Direction Jailsalmer

Nous quittons Jodhpur en bus. On se réveille à 5h00 du matin, et on rejoint l’arrêt de bus à pied. Il fait encore nuit, les rues sont calmes, vides et un peu glauques. Beaucoup de personnes dorment par terre, à même le sol. En Inde plus qu’ailleurs, les sans-abris, c’est une triste réalité.

On embarque dans le bus. Nous passons 6 heures à voir défiler des paysages secs et désertiques. Nous arrivons alors à Jaisalmer, ville située au cœur du désert du Thar, à deux pas de la frontière avec le Pakistan.

Ici, tous les bâtiments sont faits de briques couleur sable, ce qui donne à cet endroit son surnom de “ville dorée”.

Après avoir jeté nos affaire dans le “desert cow guest house” (4 CHF la nuit), on part se balader dans les ruelles. Ici, c’est assez “calme” comparé aux autres ville indiennes que nous avons visitées. Il y a énormément de vaches dans les rues! Dans cette ville, il y a un magnifique fort qui surplombe tout le désert. (En fait, dans presque toutes les grandes villes du Rajasthan, il y a un fort.) Ce fort est libre d’accès, et ses jolies ruelles offrent un grand nombre de boutiques souvenirs et de jolis restaurants “roof top”.

4 jours magiques dans le désert du Thar

L’activité phare ici, c’est la découverte du désert du Thar! Il y a un nombre impressionnant d’agences qui proposent des “jeep safaris” ou des “camel safaris”…difficile de s’y retrouver! A la base, on souhaitait faire un safari à pied, sorte de trekking. En effet, une jeep bondée de monde et bruyante ça ne nous parle vraiment pas, et on se méfie toujours des activités touristiques qui utilisent des animaux…

Malheureusement, on ne trouve rien sur place qui propose des excursions à pied, (on doit être les seuls couillons à vouloir marcher en plein cagnard dans un désert) alors on se résigne à tenter le safari à dos de dromadaires. On se renseigne alors sur internet, et on tombe sur une agence bien notée. On ne trouve rien qui dénoncerait d’éventuels mauvais traitements sur les dromadaires, à voir ici c’est exactement la même chose que l’équitation chez nous. Soit. Essayons.

29 novembre. Réveil en stress! On a pas entendu le réveil, et on vient nous chercher dans 15 minutes, et on doit encore faire nos sacs! Evidemment, hier soir, on s’est dit “on se lèvera plus tôt demain matin pour faire nos sacs” (oui, c’est toujours une bonne idée de faire ça). Bref. On arrive quand même à préparer nos affaires en un temps record, en triant ce qu’on laisse ici et ce qu’on prend avec nous pour nos 4 jours dans le désert!

Une heure de jeep plus tard, on arrive en plein désert. Ici, on fait la connaissance de “Triple S” notre chamelier, (c’est ainsi que les touristes l’appellent, parce que son nom indien est trop compliqué^^) de Pawan, son jeune apprenti de 16 ans, et de Roméo, Johnny et Al Pacino, nos dromadaires! (C’est grand, quand même, un dromadaire!)

Triple S nous prépare alors le déjeuner sur feu de bois: toast, œufs durs, fruits et un délicieux chai masala tea. Puis, nous empaquetons les affaires sur les dromadaires, et nous voilà partis pour 4 jours de bivouac dans le désert! C’est un désert sablonneux et rocailleux, parsemé de buissons bas et de petits arbres épineux. Par endroits, il y a des dunes de sables, mais pas partout.

Très vite, on se retrouve dans le silence total, loin du tumulte de la ville. On entend juste un oiseau ou deux, et c’est tout. QUEL BONHEUR, on en avait bien besoin!

On grimpe donc sur nos montures, autant bien s’accrocher quand ils se lèvent sur leurs grandes pattes! On s’enfonce dans ces grands espaces , le soleil tape fort. On porte des vêtements longs et un foulard pour s’en protéger (des vrais hommes des sables). Tout au long de ces 4 jours, on croisera toute la faune du désert: de rapides antilopes, des aigles, des vautours, des renards, des scarabées des sables et même une petite gerbille! On s’arrête aussi quelques fois dans des villages – paumés, c’est le mot – pour faire boire les dromadaires. Étonnement, ils ne boivent pas beaucoup! On voit qu’ils sont faits pour cet environnement.

Pour le premier lunch, on s’arrête à l’ombre d’un arbre. Triple S allume un feu de bois et commence à cuisiner. Au menu: riz, curry de légumes, chapati et sauce piquante. il n’y a pas à dire, la nourriture est délicieuse! C’est d’ailleurs la meilleure depuis qu’on est arrivé en Inde. Tout est fait sur place, c’est génial. Triple S s’occupe absolument de tout, il est au petit soin pour nous (ça en est presque gênant, on n’a pas l’habitude). Bon, on donne quand même un petit coup de main pour écosser les petits pois, et ensuite on fait la sieste. (C’est dur la vie!)

Pendant ce temps, les dromadaires sont laissés seuls, pour qu’ils puissent aller chercher de la nourriture dans les alentours. Vu que c’est désertique, leur nourriture est très éparpillée. Elle est constituée de petits buissons épineux, de plantes grasses et des feuilles de quelques arbres comme l’acacia. Cependant, pour éviter qu’ils ne partent trop loin et qu’ils soient introuvables, Triple S leur attache les pattes avant avec une corde pour pleur permettre de marcher lentement mais pas de courir. Cela limite la distance qu’ils peuvent parcourir par heure. Mouais, on trouve pas le truc très sympa avec Yorick… mais d’un autre côté, le problème est complexe et c’est difficile de trouver meilleure solution pour leur permettre de se déplacer et de se nourrir par eux-même… On reste quand même perplexe…bon, à part ça, ils ont l’air d’être assez bien traités! (Du moins, c’est l’impression que l’on a.)

Après manger, on boit un incroyable chai masala tea. C’est une véritable institution ici en Inde. C’est du thé avec du lait, épicé de gingembre, cardamone, poivre, clou de girofle. Triple S fait le meilleur du monde!!! (Il nous enseignera d’ailleurs toutes ses recettes…Espérons que l’on arrive à refaire pareil!)

Puis, Triple S part chercher Roméo, Al Pacino et Johnny et fait les paquetages. On repart pour deux petites heures dans le désert. Pawan, son apprenti, finit par nous rejoindre avec Lalu et Michael, deux dromadaires qu’il avait “perdu” dans le désert, et qu’il a mis une journée à retrouver!

On arrive alors à un endroit extraordinaire: des immenses dunes de sables, plantées au milieu de la platitude du paysage. Le sable est d’une finesse incroyable, et c’est là qu’on va installer le bivouac pour cette nuit! On assiste à un beau coucher de soleil, pendant que nos chameliers préparent le souper. C’est un délicieux “dal fry” – du dal aux lentilles grillées dans l’huile avec oignon, ail et tomate – et des chapatis. Encore une fois, on se régale.

Je dégaine ma petite guitare et on chante quelques airs à la lueur du feu de bois. Pawan nous chante aussi des airs traditionnels en tapant sur une casserole! L’ambiance est super bonnard.

On prépare ensuite nos lits – attention c’est du grand luxe – un matelas posé à même le sol, avec draps ultra propres, plusieurs duvets et un coussin moelleux. Trop bien! On se réduit aux plumes, on est seul au monde, dans un silence total. Il y a juste nous, et des millions d’étoiles! (Aucune pollution lumineuse, c’est extraordinaire). On voit quelques étoiles filantes avant de s’endormir. Quelques fois pendant la nuit, on ouvre les yeux, on voit les étoiles et la lune, et on se rappelle alors que l’on dort à la belle étoile dans le désert du Thar. Cette sensation est incroyable.

Le lendemain, on se réveille aux premières lueurs. La nuit a été fraîche. On assiste alors au spectacle magique du lever de soleil sur les dunes. Les couleurs changent au fil des minutes, et les ombres grandissent sur les vaguelettes imprimées sur le sable.

Petit déjeuner ensuite, en commençant par le chai, puis toasts, œufs durs, fruits et porridge. Pawan part à la recherche des dromadaires, qui sont partis tellement loin qu’on ne les voit même plus! Il reviendra une heure plus tard avec toute la clique. D’ailleurs, ça sera comme ça tous les matins! “A la recherche des dromadaires perdus”. Un matin, Michael obtiendra la palme, en ayant filé tellement loin qu’on le retrouvera des heures plus tard, sur le chemin, en train de ruminer avec un nouveau pote dromadaire sauvage.

Après avoir refait les paquetages, on s’en va! Cette fois, on nous laisse les rênes. On nous explique vaguement (mais alors, très vaguement) comment faire pour diriger nos animaux. Ça se dirige un peu comme un cheval et beaucoup à la voix. On se retrouve donc à claquer de la langue, faire des bruits de “bisous”, siffler ou que sais-je (on a l’air fin). Mon Johnny n’est pas très réceptif à mes ordres, il est lent, mais lent! En tout cas, il prend le temps de vivre (pi bon, on n’est pas pressé!) Et au moins c’est un gentil dromadaire, plus gentil que le Al Pacino de Yorick, qui a de fâcheuses tendances à vouloir pincer tout ce qui bouge. Finalement, on arrive quand même à s’en sortir, et nos dromadaires se suivent, donc pas trop besoin de les diriger, on les laisse faire. Il faut dire aussi que ces animaux n’ont pas un esprit très…fougueux. A plusieurs reprises, on descend de nos montures – histoire de se détendre les jambes – et on marche à côté, parce qu’on aime bien ça, marcher!

Le 2ème soir, on se retrouve un super endroit pour camper: encore des dunes! On est à nouveau seuls au monde, on croise juste quelques bergers à la recherche de leurs moutons perdus (tout le monde perd tout, ici!) L’un d’eux restera souper avec nous.

Le lendemain, après une nuit étoilée, un lever de soleil et un bon petit dej (sympa, comme quotidien!) On repart. On s’arrête alors vers une petite maison isolée. Elle est faite en terre avec un toit de chaume, et elle est vraiment perdue au milieu de nulle part. Deux familles vivent ici. On visite les deux pièces de l’habitation. Ici, pas d’électricité et l’eau, et bien il faut aller la chercher avec une charrette et un dromadaire, loin, très loin d’ici! Cette simplicité est difficilement imaginable.

Deux dames nous invitent alors à boire le chai. On accepte avec plaisir. On s’assied par terre et un bébé chèvre vient s’endormir entre mes jambes. C’est très convivial, même si nos hôtes ne parlent pas anglais.

On passera 4 jours et 3 nuits de bivouac, dans ce quotidien de chameliers du désert. C’était vraiment incroyable, loin de tout, loin des gens, loin de la ville, loin de la technologie, loin du bruit et loin de la pollution. Cette expérience de nature, de silence, de ciels étoilés et de simplicité nous laissera un souvenir à jamais gravé!

(Pour les infos pratiques, nous sommes passés par l’agence “Adventure camel safari”, et cela nous a coûté environ 30 CHF par jour et par personne tout compris).