L’expérience Ryokan: de zéro à héro

Nous quittons Tokyo le 18 avril au soir. Il était temps de partir de ce dortoir, hanté par le plus gros ronfleur de l’histoire des ronfleurs! Bref. Encore une mauvaise nuit au compteur. Ce soir, nous prenons un bus de nuit pour Kanazawa, de l’autre côté de l’île. On est déjà crevé, alors une nuit entière dans un bus ne va rien arranger…

Nous arrivons à destination au petit matin. On n’a rien dormi. Nous nous sommes rendus dans cette région, car ce soir nous avons réservé LA chambre dans un ryokan!

Oui mais voilà. Le check in de l’hôtel est à 15:00 (et l’heure c’est l’heure au Japon) et on n’a juste envie de se poser à quelque part pour dormir encore quelques heures…Mais où aller? Dans un parc? Il pleut aujourd’hui. Glandouiller dans un café? Nous sommes au Japon, impossible de traîner au restaurant. Une fois le repas terminé, c’est loin, du balais! (On se fait toujours jeter dehors pour laisser place à un nouveau service.) Ils n’ont ni la culture du pousse-café, ni celle de pedzer des heures à table après les repas ici.. Mais où aller alors? Cette ville nous semble peu accueillante, et on est là, fatigué, tout mouillé, avec toutes nos affaires sur le dos…On est vraiment des SDF.

Et c’est là qu’une idée apparaît comme par magie: c’est l’occasion de tester un manga kissa! Très vite, on en trouve un. On est sauvé! Il s’agit d’un concept d’Internet café ouvert 24/24. Là, on peut louer un box privé à l’heure pour surfer sur le net ou lire des mangas. De plus, il y a boissons et glace à volonté! D’ailleurs, nombreux sont les “salary men” qui dorment ici, après avoir loupé leur dernier train car travaillé trop tard.

Soit. On se prend un box. Premier constat: ça pue la clope et c’est sombre. Il n’y a pas une seule fenêtre, on dirait une vieille cave aménagée. Les couloirs sont exigus, et on zigzague entre plein d’étagères qui forment un labyrinthe pour trouver notre box. C’est simple, je me croirais dans le dépôt à Kéké! Notre petit box a un vieux matelas noir recousu et des murs roses (une vieille trappe, quoi!) Mieux vaut ne pas savoir ce qu’il peut se passer ici. Mais bon. C’est une expérience culturelle au Japon! Il faut tester. Grâce à ça, on termine notre nuit au chaud et nos affaires sont en sécurité.

Après un onigiri et un sandwich triangle acheté au 7/eleven (j’adopte vraiment le mode de vie de mon frangin ici), il est temps de prendre notre train pour Komatsu, là où se trouve notre hôtel. Aussitôt arrivés à la gare, on s’aperçoit que l’on est attendu par un chauffeur bien habillé. Aï, le choc! On se sent un peu trop pouilleux pour la situation là… avec nos têtes de déterrés en manque de sommeil, nos sac à dos de baroudeurs, nos habits de rando qui puent la clope, nos grosses chaussures de montagnes, notre beau K-way et ma guitare à la main (emballée dans un plastique vert genre sac à poubelle). Mais ce malaise n’est rien comparé à l’arrivée à l’hôtel où on se voit offrir un petit escabeau pour descendre de la voiture, six employés pour nous accueillir, prendre nos sacs et nous donner des pantoufles, ainsi qu’un thé et gâteau de bienvenue dans un hall d’entrée magnifique. Mon dieu quel contraste! Passer de sans-abri à aristocrates de la haute société en l’espace de quelques heures, il n’y a vraiment que nous pour faire ça!

Il est vrai que ce voyage au long court est plutôt axé sur le fait de faire des économies (pour le faire durer plus longtemps), mais c’est aussi un voyage où on veut vivre des expériences qui ne se présentent qu’une fois dans une vie, et ce peu importe le prix. Passer une nuit dans un ryokan en fait partie. Un ryokan est une auberge traditionnelle japonaise. Cet hôtel, le Hoshi, n’est cependant pas un simple ryokan; c’est le plus vieil hôtel du monde! (selon le guinness book des records). Il a été créé en 717 et a été transmis de génération en génération au sein de la même famille. (Plus de 46 générations se sont succédé pendant 1299 ans d’exploitation continue en 2016!)

Après le thé de bienvenue, on découvre notre chambre. C’est une pure merveille! Tous les éléments traditionnels japonais s’y trouvent: tatami au sol, table basse, mobilier épuré, plafond décoré, parois mobiles en papier de riz, mini véranda pour boire le thé, et, le clou du spectacle, le balcon de plein pied sur le jardin japonais! Quel magnifique tableau lorsque l’on regarde par la fenêtre!

On se croirait dans une forêt enchantée: étang avec des carpes colorées, roches recouvertes de mousse, fougères, lanterne de pierre, petite fontaine, pin japonais…

Aussitôt arrivés, on revêt le yukata, sorte de kimono d’intérieur. Va bien, on fait un peu moins tache dans le décor maintenant! On en profite pour aller faire un tour au spa avant le souper.

Puis, on se rend dans une magnifique salle à manger traditionnelle, et on déguste une succession de mini plats incroyables: sushis, crevettes, légumes divers, soupe, viande wagyu et poisson à griller soi-même sur un petit réchaud, St-Jacques sur pousses de bambou, minis brochettes de tempura…Il y a aussi des éléments partiellement identifiés comme des petits cakes de riz, des légumes fermentés ou encore une sorte de liqueur de pêche. Toutes les saveurs se trouvent ici!

En tout cas ce repas gastronomique nous a conquis! En revenant à notre chambre, on constate que nos futons ont été installés.

Après une nuit reposante comme jamais et un petit saut au spa, nous dégustons le petit déjeuner typique japonais. C’est bon, c’est riche, ça tient au ventre (mais il faut aimer le poisson cru à l’aube!). Puis, on profite de nos derniers instants dans ce magnifique endroit hors du temps pour de balader dans le splendide jardin japonais. Tout de mousses, de pierre et de verdure, c’est un petit coin de paradis! Les rayons matinaux du soleil subliment encore plus cet endroit magique.

Puis, le rêve se termine. Les 10, 5 coups des 10 heures 30 sonnent. Le chauffeur nous ramène à la gare. Cendrillon redevient citrouille. Les héros redeviennent des zéros. C’est avec des étoiles plein les yeux que nous quittons cet endroit. Cette expérience aura été inoubliable, et elle vaut clairement son coût jusqu’au moindre centime (soit 125 CHF par personne tout compris pour vous donner une idée).

Direction Hiroshima!

Finalement, nous avons craqué et décidé de remplacer un trajet en bus de nuit pour le shinkansen! (Le luxe nous aurait-il monté à la tête?) Marre de mal dormir, et le rapport temps/distance/coût nous a fait changer d’avis ce coup-ci. (Pis bon, on avait quand même secrètement envie de tester ce train à grande vitesse!)

On se rend d’abord à Kyoto en train “normal”, puis on le voit finalement arriver, le shinkansen! Il est d’un design incroyable. Avec son long museau aérodynamique, on dirait un vaisseau spatial. A l’intérieur, on se croirait dans un avion. Le train part et on regarde alors les kilomètres/heure grimper sur l’écran du natel de Yorick, jusqu’à atteindre les 283 km/h! En un peu plus d’une heure et demi, nous avons parcouru les 360 km qui nous séparaient d’Hiroshima, et nous nous sommes épargné une nuit entière dans un bus. On prend nos quartiers dans une petite chambre propre du “Chinsu hotel” pour une petite semaine.

Le musée du mémorial pour la paix

Le 22 avril, nous visitons le musée du mémorial pour la paix. Parce qu’il ne faut pas l’oublier, Hiroshima a été rayée de la carte un matin du 6 août 1945, où elle a reçu une bombe atomique américaine, la première de l’Histoire.

La bombe a explosé à 600 mètres du sol et a réduit en cendres bâtiments et habitants. 80’000 personnes ont été carbonisées sur le coup, mais on parle de 170’000 victimes en tout, majoritairement des civils. En comptant les victimes de Nagasaki, on dénombre 250’000 morts. Cette catastrophe marque la fin de la 2ème guerre mondiale, et le début de la guerre froide avec la course à l’arme atomique.

Ce musée est vraiment bien fait. Il commence avec des vidéos de témoignages poignants des survivants. S’en suit une documentation très précise allant de la fabrication de la bombe aux USA, du choix des villes cibles, et de son lancement sur Hiroshima ainsi que sur Nagasaki quelques jours plus tard. On trouve ici tous les échanges de lettres “top secret” du gouvernement américain. C’est vraiment incroyable la manière dont ils parlent de ça! Et dire qu’ils ont même refusé de faire une démonstration de la bombe (ce qui aurait fait capitulé le Japon sans faire toutes ces victimes!).

Vient ensuite une exposition qui fait froid dans le dos; les objets et vêtements retrouvés sur les victimes le jour J: habits tachés de sang et brûlés, journaux intimes d’écoliers qui racontent simplement leur journée du 5 août – sans savoir qu’elle serait la dernière… On voit aussi des photos sordides de tous ces corps brûlés. C’est poignant. Et dire qu’au jour d’aujourd’hui une dizaine de pays possède encore l’arme atomique! Ce musée est très intéressant et démontre des faits, sans utiliser un ton accusateur. Le message est simplement : “plus jamais ça”.

Dans le parc qui entoure le musée, on trouve plusieurs monuments et mémoriaux pour la paix. Il y a cette grande arche en béton, où symboliquement les âmes des victimes peuvent venir se réfugier. Il y a aussi le mémorial de la paix pour les enfants, créé suite à la mort d’une petite fille, Sadoko. Elle a été exposée aux radiations à l’âge de deux ans, et une leucémie s’est déclarée 10 ans plus tard. A l’hôpital, elle a essayé de rassembler 1000 grues en origami, car elle pensait que ça pourrait avoir le pouvoir de la soigner.


Dès lors, et encore aujourd’hui, des gens du monde entier envoient et apportent des grues en papier, exposées ici. C’est le symbole de la paix, et il y en a des milliers! (J’ai d’ailleurs appris à en faire exprès pour l’occasion, histoire de mettre mon oiseaux à l’édifice 😉 ).

Enfin, on trouve dans ce parc le dôme, l’un des seuls bâtiments qui se trouvait à l’épicentre et qui est resté debout malgré l’explosion.

Toute cette histoire est effrayante, et difficile à croire tant elle est violente et pas si lointaine dans le passé. Cela donne une atmosphère toute particulière à cette ville, où la vie a repris son cours. Il y règne maintenant quelque chose de paisible et de plaisant. Les trams old school sillonnent les grandes rues, ce qui contraste bien avec la modernité de ses consœurs.

On se sent bien dans cette petite ville, que l’on visite à pied depuis notre hôtel: le magnifique jardin japonais, le château et ses centaines de magnifiques carpes colorées (on dirait une peinture vivante!), son musée d’art, ses minuscules et jolis restaurants typiques cachés derrière leur porte glauque et leur ” tissus à l’entrée”. On en testera plusieurs, regardant le match des “Carp”, l’équipe de Baseball locale dont tout le monde est fan.

On goûtera à la spécialité d’Hiroshima, les Okonomiyaki. C’est une sorte de crêpe/omelette au chou, pousses de soja, bacon, fromage, grillée sur un teppanyaki. Ça tient au ventre en tout cas!

L’île aux lapins

Le dernier jour, nous quittons le centre de Hiroshima pour nous rendre à Okunoshima, “l’île aux Lapins!”

Un train et un ferry plus tard, on aperçoit les premières petites boules de poils qui nous accueillent! Sur cette île, il y en a des milliers qui vivent librement (et qui se reproduisent comme des lapins).

L’île aux lapins

Ils sont nourris par les touristes (donc pas si sauvages que ça) et dans toute l’île ils ont des petites gamelles d’eau. Une belle vie donc! Il fait beau et chaud. On croise des lapinous tout le long du chemin, ils sont vraiment trop choux!!! Cette toute petite île est également un musée à ciel ouvert. C’était une base “secrète” où du gaz toxique était fabriqué pendant la guerre. On voit donc plein de bâtiments abandonnés et des ruines en tout genre. Cela donne vraiment une atmosphère très spéciale à cet endroit! C’est un peu fantomatique: Une île abandonnée, où seuls les lapins ont recolonisé l’endroit. On adore!

Chez Rei

Le 27 avril, nous quittons Hiroshima. Aujourd’hui, nous nous rendons encore plus au Sud. Nous arrivons dans la petite gare de Heta, petit village de campagne perdu dans la province de Yamaguchi. L’endroit est entouré d’une magnifique forêt verdoyante.

Sur le quai, on est accueilli chaleureusement par Rei, une copine que j’ai rencontrée en 2014 pendant mon Erasmus en Irlande. Je l’avais revue en 2015, alors qu’elle était venue en Suisse nous trouver, et aujourd’hui c’est nous qui lui rendons visite dans son pays!

On embarque dans sa voiture, et c’est parti pour quelques jours avec elle, dans sa province. Ce qui est chouette, c’est que cet endroit est complètement reculé et oublié du tourisme. Le “vrai” Japon! 😉 A voir, elle nous a organisé tout un programme! Hahaha! (On n’en attendait pas autant!)

On visite d’abord un magnifique temple bouddhiste avec une très vieille pagode à cinq étages. Puis, Rei nous emmène dans une petite gare (du genre la gare de Palézieux) là, il y a des petites tables en bois pour attendre le train. L’originalité de l’endroit? Son “bain thermal naturel pour les pieds” juste sous la table. On s’assied donc, les pieds dans l’eau chaude, papotant avec les gens de la table d’à côté.

Rei nous emmène ensuite dans la maison de son enfance. Nous sommes accueillis par sa maman, dans son salon traditionnel. On boit le thé et on mange des petits gâteaux à la pâte de riz et purée de pois rouges sucrée (beaucoup de desserts japonais sont faits de la sorte).

Puis ses amis arrivent pour partager un souper tous ensemble. On rencontre Kana et celle que nous appellerons “Sake Master”, qui passeront ces quatre jours avec nous! Ses amis ne parlent pas bien anglais, mais ils sont supers bonnards et souriants.


Rei et ses amies sont toutes profs (elle et moi, nous nous sommes en effet rencontrées à l’université dans la branche “éducation” à Dublin). On parle donc des différences culturelles dans nos métiers respectifs. Et là, on n’en revient pas! Les profs au Japon font vraiment des horaires de fou! Rei et ses amies travaillent non stop de 7h00 à 22h00/23h00. Elles n’ont même pas de vraie pause de midi, car elles doivent manger avec les élèves et les surveiller pendant ce temps! Les cours finissent vers 17:00. Cependant, la journée est loin d’être finie! Chaque prof a l’obligation d’être responsable d’un club de sport, et d’enseigner son sport après l’école, et ce chaque jour, même le weekend et même pendant les vacances! Quand le club de sport est terminé à 18h30, il est temps pour l’enseignant de se lancer dans les corrections de la journée et les planifications du lendemain. (Ce qui explique pourquoi elles finissent le job à 22 ou 23h!!) Mais quelle vie de fou…

Puis, nous quittons cette belle maison. Rei nous emmène de l’autre côté de la préfecture, à Shimonoseki. Ici, la famille de Rei possède un petit appartement au bord de la mer. C’est ici qu’on dormira, sur un petit futon! On est émerveillé par le parking automatique qui range les voitures les unes sur les autres.

Le lendemain, nous sommes rejoints par Makoto, le frère de Rei. Il a l’air d’être un joyeux luron! Ils s’improvisent nos guides, et on visite un temple shinto. Rei nous explique le fonctionnement du temple, et on comprend plein de petites choses que l’on avait déjà constatées pendant notre séjour nippon, sans jamais vraiment comprendre.

Puis, c’est direction le marché aux poissons! Il est très connu, et aujourd’hui il est BONDÉ. Sur les étalages, on y vend des sushis ultra frais. A mon grand désarroi, il y a de la baleine (J’apprendrai cependant que cette viande n’a plus la cotte, c’est plutôt considéré comme le “pot au feu” de l’époque). Bref. Heureusement, c’est pas au menu pour nous!

On trouve aussi le poisson typique, que dis-je, la STAR de la ville, qui est représentée en statue absolument PARTOUT (même les bouches d’égout sont à son effigie) j’ai nommé: le Fugu!

Oui, le fugu, c’est ce poisson-coffre qui se gonfle. C’est surtout ce fameux poisson qui, lorsqu’il est mal préparé, devient toxique et entraîne la mort de celui qui le mange!

Suite à quelques décès dans le passé, les cuisiniers qui souhaitent le préparer doivent désormais posséder une licence spéciale obtenue après une longue formation. D’ailleurs, Rei nous en achète pour midi! (Oups, j’avoue que jouer à la roulette russe pour dîner ne faisait pas spécialement partie de mes plans du jour). Difficile de refuser, Rei et son frère sont si enthousiastes et ils nous ont tout offert! Ils se moquent de moi quand je leur dis que j’ai peur de manger du fugu! Soit. Expérience culturelle n 5838294 : mangeons du fugu.

On pique-nique sur le toit du marché aux poissons, avec vue sur le port. Puis, la digestion se fait. Plus le temps passe, et plus je me réjouis de constater que je suis toujours vivante. YES, j’ai survécu!

Cet après-midi, nous prenons un ferry pour nous rendre sur l’île la plus septentrionale du Japon: Kyushu! Là, on visite des petites ruelles commerciales. Dans la rue, on croise un vieux fou avec une poussette pleine de chats.

Il nous dit qu’il est une célébrité locale… cela rappelle quelque chose à Yorick. Quelques minutes plus tard, il retrouve une photo de la même poussette, prise à Tokyo l’année passée (donc pas la porte à côté) envoyée par un de ses potes. Quelle étrange coïncidence! On s’arrête pour manger un mochi macha-fraise (la pâtisserie japonaise par excellence) puis on visite le château.

Le soir, Rei nous emmène manger dans son endroit préféré: un pub japonais! (“Real Japan”, comme elle dit). On y mange des grillades sur un petit four à gaz posé sur la table. Au menu: langue de bœuf grillée, le délicieux Wagyu, et on goûte même du foie et des intestins! (Ah les Japonais, c’est vraiment des viandards! Moi qui essaye de manger moins de viande, c’est raté ici! Haha!)

Rei nous apprend ensuite à manger les nouilles “à la japonaise” (c’est à dire, en faisant un MAX de bruit, du genre l’aspirateur du dentiste). Il parait que c’est pour montrer que l’on trouve ça bon. Et bien, on trouvait cette habitude dégoûtante au début de notre aventure nippone, on trouve ça drôle maintenant! Il n’y a rien de mieux que de partager tout ça avec des locaux pour démystifier la chose.


On termine la soirée autour d’une guinness dans un Irish Pub (là où notre amitié avait débuté 😉 ) et on apprend des phrases utiles en Japonais. En contrepartie, on enseigne à Rei et ses amies des phrases toutes aussi primordiales en français, comme ” J’aime la choucroute” (difficile, la prononciation du CRrrrrr).

Kana nous ramène dans sa voiture en forme de cube (typique japonais, on dirait un jouet!) Et on chante à tue-tête “under the sea” alors que l’on passe dans le tunnel sous la mer. Ahhhhh les Disney, c’est fédérateur quand même! On rigole beaucoup trop.

Le lendemain, il pleut beaucoup. Malgré cela, on suivra le programme que nous a concocté Rei. On découvre tout d’abord un magnifique jardin japonais comme on les aime. Au centre, un très vieux et magnifique bâtiment traditionnel tout en bois abrite une exposition de poupées de porcelaine. On rencontre l’artiste, un vieux Monsieur passionné par son art. On visite aussi une exposition de dessins d’animaux au crayon de couleur. Ils sont splendides! On trouve un dessin d’un chat persan. Du coup, pour rigoler, on raconte l’histoire de notre rencontre de hier avec le vieux fou et sa poussette de chats. On montre même à l’artiste une photo! Et, INCROYABLE, ce dernier nous répond que le chat qui lui a servi de modèle pour son dessin, c’est justement l’un des chats de la poussette! (Il y a décidément quelque chose de mystique, voire même d’un peu angoissant, qui flotte autour de cet homme aux chats.)

On passera l’après-midi de l’autre côté de la préfecture, où nous visiterons un temple bouddhiste moyenâgeux merveilleux, avec ses centaines de lanternes en pierre recouvertes de mousse.

Le soir, c’est “Takoyaki party” dans l’appartement de Rei! On est rejoint par une horde d’amies de Rei, l’ambiance est super bonnard. Les Takoyaki, c’est cette spécialité d’Osaka: des petites sphères de pâtes à crêpe garnies avec ce qu’on veut. C’est super convivial! Pour nous faire plaisir, Rei a même acheté pour l’apéro du pain, du fromage français et une bouteille de rouge! ( on n’en revient pas de toutes ces attentions).


Le 30 avril, il est temps pour nous de faire nos bagages. Après un bon déjeuner/dîner au Sushiro (oui, il se trouve que notre chaîne de fast food de sushi préférée et également la préférée de Rei! Ça, ça fait plaisir), on se retrouve donc sur le quai de la gare. Rei et ses amies nous ont accompagné (elles ont même payé un ticket juste pour venir sur le quai!) , et comme si ce n’était pas suffisant, elles nous offrent un énième cadeau, une jolie carte avec des photos de notre séjour tous ensemble, et un petit snack pour le trajet….on n’en revient pas de tant de générosité!

C’est avec le cœur plein d’émotions que nous quittons ces belles personnes, ne sachant pas si l’on se reverra un jour… (mais on l’espère!) Quel incroyable séjour nous avons passé ici! C’est tellement plus chouette et plus authentique de visiter un pays avec une amie qui habite là. Et Rei n’est pas n’importe qui. On ne sait pas comment la remercier assez de tant de générosité, de cet accueil si chaleureux, de toutes ces activités de visites organisées spécialement pour nous, de ces belles rencontres avec sa famille et ses amis, de ces bons repas typiques et de ces franches rigolades.

Après un retour à Osaka pour une nuit (ce qui commence à Osaka se termine à Osaka), il est temps pour nous de quitter le Japon. Maintenant, faisons place à un petit bilan de ces 42 jours. Et bien, nous avons beaucoup aimé le Japon! Pour commencer, c’est un pays moderne, propre et développé qui nous a fait beaucoup de bien dans notre découverte de l’Asie. Les gens sont polis et respectueux, et on ne se sent pas “observés” comme on peut l’être ailleurs. Les réseaux de transports publics sont juste géniaux, la propreté des espaces publics est déconcertante, et la sécurité du pays nous a fait oublier toutes nos règles d’or anti pique poquettes (mauvaise habitude à perdre au plus vite). Nous avons été marqués par cette culture si particulière, qui n’existe nulle part ailleurs. Des traditions ancestrales dans un pays ultra moderne; le Japon est une terre de contrastes.

Cependant, tout est régulé (presque trop pour nous). Il y a aussi beaucoup de monde, et des files d’attente gigantesques pour beaucoup de choses. De plus, les Japonais nous ont parus un peu difficiles à atteindre au début de ce séjour. Très peu parlent l’anglais, et beaucoup sont timides, ce qui rend les contacts plus compliqués (encore merci Rei et ses amis, pour nous avoir permis de vivre le Japon de l’intérieur!) Enfin, le prix de la vie est cher. (Mais bon, on avait prévu le coup dans le budget. On a bien profité sans se mettre trop de restrictions, et pis bon, c’est quoi quelques centaines de francs de moins dans une vie? Ça fera juste moins de fleurs à notre enterrement!)

La fin de notre aventure nippone marque le début de notre 10ème mois de voyage. C’est à ce moment-là que nous ressentons aussi quelque chose de nouveau, un sentiment bien étrange, ce que certains appellent la “fatigue du voyageur”. Parce que voyager, ce n’est pas des vacances, mais bien un mode de vie. 9 mois à jouer les touristes, à “visiter”, à bouger tout le temps, à chercher quotidiennement des nouveaux transports, des nouveaux endroits où dormir, des nouveaux lieux où manger,  ça commence à nous fatiguer un peu. Nous avons donc décidé de…( non, pas de renter! vous êtes fous?!) changer un peu notre mode de voyage ces prochains temps.

Je m’envole donc pour l’Indonésie, afin de me poser quelques temps et d’y faire du volontariat (je vais y donner des cours d’anglais. Le boulot me manquait trop! haha!) Yorick, quant à lui, rejoindra la Corée du Sud. On se sépare 3 semaines pour suivre les envies de chacun et pour mieux se retrouver par la suite! 😉