il y a ici quantité de fleurs colorées ainsi qu’un pommier et un abricotier. On se croirait dans le jardin d’Alice au pays des merveilles! (Il y a même le Lapin Blanc).

Fin du tour des Annapurnas et aventure en jeep jusqu’à Pokhara

On se réveille ce matin avec un peu de nostalgie. C’est ainsi que se termine notre tour des Annapurnas. (Enfin, si la jeep est au rendez-vous.) Cela aura été une aventure incroyable! Un grand bol d’air frais et un bain de nature, avec des paysages géantissimes à couper le souffle! Nous avons côtoyé quelques unes des plus hautes montagnes du monde et évolué dans des grands, très grands espaces. Au rythme de nos pas, on a vu la nature se transformer jour après jours. On a également pu repousser nos limites tant physiquement que mentalement, et ça, ça fait du bien. Enfin, nous avons fait de supers rencontres humaines: que ce soit avec notre petite équipe de sept, en espérant revoir ces nouveaux amis un jour, qu’en rencontrant les locaux qui nous ont hébergé. C’était l’occasion pour nous de s’immerger au milieu de ces sympathiques villageois qui vivent encore de manière très traditionnelle. On a beaucoup appris sur leur quotidien, leur culture et leurs croyances, la-haut dans les montagnes ou en bas dans les rizières.

C’était tout simplement 16 jours hors du temps; on a adoré!

Revenons alors à notre journée. La jeep est finalement au rendez-vous! Elle est déjà pleine, mais il y a quand même deux places pour nous. Nous sommes alors 11 dans une jeep prévue pour 8. On est hyper serré, mais au moins on a une place assise! L’autre avantage qu’a la jeep sur le bus, (outres qu’on risque moins de tomber dans le ravin) c’est qu’elle met normalement 8 heures à la place de 12 heures pour rejoindre Pokhara, située à 158 km. Et oui, la route est juste complètement défoncée. Elle traverse des glissements de terrain et des rivières, et est remplies de trous et de rochers. Bref, nous partons à 7h45, musique népalaise (qu’on adore) A FOND, avec une jeune chauffeur – le plus rapide de l’Himalaya – qui ne laisse personne devant lui. Autant dire qu’il ne laisse pas une minute au hasard. A l’intérieur de la jeep, mieux vaut avoir le cÅ“ur bien accroché, et des bras robustes pour s’accrocher à ce qu’on peut. En gros, pendant les 4 premières heures, on rebondit SANS RÉPIT. Plus besoin d’aller à Europa-park pendant 10 ans!

La vue, quant à elle, est superbe! Etant donné que l’on descend en altitude, on voit le paysage se transformer. Très vite, apparaissent de grands conifères qui s’étendent sur toutes les montagnes. Puis, petit à petit, on observe des bambous et autres arbustes plus tropicaux. De magnifiques cascades tombent des parois verdoyantes. Et, évidemment, en arrière-plan, les hauts sommets blancs sont encore bien présents. On retrouve alors les rizières, l’humidité et le chant strident des cigales locales.

A midi, on fait petite pause dans un restau pour engloutir un Dal Baht à Mach 12. On est les seuls non-népalais de la jeep, et on observe les autres qui mangent leur Dal Baht avec les mains. ( On fait un peu tache avec nos petites fourchettes.)

Puis, on repart pour 4 heures de trajet! La suite du voyage est certes moins cabossée, mais la route n’en reste pas moins dangereuse. En effet, elle est désormais goudronnée, une aubaine pour notre chauffeur qui aime conduire vite! A grands coups de klaxon, il dépasse tout ce qui se trouve sur son passage: voitures, bus, scooters, vaches, chiens, enfants, paysans en train de porter des tonnes de foin sur leur tête… Au moins, on arrivera à Pokhara en moins de deux! Il faut quand même admettre que, malgré la vitesse, on voit que le chauffeur connaît la route jusqu’au moindre virage, et ça, c’est rassurant. Dans la jeep, on papote avec une famille de Katmandou, venue spécialement à Muktinath pour y faire un pèlerinage.

Enfin, on arrive dans les environs de Pokhara. On remarque au bord de la route, des centaines et des centaines de…chèvres! Sur plusieurs kilomètres, à gauche et à droite de la route, il y en a absolument partout! On remarque alors des gens en train de tirer une chèvre par une corde, d’en transporter une sur un pick up ou même des chèvres aguillées sur un scooter. Avant-hier, il y en avait même une sur le toit d’un bus à Jomsom! L’un de nos compagnons de route nous explique que ces jours-ci se tient un important festival hindou, et que chaque famille achète une chèvre pour l’occasion. C’est un peu la foire aux chèvres donc! On devine facilement quel sera leur triste sort…

On arrive à Pokhara vers 16h00, dans le jellyfish hotel. Ruben et Joan y sont déjà, et ils nous ont réservé une chambre ici! (trop sympas ;-). On soupera avec eux un bon burger dans un super joli restaurant, très occidentalisé, mais ça fait du bien! On prend ensuite une petite bière dans un bar avec musique live, puis on va se coucher. Cette journée de jeep aura été tout aussi épuisante que 25 km de trek!

 

 

 

 

 

 

 

 

Carte