Direction les Galápagos, le pays des merveilles

Après une nuit à Guayaquil, on se rend à l’aéroport pour nous envoler vers l’archipel des Galápagos, situé à un peu plus de mille kilomètres à l’ouest de l’Equateur, dans l’océan Pacifique. 1h30 de vol, et nous atterrissons sur l’île de San Cristóbal. C’est vraiment incroyable, on est aux GALAPAGOS, un mot qui a raisonné en moi depuis que je suis toute petite. Je n’arrive pas à y croire!

En arrivant, on paye les 120 CHF de taxes d’entrée (oui, rien que ça). Les Galápagos, c’est connu pour être très, très cher. Mais bon, on s’est dit que vu qu’on avait encore du budget et que géographiquement on était déjà tout proche, et bien c’était l’occasion ou jamais! (Et pis bon, à quoi sert l’argent, si ce n’est pour vivre des expériences pareilles.)

Les Galápagos, c’est un archipel volcanique d’une quarantaine d’îles. Il n’y en a que trois qui sont habitées: Santa Cruz – où se trouve la plus grande ville -, San Cristóbal et Isabela. Le 97% du territoire terrestre est protégé et classé “réserve naturelle”. Aussi, tout autour, il y a un sanctuaire marin qui protège 133’000km2 d’océan. De part sa protection, son isolement, sa situation géologique et géographique, cet endroit est le paradis des animaux! C’est également grâce aux découvertes faites ici que Charles Darwin a peaufiné sa théorie de l’évolution.

Nous y sommes, donc. On va passer un peu plus de trois semaines ici, avec Pierre, le papa de Yorick, qui nous rejoindra dans une dizaine de jours. On se rend alors à notre logement réservé sur booking. On a trouvé un truc vraiment pas cher, pour un peu moins de 40 CHF la nuit. L’après-midi, on fait un tour au port. Les rues sont propres, pavées, décorées, le tourisme étant la principale activité économique du coin. On appréhende un peu de voir la quantité de gens et comment tout cela est géré…

Première surprise, vers le port, il y a une plage où on trouve…des dizaines d’otaries (et plein de bébés!). C’est incroyable! Une barrière a été installée pour éviter que toute cette bande de joyeux lurons s’infiltre trop profondément dans la ville. Cependant, certains arrivent quand même à passer. Il y en a qui marchent sur les trottoirs ou encore qui se couchent sur les bancs publics…Personne ne semble gêné et personne ne les dérange.On a l’impression qu’il y a un énorme respect au sein de la population.

Et le plus fou, c’est le soir, quand la plage est entièrement recouverte d’otaries. On assiste à ce spectacle beaucoup trop comique: un tapis d’animaux avachis les uns sur les autres. Certains dorment, d’autres se marchent dessus, les bébés perdus traversent la foule en hurlant pour retrouver leur mère  – ils ont l’air si désespérés les pauvres! Certains toussent, d’autres se battent, se mordent, se font chasser par le gros mâle… Ces scènes sont justes hilarantes, et le plus drôle c’est le son. (ci-dessous un enregistrement d’une scène de zombies dans Zombieland:)

Le lendemain, on découvre avec bonheur un lieu magique: la Loberia. Si la majorité des endroits n’est accessible qu’en tours organisés avec un guide agréé, et bien il y a aussi quelques lieux ouverts au public gratuitement. Cette plage en fait partie. Comme son nom l’indique, “lobo” en espagnol signifie otarie ou sea lion en anglais. Un peu comme le port de San Cristóbal, cette plage est la maison d’une colonie d’otaries. Ici, elles viennent mettre bas. A peine arrivé, on en voit partout! Nous sommes presque tout seul; c’est génial. On tombe alors sur une maman avec un tout petit bébé qui ne doit vraiment pas être bien vieux…Il est tellement ADORABLE! Mon cœur fond littéralement; je crois que c’est la créature la plus chou du monde!

On peut aller assez proche, les animaux ne semblent pas nous calculer. Il faut dire qu’ils ont l’habitude de cohabiter avec les humains. Les locaux viennent ici se baigner, et partagent volontiers le lieu. Evidemment, question de bon sens, il ne faut pas trop s’approcher. Certaines femelles peuvent en effet être agressives quand elles ont des bébés. Heureusement, il y a quand même des panneaux précisant qu’il est interdit de les toucher, et qu’il faut garder une distance d’environ deux mètres. (Distance pas toujours facile à respecter, spécialement dans l’eau quand ce sont les otaries qui s’approchent à toute vitesse.) D’autres touristes arrivent, à voir tout le monde semble être très respectueux.

Une fois la marée haute, on se lance à l’eau, avec notre matos de snorkeling. Heureusement, on a loué une combi (l’eau doit avoir environ 22°C.) Là, on aperçoit des jeunes otaries en train de jouer (les bébés passent littéralement des HEURES à jouer). Ils nous voient, et directement ça les intrigue. C’est alors qu’ils commencent à jouer avec nous! Ils nous tournent autour, font des loopings sous l’eau, s’approchent de nous hyper près et tournent à la dernière minute. Jamais ils ne nous touchent, mais ils font des rases mottes! On est tout seul avec eux, ce moment est magique; on a presque les larmes aux yeux. On constate aussi l’agilité et la souplesse que ces créatures ont dans l’eau; c’est un véritable spectacle de danse!

Lors d’une petite promenade le long d’un sentier, on aperçoit aussi nos premiers iguanes marins. Il y en a partout, camouflés sur les pierres volcaniques noires. Ils ne semblent également pas peureux du tout. Vers une jolie falaise au bord de l’océan, on observe aussi des oiseaux marins comme des mouettes et les fameux “boobies”, les fous à pieds bleus! Et bien, comme première journée, on n’en espérait pas autant!

Au total, on reviendra pas moins de trois fois ici pendant tout le séjour. C’est trop cool d’avoir du temps. Ne pas juste prendre une photo et partir; mais aussi du temps pour simplement se poser, observer pendant des heures et en prendre plein les yeux.

Un autre jour, nous faisons une balade dans la direction de “playa Baquerizo”, un autre lieu gratuit où un sentier côtier a été aménagé. Le chemin devient très vite assez accidenté; on marche à même les pierres de laves. Ici, la végétation est vraiment très spéciale, on se croirait sur une autre planète. Il y a des cactus si gigantesques qu’on dirait des arbres! La chaleur et l’humidité sont torrides. On ressent vraiment qu’on est à l’autre bout du monde. Je dois avouer que ce sentiment de dépaysement, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas ressenti aussi fort.

(Avec mon pote le lobo. Celui-là, je peux le toucher!)

On migre à Santa Cruz

Santa Cruz étant la plus grande ville, on se décide de migrer là-bas où on aura plus de choix devant les agences de tours organisés et les centres de plongées. On prend donc un “ferry” (enfin, ça ressemble plutôt à un bateau de pêche plein à craquer) et un peu moins de deux heures sur une mer agitée plus tard, on arrive à destination. On est directement étonné par la taille de la ville. C’est grand, c’est touristique, il y a pas mal de monde. Je ne m’imaginais pas les Galápagos si développées. Heureusement, la quasi totalité de l’archipel est vierge et toujours bien sauvage. Là, on commence notre petit marché à travers les agences. On aimerait trouver une “croisière snorkeling” pas trop chère. C’est en effet le seul moyen de visiter les lieux un peu reculés des Galápagos. Nous aimerions voir la côte ouest de l’île d’Isabela. On se renseigne un peu, et on rencontre Frank de l’agence Mocking bird. Par chance, un bateau de croisière “bas de gamme” passe par ici, le jour où Pierre vient nous rejoindre la semaine prochaine. Avec un peu de négociation, on arrive à un tarif de 1’500 CHF par personne pour une croisière de 5 jours/6 nuits. Alors oui, c’est très cher vous me direz, mais sachez que cette même croisière se paye 3’000 CHF si on la réserve en ligne via les sites d’agence de voyage, et encore plus cher si on la réserve depuis la Suisse! Donc, on ne s’en sort pas trop trop mal… On n’a pas trop trouvé d’infos sur Internet, donc difficile de se faire une idée de la qualité de la prestation. Coup de poker, Inshallah!

On avait aussi émis l’idée de faire une croisière de plongée; mais là les prix s’envolent carrément! de 4’000 à 10’000 CHF pour UNE semaine!!! (et ouais, rien que ça…) Les bateaux sont tous de haut standing, visant une clientèle bien précise. C’est indécent pour nous, on décide de renoncer à cette idée. On fera des plongées à la journée. On trouve d’ailleurs un cool dive shop, “Eagleray Tours”, avec qui on book cinq jours de plongée. Pour une idée des prix, on paye 185 CHF la journée de deux plongées avec lunch inclu. Aï! Mais on s’en fout, on n’est là qu’une fois!

On passe nouvel an ici, où des concerts sont organisés sur la grande place. On s’attendait à une soirée bof bof de gringos où on se force à s’amuser “parce que c’est nouvel an”, mais finalement on se retrouvera à danser la salsa dans la foule! (Bon, Angie, notre prof de salsa de Medellin, nous engueulerait sûrement si elle voyait notre technique.) Mais c’est pas grave, on s’amuse bien! On passe le cap 2019-2020, un peu nostalgique vu la fin du voyage qui s’approche. On aura quand même passé cette année entièrement en voyage! Quelle bonne décision on a prise de partir mon dieu! La vie est faite pour être vécue et pour réaliser ses rêves, pas pour bosser comme des cons sans rien faire.

La plongée aux Galápagos

En parlant de rêve, en tant que plongeurs, la plongée aux Galápagos en fait partie. Et on ne sera pas déçu!

Chaque jour, on s’entasse dans un petit bateau. Maximum 11 plongeurs, avec deux instructeurs supers bonnards. C’est tout petit, mais c’est convivial. Pendant ces cinq jours, on plongera sur des sites emblématiques comme Gordon Rock, Seymour, Daphne, Mosquera… Dès les premières minutes sous l’eau, c’est l’émerveillement. Des requins-marteaux à presque chaque plongée, parfois en banc d’une vingtaine! Des requins pointes noires, pointes blanches, et les endémiques requins des Galápagos avec leur gueule de pas content. (Photo ci-dessous:)

Il y a aussi beaucoup de tortues, les adorables raies aigles avec leur petite bouille, des raies mobulas, des perroquets à bosse, et pas mal de variété d’autres poissons comme le chirurgien à queue jaune qui se déplace en énorme bancs. On croise aussi quelques fois des otaries. (Et tout ça, on peut le voir en une seule et même plongée, c’est fou!)

La visibilité n’est pas très bonne; l’eau est chargée de plancton. (C’est pour ça qu’il y a autant de gros animaux ici). Ce sont des eaux froides, il n’y a donc presque pas de corail. Les plongées ne sont pas vraiment “colorées”; on vient ici pour voir du gros! C’est vraiment magique, on n’en croit pas nos yeux. Le niveau de difficulté est moyen; il peut y avoir pas mal de courant donc ce n’est pas vraiment idéal pour des plongeurs débutants.

Nous sommes au début de la saison humide, qui correspond à la saison chaude. L’eau a environ 24°C. C’est aussi pour cette raison que nous ne voyons pas de mantas ni de requins-baleines. Ces derniers préfèrent la saison froide, où l’eau fait environ 17°C. Bon, on va pas se plaindre.  Et 17°C c’est froid quand même!

Un jour, alors que nous étions en train de faire une heure d’intervalle de surface sur le bateau, on aperçoit au loin…des dauphins! Il y en a absolument PARTOUT! un banc d’une centaine au moins! Ils sont hyper excités, ils sautent de tous les côtés, parfois à quatre ou cinq mètres de haut. J’en reviens pas. Tout à coup, le capitaine nous dit: “Bon, on va nager avec les dauphins ou quoi?!” (Vous n’imaginez même pas ma réaction de gamine hystérique.) On prend notre matos de snorkeling, et on se lance dans le banc de dauphins. Je tremble d’émotion.

A peine la tête sous l’eau, il y a littéralement des dauphins partout. Ça siffle dans tous les sens, et dès qu’ils nous aperçoivent, ils manifestent une curiosité certaine. Ils s’approchent de nous, nous tournent autour, nous frôlent, nous observent avec leur regard intelligent. Je crois que je n’arrive pas à réaliser ce qu’on est en train de vivre. Tout à coup, Yorick plonge en apnée et commence à tourner sur lui-même. Et là, il faut voir la réaction des animaux! Ils commencent à lui tourner autour et à siffler hyper fort. Un véritable tourbillon! (Ils ont l’air de trouver ça marrant.) J ‘en crois pas mes yeux. On profite de ce moment de longues minutes. C’est magique, tout simplement.

Ces cinq jours de plongée passent bien vite. On est à chaque fois ravi. Concernant l’organisation, on se retrouve presque toujours seuls sur les sites de plongée – même les plus célèbres. On apprend que c’est grâce à la politique de “tourisme durable” mise en place ici. Chaque compagnie ne peut avoir qu’un nombre limité de passagers. De plus, elle a un jour et une heure précise pour visiter un site pendant la semaine. Elle ne peut pas choisir d’y aller à un autre moment. De ce fait, il y a un “tournus” et ainsi les sites ne reçoivent jamais trop de monde à la fois. On apprend aussi que chaque bateau – de la plus petite barque de pêcheur au plus grand bateau de croisière – est équipé d’un traqueur GPS. Les garde-côtes du parc national surveillent en permanence que chaque embarcation soit bien au lieu qui lui a été attribué au bon moment. C’est aussi pour cette raison que l’on paye si cher ici. Le tourisme “low cost” comme en Asie, c’est bien pour notre porte-monnaie, mais ça induit un tourisme de masse. Protéger la biodiversité tout en faisant du tourisme durable, et bien ça a un prix.

Cinq jours magiques de croisière snorkeling

Le 7 janvier, on se rend sur l’île de Baltra, au Nord de Santa Cruz. C’est ici que se trouve l’aéroport. Nous vivons des retrouvailles émouvantes avec Pierre, le papa de Yorick. Il nous rejoint pour partager quatre semaines de voyage. On commence direct, en embarquant pour notre croisière le soir même. On découvre le bateau; le Aida Maria. Pas très grand, mais franchement on est surpris en bien. Tout est assez classe, les cabines sont petites mais propres et confortables.

A peine monté à bord, on aperçoit déjà des petits requins pointes noires qui tournent autour du bateau. Quel bel accueil! On rencontre aussi les autres passagers, dont deux couples de retraités suisses-allemands. On sympathise avec Christoph, un jeune voyageur allemand, Borges un étudiant chinois aux USA, et Terry, une retraitée américaine avec qui je partagerai ma cabine. En tout, nous sommes une douzaine de passagers. On rencontre aussi le guide naturaliste, qui connait vraiment un millier de choses.

A peu prêt chaque jour, on fait une sortie snorkeling ainsi qu’une petite randonnée. Les endroits que l’on visite sont des lieux précis, balisés, où il est permis de faire débarquer des touristes. La majeure partie de l’archipel est donc fermée aux humains (ce qui est une très bonne chose).

La première journée est la découverte du Sud d’Isabela, partie habitée de l’île. On grimpe jusqu’en haut du volcan Sierra Negra. Le cratère est rempli d’un immense champ de lave noire à perte de vue. On visite aussi la zone humide; petit ponton dans les mangroves où on peut observer des oiseaux. Là, je profite de la ville pour m’acheter des gouttes anti-otites…Et ouais, j’ai comme une sensation bizarre dans l’oreille…ça tombe mal!

Le deuxième jour, on se lève au petit matin. Sur l’océan, le ciel est rempli d’oiseaux. Il y a des frégates, des mouettes, des cormorans, des pélicans…C’est impressionnant de les voir pêcher; ils plongent dans l’eau tels des boulets de canon! On accoste sur la côte ouest d’Isabela, à Punta Moreno. On grimpe sur une rive de lave séchée décorée de mangroves. Ici, c’est 100% sauvage!

On se balade alors sur un champ de lave avec le volcan en toile de fond. La lave a plein de formes et textures différentes, c’est très intéressant. Il y a des failles et des crevasses et de magnifiques cactus qui ont réussi à survivre au milieu de toute cette désolation. On se croirait vraiment sur une autre planète!

Plus tard, on se jette à l’eau pour faire du snorkeling. L’eau est froide, mais on oublie vite la température quand on découvre toute cette faune incroyable! On croise d’abord un nombre impressionnant de tortues marines, puis on tombe nez à nez avec…des pingouins! Et oui, il y a des pingouins aux Galápagos! Ils sont tout minis (maximum 50 cm). C’est incroyable de les voir nager. Ils flottent sur leur gros ventre rond, s’approchent tout proche de nous puis s’en vont. On en reverra plusieurs fois, et même parfois depuis le bateau. Ils peuvent être très très rapides, et sautent en dehors de l’eau comme des dauphins! C’est dingue.

Puis tout à coup, un missile se faufile entre nous: une otarie! On passe au moins 20 minutes avec ce lobo, il est au taquet pour jouer avec nous. Il zigzague entre tous les snorkeleurs, et je passe un moment privilégié avec lui. Il me regarde droit dans les yeux, puis me fonce dessus et m’évite au dernier moment. Je tourne sur moi-même, et il fait pareil juste en-dessous. Quel spectacle! C’est beau quand c’est la nature qui choisit de te l’offrir en cadeau. Ces animaux sont juste extraordinaires.

On tombe aussi sur une étrange créature: le flightless cormoran. Comme son nom l’indique, c’est un cormoran qui n’a presque plus d’ailes. Avec l’évolution, il les a perdues; la nage sous l’eau étant plus efficace pour pêcher. Je pense qu’il n’y a qu’aux Galápagos pour vivre une session snorkeling aussi intense!

On remonte sur le Aida Maria, qui s’en va pour atteindre le prochain site. Et là, qu’est-ce qu’on voit?! Des dauphins!!! Il y en a des dizaines, et dès qu’ils aperçoivent le bateau, ils foncent sur nous. Ils jouent vers la proue; ils sont vraiment énormes, des monstres! On est excité comme des gamins, penchés à l’avant du bateau à même pas deux mètres d’eux.

On arrive alors à la baie Elisabeth. On part faire un tour en dingy (zodiac) dans la mangrove. On fait le tour de gros rochers, où on aperçoit des petits pingouins, des iguanes marins ainsi que les fameux boobies à pieds bleus. Ces oiseaux sont un peu les stars du coin. Il faut dire qu’ils sont beaux, avec leurs pieds couleur turquoise pétante! Ils ont aussi une sacrée bouille.

Une ombre suit notre embarcation: un lobo! Il fait le mariole pour attirer notre attention. Dans la mangrove, on voit plein de tortues marines qui viennent respirer à la surface, des pingouins ainsi que des pélicans qui s’entraînent à pêcher. Ils se crachent volontairement dans l’eau, le bec grand ouvert; il n’y a pas plus disgracieux!

On remonte sur le bateau, ravi de notre journée incroyable. Mais, ce n’est pas fini. A la lumière du soleil couchant, on aperçoit au loin… des dauphins! (deuxième fois dans la même journée…On peut parler de chance je crois.) A nouveau, ils se jettent sur notre bateau, accompagné de…deux petites otaries! (A voir ils sont potes). Certains font des bonds incroyables, juste en dessous de nous. D’autres sautent à plusieurs mètres de haut au loin. Il y en a partout, et à nouveau je suis subjuguée d’émotions. (A à voir cette passion de petite fille ne m’a jamais quittée.) Avec la lumière du coucher de soleil sur l’océan, ce spectacle est féerique! Et dire que certaines personnes les enferment dans des bassins minuscules pour les forcer à faire des tours…

Un autre jour, on se rend sur l’île de Fernandina. Elle aussi, elle est totalement sauvage. Ici, il y a une quantité astronomique d’iguanes marins qui se prélassent sur la roche volcanique. Les mâles font des petits coups de têtes et s’affrontent pour obtenir les faveurs des femelles.

On tombe aussi sur des lobos et le faucon des Galápagos, en train de bouloter un iguane mort. S’en suit une session snorkeling avec un lobo joueur, des tortues marines, des cormorans, tout ça sous l’œil attentif des iguanes marins posés sur leurs rochers. Le bateau fait ensuite quelques heures de navigation, jusqu’à Punta Vicente Roca. On fait un tour en dingy pour observer les oiseaux posés sur de grandes falaises. Snorkeling à nouveau, où on ne voit pas moins de 50 tortues marines! (rien que ça!) C’est un véritable sanctuaire!

En fin de journée, le bateau repart pour plusieurs heures de navigation. A la lumière du crépuscule, il longe une côte volcanique magnifique de couleurs rouges, jaunes, ocre. La nature est très sauvage ici. On est tous sur le deuxième pont, et là on voit au loin des trucs sauter très haut hors de l’eau…des raies mobulas! C’est fou, on ne savait même pas que ça pouvait sortir de l’eau ces animaux!

Puis, dans la cabine du capitaine, on fête le passage de la latitude 0 0’0”; la ligne exacte de l’Equateur. Le capitaine nous montre son GPS, je bois une bière avec l’allemand pour marquer le coup. Ce soir, c’est souper avec un délicieux gratin sauce champignons. Trop bon!

Et là, c’est le drame. Le bateau est parti pour 9 heures de navigation sur une mer très, très agitée. Tout le monde est beau mal, Pierre et Yorick posent le tas. Nuit difficile donc, je fais carrément des sauts sur mon lit! Terry, ma colloque, va même dormir en haut sur la canapé, car ça bouge trop pour elle dans notre cabine qui se trouve à l’avant/fond du bateau.

Le lendemain, on accoste sur l’île de Santiago. Ici, c’est un véritable repère à oiseaux. Ils n’ont pas de prédateurs naturels, ils sont donc peu farouches et nichent par terre. On voit des mockingbird, des colombes des Galápagos, des fly eaters et des pinsons de Darwin (Darwin finch). C’est entre autre grâce à l’observation des pinsons que Darwin a mis sur pied sa théorie de l’évolution. En effet, il a observé la présence de pinsons sur presque toutes les îles des Galápagos. Ces pinsons venaient du continent et sont arrivés aux Galápagos un peu par hasard il y a des milliers d’années. Cependant, sur chaque île des Galápagos, la population de pinson est différente. Par exemple, le bec est plus large sur une île bien spécifique. Darwin a remarqué que sur cette île, la nourriture disponible étant de très grosses graines, le bec est devenu plus gros et plus fort au fil des années. Sur les autres îles, la nourriture étant différente, les becs des pinsons le sont aussi. Darwin en a déduit que la forme du bec est le résultat d’une sélection naturelle, et que l’animal s’est adapté à un environnement bien précis. Une même espèce initiale de pinson s’est donc transformée différemment en fonction des environnements bien spécifiques propres à chaque île. Au final, les transformations génétiques ont été si importantes qu’on peut parler de nouvelles espèces. Et PAF! ça fait la théorie de l’évolution!

Après un cool snorkeling, on se déplace jusqu’à Rabida. Là, petite balade sur le sol rouge de cette île colorée. Il y a des cactus géants partout, avec de jolies fleurs jaunes. (Certains pinsons s’en nourrissent d’ailleurs).

Le panorama est splendide. On snorkel ici au milieu des pélicans affamés avant de repartir en navigation. Le soir, après souper, le bateau mouille vers l’île de Seymour. Il fait nuit, et là on observe des silhouettes gigantesques tourner autour du bateau: ce sont des requins des Galápagos! Ces requins peuvent mesurer plus de trois mètres. Sans mentir, ils sont énormes. Cela me fait presque froid dans le dos (et pourtant, on plonge avec sans problème… C’est juste l’imagination.) Quelles belles bêtes!

Dernière matinée. On accoste sur Seymour, l’île aux frégates. C’est ici que ces oiseaux viennent se reproduire et nidifier. Il y a tout plein qui virevoltent dans le ciel. On se balade en marchant entre buissons. Là, on voit plein de nids avec des petites boules blanches; ce sont des poussins!

On a aussi la chance de voir les mâles faire leur fameuse parade nuptiale. Ils gonflent une sorte de ballon rouge qu’ils ont sous la gorge, histoire d’impressionner. En même temps, ils tapent dessus avec leur bec pour le faire raisonner et battent des ailes. On ne pensait pas avoir la chance d’assister à ce spectacle si particulier. ( Je pensais que c’était que dans les documentaires 😉 ). On tombe aussi sur de jolis iguanes terrestres. Ils sont bien différents des iguanes marins, avec leur couleur orange.

On termine cette croisière, on en est vraiment ravi! On a vu tellement d’animaux! On peut dire que la chance a été avec nous. On rentre alors à Puerto Ayora, sur Santa Cruz. Là, on prend nos quartiers dans une guest house que l’on avait déjà réservée avec Yorick: Casa Cascada. Elle se trouve assez loin dans la ville, mais les chambres sont nickels, propres, confortables, et on paye seulement 35 CHF la nuit pour une chambre.

Quelques jours à Santa Cruz

Nous passons quelques jours supplémentaires à Santa Cruz. Au programme: shopping dans les boutiques souvenirs, restau, et balades à la journée. Un jour en fin de journée, on tombe sur le marché aux poissons. C’est ici que les petits pêcheurs emmènent leurs prises du jour et les vendent aux locaux. A y regarder de plus près, on se rend compte que les clients ne sont pas tous des homo sapiens…

On tombe alors sur des scènes juste hilarantes! Des pélicans qui essayent de chaparder des morceaux de poisson, un héron grincheux qui fait la loi parmi les autres animaux, un iguane caché dans des restes de poisson, une otaries couchée aux pieds d’un pêcheur, une autre debout sur ses pattes arrières, appuyée sur le bar, attendant son tour pour passer commande. Il y a aussi des frégates qui nous rasent la tête et choppent des restes. C’est tout simplement irréel. Les pêcheurs, eux, ne semblent pas prêter attention du tout aux animaux.

Le stand de poisson se situe sur le port à quelques mètres de l’eau. Là, on assiste à une scène encore plus folle: un iguane marin nage tranquillement, quand tout à coup une otarie d’humeur joueuse lui attrape la queue. Le pauvre reptile commence à stresser, l’otarie le tire sous l’eau. Puis, l’iguane arrive à atteindre le mur et commence à grimper. Le lobo lui tire sur la queue de plus belle, pour essayer de le faire tomber. L’iguane s’accroche, il tient bon. Au même moment, une raie aigle passe par là. Pour finir, l’otarie lâche prise, l’iguane apeuré remonte sur le bord et l’otarie retourne à ses occupations aquatiques. Il n’y a qu’aux Galápagos pour assister à un truc pareil!

Niveau nourriture, on trouve de tout dans la rue touristique qui longe le port. Là, un plat coûte entre 15 et 35 CHF. On trouve aussi des boui-bouis locaux où on peut manger pour 5-8 CHF. Pour le petit déj, on s’est acheté des trucs au supermarché. C’est donc pas si cher la vie ici; mis à part les excursions organisées à la journée. Ces dernières coûtent entre 120 CHF et 220 CHF par personne. On en fera deux; une à l’île de Pinson (pas ouf) et une autre sur l’île de Bartolome. Cette dernière par contre est géniale! Des paysages magnifiques et un très chouette snorkeling (avec pingouins aux rendez-vous!). On recroisera  également des dauphins. (Une quatrième fois en trois semaines. Décidément, cet endroit est dingue.)

Le Charles Darwin Research Station

Sur Santa Cruz, il y a aussi plein d’activités gratuites, comme le “Charles Darwin Research Station”. Il s’agit d’un centre financé par la Charles Darwin Foundation, qui lutte pour la préservation de la biodiversité et mène plusieurs projets. Dans ce centre, les projets sont présentés au public de manière très pédagogique et en pleine nature.

On découvre avec intérêt le centre de reproduction et de réhabilitation des tortues géantes. Ici, ils font reproduire les différentes espèces de tortues terrestres pour ensuite les relâcher sur leurs îles respectives. Comme les pinsons, il y a une espèce de tortue endémique sur chaque île des Galápagos. Cependant, leur population a été décimée par des marins baleiniers au 17 et 18ème siècles. Ils faisaient escale ici et emportaient des tortues à bord de leur navire…de la viande fraîche pour les longs voyages en mer! Ils en ont aussi fait des barils d’huile…Petit à petit, les tortues ont disparu et certaines espèces se sont même éteintes. Il y a quelques années, le dernier specimen de tortue de l’île de Pinta est mort à 100 ans. Il s’appelait “Lonesome George”, et pendant des années les biologistes du centre ont désespérément essayé de trouver une femelle encore en vie pour sauver l’espèce. Ils ont fouillé les zoos et parcs animaliers dans le monde entier, mais rien. Triste histoire! Lonely George est empaillé et exposé au centre (c’est assez glauque d’ailleurs).

Au milieu de l’île de Santa Cruz, on visitera le lieu où les tortues endémiques vivent en liberté. Elles sont tranquilles, au milieu des pâturages des paysans. (Ils ont dû trouver des moyens de cohabiter.)

Au Charles Darwin Research Station, on découvre d’autres projets de préservation, comme la protection des pinsons des mangroves. Il ne reste qu’une centaine d’individus en vie. En effet, les hommes ont accidentellement importé aux Galápagos une mouche qui pond des larves dans les nids. Ces dernières tuent les bébés dans l’œuf. La lutte contre les espèces invasives est sans fin ici. Ces espèces, animales ou végétales, sont introduites par l’homme et détruisent l’équilibre de ce précieux écosystème. Par exemple, l’introduction du bétail comme les chèvres et les ânes a mis en danger les tortues et les iguanes, car ces animaux ont commencé à manger toute leur nourriture. Les chats et les chiens déciment les oiseaux. Côté plante, les ronces ont été introduites et leur croissance rapide empêche les autres espèces de se développer.

Il y a aussi un programme de replantation d’espèces natives, d’études et de protection des requins ainsi que des tortues marines. On est fasciné par tout ce boulot, et d’ailleurs on se servira de notre petite cagnotte pour faire un don. Pour infos, voici le site internet de la fondation: https://www.darwinfoundation.org/en/

Nous terminerons ces quelques jours supplémentaires à Santa Cruz par quelques autres visites à la journée: une baignade dans le canyon de Las Grietas, la visite des tunnels de lave ainsi que la magnifique plage de Tortuga bay. Cette dernière est splendide! On s’y rend en longeant un magnifique chemin dans une forêt de cactus géants. On se croirait dans un autre monde!

La plage est paradisiaque: du sable blanc, une eau turquoise, et…des iguanes! Ils lézardent dans le sable. Oui, on est aux Galápagos, et toutes les plages se partagent avec les autres espèces. On les aperçoit parfois en train de nager, on dirait vraiment des minis godzillas.

(Cherchez l’erreur sur la photo ci-dessus.)

San Cristóbal et retour sur le continent

On termine notre séjour aux Galápagos en retournant sur l’île de San Cristóbal (c’est de là que nous avons booké le vol retour). Au programme: balades le long de la côte, snorkeling et loberia (encore et toujours. On retrouve les bébés lobos , nos compagnons de jeu.)

Nous faisons également une journée d’excursion snorkeling/plongée au célèbre rocher “Kicker Rock”. Cette sortie nous enchante. Tout d’abord, on visite une plage paradisiaque. S’en suit un snorkeling autour du rocher pour Pierre et moi (j’ai choisi de renoncer à la plongée, à cause de mon otite…Je ne veux pas prendre de risque…) Yorick, lui, plonge. A Kicker Rock, on voit de tout, et surtout des requins! Ces derniers sont au rendez-vous: requins pointes noires, requins des Galápagos, et même un banc de requins-marteaux! On voit aussi des tortues, des otaries et de splendides raies aigles. Une superbe dernière journée qui clôt en beauté nos 26 jours passés au pays des merveilles!

Nous avons clairement vécu un rêve éveillé! Nous avons été enchantés, surpris, émotionnés, bluffés, émus, du début à la fin. Il y a une sensation de bout du bout du monde ici, mais aussi de paix et d’harmonie entre l’homme et l’animal. On a aimé apprendre toute la science et l’histoire derrière cet archipel, qui fait tout pour protéger cette précieuse biodiversité unique au monde. On a adoré découvrir un autre tourisme, qui est régulé pour préserver la nature au maximum. Cependant, il faut quand même savoir qu’il y a chaque année plus de touristes. Si ces derniers permettent de financer et promouvoir la préservation, il y a toujours un côté négatif. Plus d’humains signifie plus d’infrastructures, et donc un très mauvais impact sur l’environnement. On espère de tout cœur que le gouvernement équatorien saura mettre des quotas et continuera à résister aux pressions externes des gros investisseurs.

Nous quittons les Galápagos des étoiles plein les yeux, avec la sensation d’avoir vraiment pris le temps de découvrir, de s’imprégner et d’apprécier cet endroit unique et magique.