Atteindre le cœur de la forêt amazonienne, un voyage en tant que tel!

Ah, la forêt amazonienne; c’est pour nous un rêve d’enfant. Depuis petits, nous sommes des passionnés de nature et d’animaux. Pouvoir nous immerger quelques jours dans le “poumon de la planète”, dans la jungle, la vraie de vraie, c’était une expérience que nous voulions absolument faire pendant ce voyage. On a décidé de réaliser ce rêve, parce que tout est possible. Il suffit de s’en donner les moyens!

Il faut savoir que la forêt amazonienne représente à elle seule la moitié de toutes les forêts tropicales qui restent sur Terre. C’est la forêt qui contient la plus grande biodiversité du monde. Elle s’étend sur neuf pays: le Brésil, le Pérou, la Colombie, le Venezuela, la Bolivie, l’Equateur, le Suriname et les Guyanes. Il y a donc le choix, pour pouvoir la visiter! On choisit donc d’utiliser la Colombie comme porte d’entrée – vu qu’on y est déjà – et ensuite de nous rendre jusqu’au petit village de Lagunas, au Pérou (là où nous avons trouvé une agence qui a l’air bien). Mais tout cela va demander beauuuuuucoup de temps, de jours de transports et de patience. La forêt amazonienne, ça se mérite! (vous comprendrez vite pourquoi).

12 heures de bus

On quitte donc Filandia, direction Bogotà, la capitale! Pour cela, nous prenons un bus pendant…12 heures! (12 heures pour faire 240 km. Merci les cols de montagnes de la cordillère des Andes!) On arrive à destination à 22 heures, où une chambre réservée sur booking nous attend.

Avion jusqu’à Leticia

Le lendemain, nous prenons un vol pour arriver au cœur de l’Amazonie colombienne, la ville de Leticia. Cette dernière est uniquement atteignable par la voie des airs; et ouais, il n’y a pas de route qui traverse la jungle. Premier constat en arrivant ici, il fait chaud et humide! Welcome to the jungle.

Leticia, c’est une ville assez touristique car c’est un endroit qui sert de point de départ pour de nombreuses excursions dans la “selva”. Comme on n’aime pas faire comme tout le monde, on a trouvé une agence “eco responsable”, mais cette dernière se trouve au Pérou. Cela tombe bien, on est juste à la frontière et on aimerait visiter le Pérou par la suite. En fait, Leticia se trouve au milieu de l’Amazonie, et c’est à cet endroit que le Brésil, le Pérou et la Colombie font frontière. D’ailleurs, en un seul jour, on aura pu aller dans ces trois pays, sans même s’en rendre compte (on peut passer d’un Etat à l’autre comme dans un moulin ici.) Pour payer, c’est aussi assez marrant. On paye en pesos colombiens, on nous rend en soles péruviens ou en real brésiliens. Ils s’en fichent complètement ici!

Nous resterons quatre nuits dans cette ville, car nos plans initiaux subiront quelques adaptations. En effet, le seul moyen de rejoindre le Pérou, et bien c’est en descendant le fleuve Amazone par voie fluviale. On voulait d’abord se la jouer “roots” en prenant un bateau-marchandises qui met quatre jours, mais même les locaux nous ont déconseillé la chose, tellement ces bateaux sont insalubres. Il parait que l’on est étouffé pendant quatre jours dans les fumées d’échappement, que l’on baigne dans l’odeur de fumiers des animaux qui font le trajet avec nous, et que les toilettes sont l’HORREUR ABSOLUE.

Aussi, sans entrer dans les détails, le fait que je sois déjà un peu malade gastriquement parlant nous fait revoir nos plans. Enfin, on apprend que pour le même prix, on peut prendre un ferry plus rapide dans lequel on risque moins de chopper la peste noire, le scorbut et la tétanos réunis. Soit. Nous prendrons le ferry. Le hic, c’est que ce dernier ne part seulement que dans quelques jours. Bon, ben on va attendre un peu ici!

Cette ville n’offre que peut d’intérêt (hormis celui de chopper la chiasse en mangeant au restaurant). Ah non, il y a aussi quelque chose d’un peu plus poétique, le vol des perroquets! Tous les soirs, alors que le soleil se couche dans le parc public du centre de la ville, on peut assister à l’arrivée de milliers de perroquets! Ces derniers viennent ici la nuit pour faire dodo dans les arbres. On se pose donc sur un banc, en fin de journée, et on attend. Il y a d’abord un ou deux oiseaux qui arrivent. Puis, il y en a d’autres. Ils sont choux, et c’est fou comme ils piaillent! Petit à petit, le ciel s’assombrit, et très vite, ce sont des nuées vertes qui tournoient dans le ciel. Au bout d’un moment, on ne peut presque plus s’entendre parler, tellement les cris stridents de ces perroquets sont assourdissants. L’odeur est aussi très forte (des vieux souvenirs enfouis de la volière du Zoo de Servion refont surface) et attention aux fientes violettes qui vous tombent sur la tête sans prévenir! Très beau spectacle en tout cas.

Le dernier jour, on en profite pour faire tamponner notre passeport à l’immigration…qui se situe sur une baraque flottante dans l’Amazone. On y accède grâce à une micro planche qui fait office de pont entre la rive boueuse et le bureau flottant. Voilà, nous sommes officiellement sortis de Colombie, après presque deux mois passés dans ce pays qu’on a adoré. On se rappellera longtemps de la gentillesse et de la curiosité des gens, du fait que les touristes ne sont pas (encore) vus comme des porte-monnaies ambulants, de l’authenticité des lieux, de l’atmosphère bienveillante, de la diversité des paysages, de la musique latino, des expériences authentiques que nous avons vécues et surtout des rencontres incroyables que nous avons faites. Nous sommes un peu nostalgiques à l’idée de changer de pays, mais il faut bien que le voyage continue!

On est désormais officiellement au Pérou (bien que notre ferry ne parte que demain, mais ici ils sont pas tant regardant sur les dates).

Une nuit de ferry sur l’Amazone et deux heures de voiture

Le 8 octobre au soir, on prend une pirogue qui nous emmène de l’autre côté du fleuve. C’est là que notre ferry nous attend. Et là, agréable surprise! C’est un bateau moderne, propre, climatisé et confortable. En fait, ils ont récupéré d’anciens ferrys norvégiens pour leur donner une nouvelle vie ici. Du coup, ils sont au taquet avec la sécurité et la propreté de la chose. On passe une nuit calme sur les flots, et à 5h30 le lendemain matin, on est réveillé par une belle surprise. On assiste au lever de soleil sur l’Amazone, avec, en prime, des dauphins qui sautent dans un magnifique reflet! (Oui, il y a des dauphins dans l’Amazone! Une sorte de dauphins de rivière. Ils sont roses avec un long bec et un corps un peu difforme haha.)

On arrive donc à Iquitos, chef lieu péruvien de l’Amazonie. Notre première impression?! Il fait chaud, humide, et c’est très pauvre ici. Dans les rues, il y a un nombre incalculable de tuk tuk qui klaxonnent; on se croirait presque en Inde! C’est assez sale, voire assez glauque. On a de suite une mauvaise impression.

Directement, à l’arrivée de notre ferry, on se fait arnaquer par un chauffeur de tuk tuk. En effet, on paye trois fois le prix pour arriver au centre-ville. ERREUR DE DÉBUTANT N°I! Mais bon, c’est toujours difficile de connaître les prix quand on arrive dans un nouveau pays.

On se rend alors dans un magasin de téléphonie pour acheter une nouvelle carte sim. A l’achat, on constate que cette dernière ne fonctionne pas. C’est alors que la vendeuse ne souhaite pas nous rembourser, mais on finira par la faire céder! Puis, on traverse la route pour aller dans une deuxième boutique de téléphonie. Là, la vendeuse -occupée sur facebook et aussi souriante qu’une porte de grange- nous voit arriver. Elle nous dit directement que le système est en panne et ne veut pas nous vendre la carte. Bon, ça commence bien… On va donc dans une autre boutique du même opérateur qui se trouve juste à côté. (Oui, c’est LA rue de tous les magasins de téléphones.) Là, enfin, on peut se procurer la fameuse carte sim! (Comme c’est étrange, le même système semble ne pas être en panne ici…) Bref. Vivement qu’on quitte cette ville de malheur! On prend ensuite une voiture pour nous rendre à Nauta, ville voisine qui se situe à environ deux heures de trajet. La route est toute neuve, et du coup on gagne du temps à faire ce tronçon en voiture plutôt qu’en bateau. Il y a plein de chauffeurs plus ou moins officiels qui font le trajet, il suffit juste d’attendre que leur véhicule soit plein pour qu’il parte.

On arrive alors à Nauta dans l’après-midi. Cette ville est encore plus petite, plus pauvre et plus paumée qu’Iquitos. Là, on se renseigne pour prendre le bateau suivant, qui part ce soir. Oui mais. On se rend compte qu’on a presque plus de cash, et, EVIDEMMENT, le bancomat du coin ne fonctionne pas. ERREUR DE DÉBUTANT N°II: “Dans la pampa, sans cash, tu n’iras pas”. Décidément, cette journée nous met les nerfs à rude épreuve.

Que faire alors?! Il n’y a pas cinquante solutions. On va devoir dormir ici cette nuit, retourner demain dans cette merveilleuse ville d’Iquitos pour retirer du cash et prendre le bateau demain soir…On n’est pas enchanté de perdre une journée pour ça, mais on n’a pas trop le choix.

On choisit le seul hôtel descent de la ville, où on est mal accueilli par une vieille rombière aigrie. En effet, Yorick a le malheur de casser la clef de la chambre en essayant d’ouvrir la porte (autant vous dire que pour casser une clef en métal, cette dernière doit bien être pourrie jusqu’à l’os). Du coup, la proprio nous accuse d’avoir “forcé” et cassé la clef. Elle exige donc que nous payons pour obtenir un double; chose que nous refusons. On obtiendra gain de cause, quand une employée passera plus d’une minute à essayer d’ouvrir notre porte avec la nouvelle clef.

Mais quelle journée de malheur! Et quelle froideur, tous ces gens rencontrés aujourd’hui! (On précise que de notre côté, on fait toujours des efforts pour être souriant et s’adresser aux gens en espagnol. Jusqu’à maintenant, ça avait toujours attisé la sympathie.) En tout cas, on espère que les péruviens ne sont pas tous comme ça…

On est énervé et fatigué. Puis, on relativise un peu. On n’est pas pressé, on a un toit, un lit, une douche, et des quick noodles pour souper. Tous nos besoins primaires sont assouvis. Il n’y a pas de quoi en faire un drame. Demain tout ira mieux.

Quatre heures de voiture et une nuit dans une… barque!

Le lendemain, on met notre plan B en action. On achète les billets pour le bateau de nuit de ce soir. Puis, c’est avec une joie non dissimulée que l’on reprend une voiture pendant deux heures jusqu’à Iquitos.

Après avoir essayé de retirer de l’argent sur CINQ bancomats défaillants, on finit par en trouver un sixième qui marche! On remplit nos “pochettes secrètes” de billets, histoire d’avoir assez pour les dix prochains jours. (Et c’est là qu’on prie pour qu’on ne se fasse pas braquer dans une ruelle sombre juste maintenant). Deux heures de trajet en voiture plus tard, nous voilà de retour à Nauta!

Le soir, on attend sagement notre bateau de nuit. Ce dernier nous a coûté le même prix que le ferry norvégien, on s’attend donc au même standing. OUI MAIS… A la nuit tombée, on se rend au “port”. Enfin, c’est plutôt une rive boueuse où viennent se décharger des bateaux de marchandises. Là, on demande où est notre bateau pour Lagunas. On nous fait signe, et on nous montre du doigt…une barque! Quoi?! On va vraiment passer 16 heures la-dedans? Il s’agit d’une barque en bois hyper allongée, à raz les flots, complètement ouverte, recouverte d’une bâche. A l’avant sont entassées quelques marchandises. Bon, ben à voir il n’y a pas d’erreur. C’est bien notre bateau. On est de nouveau de vrais routards, et on le prend avec le sourire!

On descend un escalier en terre creusé dans la rive et on embarque. Il y a deux rangées de sièges, qui sont tous dépareillés. A voir, il s’agit de vieux sièges de voiture vissés par terre. Il y a zéro place pour mettre les jambes, et on essaye de choisir des sièges pas trop moisis. Le bateau est vite plein à craquer. On s’en va alors que d’autres bateaux similaires arrivent et déchargent leurs gros chargements de bananes plantains. Comme tout est ouvert, il y a pas mal de vent et d’humidité. Heureusement, une bâche sera tendue sur les côtés du bateau, histoire de ne pas se prendre de pluie pendant la nuit. Pour être roots, c’est roots! On va tenter de dormir un peu.

Arrivée à Lagunas

Réveil à 6h00, après avoir somnolé pendant toute la nuit. A notre grande surprise, le moteur du bateau était assez calme, et le trajet sur les flots très doux. Bon, cette douceur disparaît bien vite, lorsque les “responsables animation” allument la TV avec clip et musique à 2000 décibels sur des subs géants bricolés dans la barque. Il y a mieux comme réveil (mention spéciale pour le clip d’un niais colossal de la miss dans la station essence. Une vraie perle de cinéma: https://www.youtube.com/watch?v=tV5HSwui_v0

On arrivera enfin à destination en milieu de matinée, dans le petit village de Lagunas, au bord de l’Amazone. Enfin! on y est parvenu! On est accueilli par Adan, de l’agence Acatupel. C’est avec cette dernière que j’ai échangé quelques mails pour planifier ce tour. On se rend donc au bureau, et en quelques minutes à peine, nous avons organisé nos huit jours de totale immersion dans la forêt amazonienne! Nous partons demain. (Pour les infos pratiques, ça nous a coûté environ 30 CHF par jour et par personne tout compris.)

Huit jours d’immersion dans la forêt amazonienne

Nous partons à bord d’une moto-taxi pendant une petite heure. Elle nous emmène à l’entrée du parc national de “Pacaya Samiria”.

Là, on découvre le moyen de transport que nous allons utiliser pendant huit jours: une toute petite pirogue en bois! Nos guides, Adan et Romel, sont fins prêts. Au fil des jours, on fera plus ample connaissance avec eux. Adan, 54 ans, est plutôt du genre sérieux et pas très fun, et il parle un espagnol difficile à comprendre. Cependant, cela fait 17 ans qu’il fait guide, et il connaît la forêt comme sa poche! C’est un gar hyper compétent, de confiance, sur qui on peut compter. Il fera absolument TOUT pour nous. Romel, lui, est le guide un peu plus rigolo, avec qui on aura de chouettes discussions. Il fera aussi beaucoup d’efforts pour parler lentement afin qu’on puisse bien le comprendre. Un jour, alors qu’on sera en train de relever les filets d’Adan, il rejettera discrètement un poisson dans l’eau, juste parce qu’il me faisait “pitié”. Hahaha!

Nous avions choisi cette agence, Acatupel, car elle promeut un tourisme écologique. En effet, les guides ne sont pas juste guides, mais ils sont également gardiens. Ils doivent tous participer à un tournus de surveillance de la forêt. Ils passent régulièrement dix jours dans un poste d’observation et informent les rangers de toutes irrégularités (comme par exemple, lorsqu’ils aperçoivent des braconniers). Les animaux ici ont une grande valeur, que ce soit pour les revendre et alimenter le commerce d’animaux exotiques, ou tout simplement pour les vendre sur le marché pour les manger. (Il parait que le singe, ça se mange…miam, ça donne envie.) Il y aussi un commerce illégal d’arbres exotiques pour en faire des meubles et autres bibelots. Passer par cette agence signifie donc financer la protection de la forêt, et on aime assez cette idée de tourisme “utile”.

Revenons à notre séjour dans la forêt. Nous voilà fin prêts à partir! Les guides chargent les deux embarcations de bâches, matériel de cuisine, eau potable et nourriture. Et nous partons! Je suis toute pleine d’émotion à ce moment-là. C’est un rêve qui va se réaliser! On s’en va, sur une petite rivière étroite qui s’enfonce dans la forêt. On est dans la pirogue avec Adan, à l’avant, qui rame avec sa petite pagaye en bois. Et ouais, ici, pas de moteur, le silence total! On dérange moins la nature et on a plus de chance d’apercevoir des animaux.


Au début, on se sent vraiment les “cons de touristes” qui n’en plantent pas une, avachis derrière le guide qui pagaye comme un beau diable. Bon, pour notre défense, Adan n’a pas de seconde pagaye à nous prêter. Et puis bon, il a le physique le gaillard; une vraie machine de guerre! On constatera cela spécialement lors des derniers jours, où la pirogue fera demi-tour sur la rivière pour rentrer. Il faudra alors pagayer en sens inverse du courant, je vous laisse imaginer la force qu’il faut, avec seulement une petite rame.

Mais bon, Adan, c’est le premier à nous dire “No te preocupes” quand on demande si on peut l’aider à faire quelque chose. Soit. On prend vite l’habitude de ne rien faire du tout, Haha 😉 On passera donc huit jours sur cette pirogue, à n’avoir qu’une seule chose à faire: observer la nature, les animaux, profiter du calme et de l’instant présent.

Au début, on a l’impression que la pirogue va se remplir d’eau, à chaque fois qu’Adan pagaye d’un côté ou d’un autre du bateau. On tangue à gauche et à droite, mais on s’habitue très vite. La rivière est très calme et devient très étroite par moments. C’est en fait un bras de l’Amazone qui lui est beaucoup plus large. La végétation tout autour de nous est très dense, il y a tellement d’espèces de plantes!

On observe avec étonnement des palmiers qui ont le tronc recouvert d’épines (interdiction à qui que se soit d’y grimper. C’est incroyable comme la nature est intelligente et comme elle s’adapte aux menaces). Il y a aussi des plantes avec une tige épaisse qui s’élève sur plusieurs mètres avant de laisser apparaître quelques feuilles, la-haut perchées. Là encore,on voit l’intelligence de la nature qui se prépare à la montée des eaux de la saisons des pluies. On est d’ailleurs au tout début de cette période. Dans quelques semaines, l’eau recouvrira toute la région, transformant totalement le paysage. Les rivières deviendront des marais, et la forêt sera immergée.

On aura donc quelques pluies ces prochains jours, mais c’est juste le début de la saison. (Et puis, cela signifie aussi basse saison touristique, et c’est tant mieux pour nous.) On voit aussi des arbres magnifiques! Certains sont carrément énormes. D’autres ont des branches qui se transforment en racines et qui dégringolent pour atteindre l’eau. Sur ces arbres, il y a beaucoup de petites plantes qui poussent, dont un grand nombre d’espèces d’orchidées. Il y a aussi des lianes et des lichens. Tout est très dense, et on comprend alors la nécessité de se déplacer en pirogue.

Premières rencontres

Très vite, on aperçoit nos premiers animaux! On rencontre des petites singes minuscules et des singes saïmiris trop mignons avec leur “casque” sur la tête. Ils sont hyper agiles et vivent haut dans les arbres. Heureusement que mon appareil photo a un bon zoom! Mais c’est ça qui est super; nous sommes dans la nature, pas dans un zoo. L’observation des animaux demande de la patience, du silence et des bons yeux.

On voit aussi plusieurs espèces de singes capucins, dont le capucin brun et le “wapo wapo” ou “guapo noir”. C’est un singe énorme, noir, avec une tête qui ressemble à un ours et une queue touffue de raton laveur. Il nous regarde avec son regard sombre et sa tête inclinée de curiosité. Il a l’air de se poser plein de questions et d’avoir une intelligence incroyable. Il en est presque flippant!

On est surpris par un petit colibri, et on s’émerveille devant des papillons géants d’un bleu électrique envoûtant. D’ailleurs, des papillons, on en verra une variété extraordinaire ici! Il y en a de toutes les tailles, de toutes les formes, de toutes les couleurs.

On croise aussi de minuscules chauves-souris toutes fluffy avec un petit nez pointu. Elles sont adorables. On les voit sous les troncs d’arbres inclinés vers la rivière. Elles sont agrippées toutes en ligne les unes sous les autres, en groupe de cinq ou six. Elles sont si bien camouflées qu’on dirait de l’écorce. A la tombée de la nuit, elles finissent par sortir de leur cachette et partent à la chasse. Elles se nourrissent des moustiques et autres insectes qui volent au-dessus des flots. Adan les nomme les “vampiros”, mais ce sont en fait des “proboscis bat” (j’ai fait mes petites recherches par la suite). On voit aussi, à notre grande surprise…un dauphin de rivière! Je suis tellement enthousiaste! (Mais Adan nous rassure tout de suite, on en verra encore plein pendant ces prochains jours…)

Puis, tout à coup, il commence à pleuvoir. Une véritable mousson, pendant quelques dizaines de minutes. Heureusement, Adan avait prévu le coup. En un clin d’œil, il sort une grande bâche rose et l’on se protège vite dessous: bâchés, les gringos! Petit à petit, le canoe se remplit d’eau. On devra alors s’arrêter pour le vider à l’aide d’un tupp.

Quelques minutes plus tard, on aperçoit des toucans. Il y en a plusieurs sortes qui s’envolent au-dessus de nos têtes. Soudainement, on entend des cris grinçants…Ce sont des perroquets! Et plus précisément, des aras jaunes et bleus. Ils sont magnifiques! Ils vivent en groupe, contrairement aux aras rouges qui vivent en couple et qui sont plus timides (mais on en verra aussi). Pendant cette semaine, on apprendra très vite à reconnaître leur présence grâce à leurs cris stridents.

Voici un petit enregistrement fait par nos soins:

Parfois, on en verra voler juste en-dessus de nous. Qu’est-ce qu’ils sont gracieux! C’est magique de pouvoir les observer dans leur environnement naturel. Ils sont libres! Et dire que certaines personnes les mettent en cage. Leur place est ici, en haut des cimes, en liberté!

On écoute avec plaisir tous les chants d’oiseaux, c’est une véritable mélodie! Voici quelques enregistrements, dont le “wincho wincho”, qu’on entendra plus que l’on ne verra:

La pirogue avance au fil de l’eau. Parfois, de gros arbres sont tombés en plein milieu de la rivière. Il faut alors se faufiler entre les branches. Au milieu de l’après-midi, on arrive au premier “campement”. Il s’agit d’une construction en bois, sur pilotis, avec un petit toit de feuilles de palmier. On rencontre ici quelques autres touristes, dont Jean-Louis et Sophie, un couple de belges avec qui on sympathise.

Les campements des jours suivants seront un peu similaires, mais plus on s’enfonce dans le parc et plus on se retrouvera seul. On dormira aussi à plusieurs reprises dans la forêt, à même le sol. (Bon, à préciser que l’on dormira tout de même sur une bâche et sous notre moustiquaire, histoire de ne pas se faire ramper dessus par de joyeuses bestioles ou attraper la malaria.) Ici, pas d’électricité, pas de réseau, pas de WC, pas de douche. La vie dans la plus grande simplicité! On est seul au monde, et ces campements “sauvages” sont nos préférés. C’est ça, la vraie immersion au cœur de la nature.

C’est vraiment une expérience incroyable de dormir au milieu de la jungle. On est bercé par les bruits de milliers de grillons et d’insectes différents, par les “hou hou” des oiseaux nocturnes, les “couacs” des grenouilles, et par les grondements apocalyptiques des singes hurleurs. Le matin, on est réveillé par les chants incroyables des oiseaux “imitador”, qui imitent les cris des autres oiseaux et autres sons qui les entourent. Quelle magie, la musique de la jungle!

Voici ce qui nous berce pendant une nuit dans la jungle:

Et le réveil par les oiseaux imitadors:

On partage ce genre de campements avec les aras qui piaillent juste au-dessus de nos têtes, ainsi que les colonies de singes qui sautent de branche en branche dès le lever du jour. Quelle ambiance!

La plupart des touristes ne dorment que deux nuits dans le parc, et donc il n’y a que nous qui allons nous aventurer plus loin. On se retrouvera plusieurs jours d’affilées avec nos amis belges, avec qui on rigolera beaucoup. (C’est toujours drôle de faire des blagues sur les français et de réciter les répliques du diner de cons.)

Les repas de la jungle

Nos guides nous cuisinent alors la nourriture qui sera la même pendant huit jours: riz, bananes plantains et poisson fraîchement pêché. Adan est un très bon pêcheur, et il passera un certain nombre d’heures à poser des petits filets dans la rivière pour attraper le repas du jour. (Bien que nous nous trouvions dans une réserve naturelle, les guides ont le droit de pêcher quelques poissons pour leur consommation personnelle.)

Un jour, on met nous-mêmes la main à la pâte en faisant de la pêche…aux piranhas! Armés d’une belle canne à pêche en bois fraîchement fabriquée par notre guide, on s’en va sur la pirogue pour attraper le dîner. Au bout de l’hameçon, on accroche des restes de poissons. Les piranhas, fidèles à leur réputation, sont hyper voraces, et il suffit de quelques secondes à peine pour sentir que ça mord! OUI, ça mord à tous les coups! Cependant, ces petits malins arrivent souvent à dévorer l’appât sans se faire attraper. Au bout d’une demie-heure, on en aura attrapés cinq! (la grande classe). Cette partie de pêche est mythique. On rigole beaucoup trop, on se croirait dans un dessin animé!

Puis, on les écaille et on les vide. On peut alors observer de prêt leurs petites dents tranchantes comme des lames de rasoir! C’est fou! On les dégustera fris à la poêle sur le feu de bois, en observant le ballet des dauphins joueurs à quelques mètres de nous.

Des rencontres magiques – suite

Un jour, alors que l’on avance dans la pirogue, on entend des sons étranges. Cela ressemble à des éternuements, ou des “brrrbrrrbrrr”. Ce sont des loutres! Quelle chance on a! On voit leur petite bouille sortir de l’eau. Elles ont l’air à la fois peureuses et curieuses. Elles vivent dans des terriers creusés dans la rive, et se cachent dans la végétation aquatique.

Un autre jour, alors que la pluie cesse de tomber, nous avons la chance d’apercevoir…un paresseux! Il est en train de traverser la rivière (parce que ça nage, et plutôt bien!) et alors qu’il tente de remonter sur un buisson, Adan s’approche tout prêt avec la pirogue. Il est à même pas un mètre de nous! Je dis alors à Adan que nous sommes trop prêts, et qu’il faudrait laisser plus de distance entre nous et l’animal. C’est ça qui me gène un peu avec ces tours organisés. Trop souvent, les touristes veulent avoir les meilleures photos ou selfies avec les animaux, demandant même de les toucher ou de les porter parfois! Du coup, les guides – qui veulent faire plaisir à leurs clients – ont de fâcheuses tendances à accepter ce genre de comportements. On explique à Adan que le fait de les voir, ça nous suffit amplement!

En tout cas, ce petit paresseux est adorable. Il nous regarde, avec sa coupe de cheveux années 80, et tente tant bien que mal de sortir de l’eau. Il est lent, mais lent! Sa vitesse de déplacement au ralenti n’est pas une légende. En tout cas, ça nous donne le temps de bien pouvoir l’observer. On reprend alors la navigation et, quelques minutes plus tard, on aperçoit, posé sur un buisson…un anaconda! Il est encore relativement petit, mais bébé deviendra grand (voire même gigantesque). Mais quelle chance on a de rencontrer toutes ces espèces! On croise aussi des petites tortues d’eau, qui se prélassent au moindre rayon de soleil.

Randonnées dans la jungle

A plusieurs reprises, on sortira de notre pirogue pour aller randonner dans la forêt! ça fait du bien de se dégourdir les jambes, et marcher dans la jungle est une aventure en soi.

Le 4ème jour, on part donc pour cinq heures de marche dans la jungle. Le guide nous donne des bottes. Parce que nos jolies chaussures de rando en gore tex ne survivront pas. “Dans la jungle, sans bottes, tu n’iras point.” Il y a tellement de boue! Et puis, comme depuis le moment où nous avons pénétré dans cette région, nous portons des habits longs. Il y a tellement de bestioles qui piquent par ici. C’est simple, à peine la rando commencée, on se fait piquer la seule partie de peau qui n’est pas recouverte: les mains! Moi, par une sorte de guêpe hyper agressive, Yorick, par une fourmi rouge. La journée commence bien (et je ne parle même pas des moustiques). A croire que tous les insectes sont dangereux dans cette forêt. On voit des fourmis géantes qui font bien 2-3 cm de long, avec des mandibules acérées. Le guide nous dit que si celles-ci nous mordent, on peut avoir de la fièvre pendant trois jours (sympa…).

Adan nous présente aussi toutes les plantes médicinales qu’on trouve dans la forêt. C’est simple, chaque arbre et chaque liane sont des remèdes pour guérir à peu prêt tout: maux de ventre, mal aux articulations, grippe…Tout se prépare en infusion. On est époustouflé par son niveau de connaissances. Il nous montre aussi l’arbre à caoutchouc, l’hévéa. Il a un liquide blanc à la surface juste sous son écorce, qui lui sert de protection et de colmatage de ses plaies.

Une fois séché, ce liquide devient le fameux caoutchouc que nous connaissons. C’est dingue, comme c’est solide et extensible! D’ailleurs Adan en profite pour recoller ses tongs avec ce précieux liquide. Cet arbre est tellement utilisé dans le monde (spécialement pour faire les pneus des voitures) que sa monoculture est grandement responsable de la déforestation. (Un peu comme les palmiers à huile pour l’huile de palme, mais on en parle juste moins dans les médias.)

Cette rando est super chouette, on apprend plein de choses, et on est vraiment au cœur de la forêt. Tout ce vert, toute cette végétation, c’est génial. La lumière qui règne ici est douce, le soleil qui arrive à se glisser à travers le plafond végétal fait briller le vert de quelques grosses feuilles. Cependant, on se rend bien compte à quel point ce milieu est hostile; ici tout pique, tranche, coupe. Beaucoup de feuilles et de troncs sont recouverts d’épines gigantesques.

Concernant les grands mammifères comme le puma ou le jaguar, on n’aura malheureusement pas de chance et on en apercevra pas. (Nos pas doivent être beaucoup trop bruyants!) ça aurait été un rêve de pouvoir en observer, mais bon, c’est quand même très très rare. Dommage!

Pendant ces marches dans la jungle, on tombera sur des arbres millénaires gigantesques! Ils ont des racines énormes qui rampent sur le sol sur plusieurs dizaines de mètres. On pourra même marcher sous leurs racines, tellement elles sont grandes! Ces arbres géants montent à plusieurs dizaines de mètres de haut, et dans leurs branches poussent d’autres arbres et d’autres plantes. Toute une végétation hors sol! C’est incroyable.

Le cycle de vie du sol

Maintenant, petite parenthèse “cours de sciences”. Ici, les arbres sont énormes et leurs racines ne s’enfoncent pas très profondément dans le sol. Elles poussent de manière horizontale. Pourquoi? et bien dans cette région tropicale humide, le sol n’est pas très fertile. (Étonnant non? venant de la forêt qui a la plus grande biodiversité au monde!) En fait, le sol est composé d’une espèce d’argile rouge assez acide et pauvre en nutriments. Ces sols sont vieux, et il n’y a pas d’activité sismique qui renouvelle les minéraux et nutriments.

Mais alors, qu’est-ce qui nourrit cette forêt? En fait, la nourriture ne se trouve pas en profondeur, mais dans le “tapis” organique qui recouvre le sol de la forêt. Par terre, il y a de la matière vivante qui se décompose très vite. Des feuilles mortes qui jonchent le sol, des troncs d’arbres, des branches, des restes d’animaux. Tout ça pourrit et est décomposé par des champignons, des bactéries, des termites et autres insectes et animaux. Ces derniers participent aussi à la pollinisation et à la dispersion des graines. Le climat chaud et humide aide aussi ce processus de décomposition. La biodiversité est si grande, ce recyclage est si rapide, que les nutriments n’ont pas le temps de se stocker dans le sol. Ils restent dans le tapis de la surface de la forêt. On a donc un cycle parfaitement rôdé qui permet à la biodiversité de se réguler. Incroyable non?

La déforestation

Les premiers colons qui avaient découvert cette luxuriante forêt pensaient alors que le sol en lui-même était très fertile. Ils ont commencé à couper tous les arbres, à brûler toutes les plantes, pour y planter leur monoculture de céréales et autres légumes. Cependant, sans cette biodiversité, sans toutes ces plantes ces insectes et ces animaux qui vivent ensemble, il n’y a pas de nutriment, pas de pollinisation, pas de dispersion des graines. Le sol est donc très mauvais pour y faire de l’agriculture. Aujourd’hui encore, la déforestation continue, et ce problème de fertilité est réglé avec des engrais chimiques. Et puis bon, quand le sol est vraiment mort, il est laissé à l’abandon est de nouvelles parcelles de forêt sont coupées plus loin, histoire de refaire de la place.

Il faut savoir aussi que la majorité de la forêt amazonienne est rasée pour deux raisons principales. Premièrement, pour y mettre des élevage de bovins. Deuxièmement, pour y planter du soja qui sera utilisé majoritairement pour nourrir les bovins et autre bétail du monde entier. Ben oui, nous, humains, mangeons de plus en plus de viande, il faut bien la produire! Chaque 7 secondes environ, l’équivalent d’un terrain de football est rasé rien qu’en Amazonie!

Et là, je ne parle même pas des conséquences sur le climat. La forêt amazonienne est un puits de carbone – elle absorbe le CO2 naturellement. De plus, elle sert de frigo géant, car l’évapotranspiration des arbres refroidit les courants et donc le climat mondial! En continuant la déforestation en général, on laisse le réchauffement climatique gagner…

Les récents incendies qui ont fait parlé d’eux dans les médias ont ému le monde entier (moi la première). Mais il faut savoir que ce n’est pas nouveau, et que chaque année on brûle la forêt pour l’agriculture. Du coup, si on veut faire un geste pour sauver la forêt et avoir un réel impact, il faut changer notre manière de consommer, en commençant par réduire drastiquement notre consommation de viande. La solution, c’est d’en manger moins (principalement le bœuf) et quand on en mange, manger local, des animaux nourris à l’herbe ou aux céréales locaux, produits dans des conditions éthiques et écologiques. Cela demande quelques sacrifices et un travail d’investigation, mais ça vaut le coup non? (Bon, le mieux pour la planète, ça serait de devenir végétarien, mais il n’y a pas besoin d’être aussi extrême pour faire la différence, si tout le monde s’y met.) Enfin, il faut savoir que l’industrie mondiale de la viande rejette chaque année plus de Co2 dans l’atmosphère que celui des transports! C’est dingue non?! Réduire drastiquement sa consommation de viande est donc aussi le geste le plus utile que l’on puisse faire pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

Voilà pour la petite parenthèse info/écolo. (Je n’ai pas pu m’en empêcher 😉 ). Mais c’est vrai que le fait de voir de mes propres yeux cette beauté naturelle qu’est la forêt amazonienne, ça me fait encore plus mal de penser à sa disparition à cause de nos habitudes de consommation…

Sorties nocturnes

Pendant cette immersion, on fait aussi quelques sorties nocturnes. Lampe frontale à la tête, et c’est parti pour la pirogue de nuit! On y voit en effet d’autres animaux, comme, par exemple, les crocodiles! Ils sont tapis dans l’ombre, la tête qui sort de l’eau, et en les éclairant, on voit leurs deux petits yeux briller. En fait, il y en a partout!

On voit aussi quelques oiseaux nocturnes et les fameuses petites chauve-souris qui font des rases mottes juste devant notre visage. Elles profitent du buffet de moustiques attirés par la lumière. Il y a aussi des bruits qui nous surprennent. Un crocodile qui plonge, des poissons effrayés par la lumière qui sautent par-dessus le bateau (ou même en plein sur Yorick! hahaha! la scène est beaucoup trop drôle). L’ambiance est bien différente, pendant la nuit. C’est plein de suspens et de magie. On aperçoit aussi des centaines de petites lumières vertes et oranges qui clignotent; des lucioles! Qu’est-ce que c’est beau!

Le procès de la tarentule

Un soir, le dernier en compagnie de nos amis belges, nous montons le campement en pleine forêt. La nuit tombe, et, à environ deux mètres de nos moustiquaires, il y a un grand arbre. J’aperçois alors, sur le tronc, une grande silhouette noire. J’en crois pas mes yeux! C’est une gigantesque tarentule! Je prends une photo et j’appelle les autres pour qu’ils viennent l’observer. Grave erreur! En effet, le couple qui est avec nous en a la phobie. C’est alors que les guides disent qu’il faut la tuer. QUOI? Yorick et moi, on est scandalisé. Je ne comprends pas en quoi nous avons le droit de tuer un animal, juste parce qu’il nous fait peur. Si on vient visiter la jungle, c’est parce qu’on est prêt à cohabiter avec ses habitants. Si on ne souhaite pas les croiser, et bien on reste chez soi. POINT. Vient alors le procès de la tarentule. Faut-il la tuer ou non? Les guides nous disent qu’elle est très dangereuse car très toxique. Cependant, on pense qu’on ne dort pas dans une moustiquaire pour rien et on sait très bien que ce ne sont pas des animaux agressifs si on ne va pas les embêter. Mais voilà, la majorité l’emporte, l’animal est sacrifié. Délit de sale gueule. L’araignée aurait mieux fait de ressembler à un papillon.

Yorick et moi, on est dégoûté et un peu déçu de ces guides. La prochaine fois que je verrai une bebête similaire, je garderai ma découverte pour moi.

Pour conclure…

Après ces jours merveilleux de totale immersion dans la forêt, il est temps pour nous de rentrer. Et je crois que c’est le bon moment. Je vous ai en effet parlé de la magie de la forêt amazonienne, mais il y a aussi quelques désagréments. En effet, ça fait huit jours qu’on a pas pris une douche. On a bien fait quelques “bains” dans l’eau brunâtre et opaque de la rivière, mais au vu de tous ces animaux sympathiques qui y vivent, on en a pas fait très souvent. (Et on précise quand même qu’il y avait pas mal de trucs étranges qui nous touchaient les pieds pendant qu’on se lavait…)

Huit jours sans se laver, huit jours à porter les mêmes vêtements, huit jours à suer comme des porquis dans un climat tropical humide, ça ne pardonne pas. On est vraiment dégu et puant! (Je pense que ma chemise va bientôt pouvoir bouger toute seule.) On est aussi assez content de bientôt pouvoir remanger quelque chose d’autre, parce que le poisson, le riz et la banane plantain deux fois par jour (dont parfois au petit-dej) ça lasse un peu. Et je ne vous parle pas des piqûres de moustiques! Malgré les habits longs et l’anti-moustique, on s’est fait bouffer. Avec le climat tropical, certaines de mes piqûres se sont même méchamment infectées… La jungle c’est bien joli, mais c’est quand même hostile pour nous, pauvres mortels!

On en conclura tout de même qu’on est absolument ravi de cette merveilleuse aventure. La nature est belle, sauvage et surprenante. Pour des amoureux de la nature comme nous, c’est un rêve qui s’est réalisé. On rentre à la civilisation avec des étoiles plein les yeux et des souvenirs plein la tête.