En route pour Udaipur
3 décembre, 18:00. On grimpe dans notre bus de nuit, qui va nous emmener à Udaipur! On arrive à éviter de payer la “taxe bagage en soute”, (on devient les pros de l’antiarnaque en Inde!) Et c’est parti pour 12 heures de bus! Le temps passe très vite, en jouant de la guitare et en regardant des vidéos téléchargées. Et puis, il faut le dire, ces couchettes sont assez confortables.
On arrive tôt le matin à Udaipur, et on trouve par hasard un guest house en train d’ouvrir ses portes. On demande à voir la chambre, simple et confortable, pour 600 roupies la nuit (9 CHF). Nickel! Le type du guest house nous propose de le suivre dans la rue pour boire un chai. Il y a en effet plein de “roulottes à chai” en Inde, très bouiboui mais pas cher! (15 centimes) On boit donc un excellent thé, en compagnie de quelques vieux et quelques chiens autour d’un feu à même le béton. Bonnard.
La bonne vibe d’Udaipur
On reste 5 jours dans cette ville, qui nous plaît beaucoup! On ressent une très bonne vibe. Udaipur est située au bord d’un lac, sur lequel sont construits de richissimes palaces, on dirait des îles flottantes. La ville est propre, calme (enfin, pour l’Inde, entendons-nous bien) et on y trouve des tonnes de petits cafés assez modernes et occidentaux et des restaurants “roof top” avec vue sur le lac. On passera un certain nombre d’heures sur ces terrasses hautes perchées! Notre devise? Tester des restaurants!
On goûte le thali, plat indien qui combine plusieurs petites spécialités. On y trouve du riz parfumé au cumin, du dal fry, du paneer au curry (sorte de feta locale), du curry de légumes, une sauce au yogourt – “curd” qu’ils appellent ça – des chapatis (pain plat) et du papade (sorte de grande chips croustillante). Tout est délicieux! On est définitivement réconcilié avec la nourriture indienne! (Ou plutôt, notre estomac est définitivement guéri de notre tourista). On retournera plusieurs fois dans ce restaurant, le “yummy yoga”. On se fait aussi plaisir avec de la viande (on avait oublié quel goût ça avait) en testant les grillades du “Charcoal” restaurant. On apprécie encore plus, après toutes ces semaines végétariennes! Enfin, au “rainbow” restaurant, on mangera quelques plats “mal du pays” comme des bolo ou des lasagnes – incomparable avec la bolognese de ma grand-maman Bertilla, la meilleure du monde – mais pas si mal pour l’Inde! (Et ça fait tellement du bien à l’âme 🙂 )
Dans cette ville, on trouve beaucoup de boutiques à touristes, et énormément de tailleurs. Yorick profite alors de se faire un beau costard sur mesure! Un résultat impeccable, réalisé en deux jours seulement, pour trois fois rien! Regardez-moi ce beau gosse:
Un soir, on se fera plaisir en regardant l’hilarant (c’est le mot) “James Bond – Octopussy”, qui a été tourné ici, dans les ruelles d’Udaipur. (C’est d’ailleurs une fierté, dans cette ville!)
Cours de cuisine indienne
Un soir, on se rend chez Shashi, une femme qui propose des cours de cuisine chez elle. On rencontre les autres “élèves”, des anglais et des américains. Nous voilà prêts pour 4 heures de cours et pour un souper tous ensemble!
Shashi commence par nous raconter les événements qui l’ont amenée à donner des cours de cuisine. C’est très touchant, et ça met en avant la condition difficile de la femme ici en Inde. Voici son histoire.
Mariée dans un mariage arrangé, elle quitte son domicile familial à 19 ans pour habiter chez sa belle famille (comme ça se fait partout en Inde). Son mari se fait assassiner par une connaissance alors que leurs enfants ont 5 et 7 ans. Shashi devient veuve, et les veuves en Inde sont presque considérées comme “responsables” de la mort du mari. Elles se font donc maltraiter par leur belle-famille, et deviennent des moins que rien. Pendant un an, les veuves doivent rester cloîtrées chez elles. Pendant 45 jours, elles doivent s’asseoir dans un coin de la maison. Elles ne doivent plus jamais porter des habits de couleurs vives ni plus jamais porter de bijoux. Elles n’ont pas le droit de se remarier. De plus, la caste de Shashi, les Brahman, interdit à ses membres de faire des jobs considérés comme “impurs”. Ainsi, Shashi s’est faite stigmatiser par sa communauté, alors qu’elle essayait de gagner de l’argent en faisant la vaisselle et des ménages. (Tous les autres métiers “nobles” pour sa caste lui étaient inaccessibles, car elle n’a jamais pu aller à l’école.)
Un jour, un irlandais qu’elle rencontre dans un guest house lui dit qu’elle cuisine très bien, et qu’elle devrait se lancer dans des cours de cuisine. C’est ainsi qu’elle apprend l’anglais et démarre sa petite entreprise. Aujourd’hui, tous ses cours sont pleins, uniquement de touristes occidentaux. Elle fixe donc des pris élevés pour l’Inde (et même à la tête du client, il faut quand même le préciser^^’) – et elle peut payer l’université à ses deux enfants. Voilà pour son histoire, qui, heureusement, se poursuit aujourd’hui dans de bien meilleures conditions!
Le cours commence, dans sa grande cuisine. Elle est assistée par son fils, qui parle un super anglais et qui explique bien. On assiste à la préparation de plusieurs plats “typiques”.
On apprend à cuisiner le chai masala tea, les pakora (beignets de légumes), un chutney de coriandre et un de mangue, la fameuse “magic sauce” (sauce qui sert de base à tous les curry), différents curry, du paneer (sorte de feta locale cuite dans l’huile), et on fait aussi des chapatis simples et des chapatis sucrés à la noix de coco. Enfin, on cuisine des naans à la patate.
Evidemment, on déguste les préparations au fur et à mesure. C’est vraiment délicieux, on essayera de refaire tout ça chez nous! 🙂
Le city palace
Un jour, nous visitons le city palace, magnifique palais comme il y en a beaucoup en Inde. Il servit de demeure à de nombreux Maharajas, tout est dans la démesure. Il y a de jolies cours intérieurs, et des pièces décorées de magnifiques mosaïques et peintures.
Juste dehors, sur la grande terrasse du palais, on assiste à la mise en place de ce qui semble être un événement démesuré: fabrication d’une scène digne de la grande scène du Paléo, fleuristes qui préparent des gigantesques arrangements de roses rouges, lustres scintillants… ça fourmille de partout, des centaines de personnes sont au travail!
On apprend alors qu’ici aura lieu, dans deux jours, le mariage de la fille de l’homme le plus riche d’Inde, et l’un des plus riches du monde. (Un mariage estimé à 100 millions de dollars, tout de même…) D’ailleurs, cette famille est assez riche pour s’offrir un concert privé de Beyoncé (oui, rien que ça!). Ça doit quand même coûter un poil plus cher que d’engager Ziquet et son synthé… D’ailleurs, le gratin bollyhoodien et hollywoodien et quelques grandes personnalités politiques comme Hillary Clinton et John Kerry seront de la partie. Cool, avec Yorick, on s’est dit qu’on va essayer de s’infiltrer dans la guest list (maintenant qu’il a un beau costard, on n’y verra que du feu! Hahaha).
Bref. C’est complètement démesuré tout ça, et ça met bien en lumière les gigantesques inégalités ici en Inde : le mariage à 100 millions, dans une ville remplie de mendiants.
Bus de nuit du suicide
Après notre séjour à Udaipur, il est temps pour nous de nous diriger à l’est, direction la ville d’Agra! Comme d’habitude, on a réservé un bus de nuit pour ce long déplacement de 12 heures. Comme d’habitude, on s’attend à un voyage confortable où on pense pouvoir dormir tout du long…mais pas cette fois!
D’abord, on se dit: “tiens, le chauffeur conduit un peu brusquement”, puis on se dit : “tiens, le chauffeur conduit vite”, et enfin, après des accélérations et des freinages d’urgence toutes les deux minutes, et après des “presque sorties de routes” très fréquentes, on finit par se dire que ce mec est un gros taré psychopathe!!! C’est simple, on rebondit dans notre couchette comme du pop-corn au micro-ondes, et on se fait éclater contre la paroi à chaque freinage. Vous voyez la scène avec le bus de nuit violet trois étages dans “Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban”? Et bien c’est la même chose! Sauf que nous on n’est pas dans un film: https://www.youtube.com/watch?v=FArmRa092H0
Autant vous dire qu’on ne ferme pas l’œil de la nuit. Je me mets en position latérale de sécurité – histoire de prendre de l’avance au cas où – et on finit par arriver entier à Agra le lendemain matin, grâce à je ne sais quelle bonne étoile!
Le merveilleux Taj Mahal
Le lendemain, réveil à 5h00. On se rend au guichet du Taj Mahal, qui se trouve à 15 minutes à pied de notre hostel. L’idée est d’arriver à l’ouverture, pour éviter la foule. (Bon, on n’est pas les seuls à avoir cette idée!) Une fois le ticket poche (18 CHF tout de même…) on fait un “security check” puis nous entrons dans l’enceinte. On se retrouve alors devant un fantôme caché dans la brume. On attend, espérant voir la lumière du lever du soleil éclairer le fameux édifice. Mais rien! On ne distingue que vaguement sa silhouette, le brouillard ne se dissout pas. (Et il faut dire aussi qu’il y a pas mal de particules de pollution dans l’air.) On attend longtemps, et en plus ça caille sévère, parce qu’on est en hiver, ici en Inde, et chaque jour il fait un peu plus frais.
Puis, on finit par apercevoir la silhouette fantomatique du bâtiment se dessiner au loin. C’est magique! On s’approche, et plus on est prêt, mieux on le voit. Il est vraiment énorme, et d’une beauté sans égale! Le Taj Mahal est en fait un tombeau, celui de Mumtaz Mahal, la défunte épouse de l’empereur moghol musulman Shâh Jahân. Il a fait construire ce tombeau en la mémoire de sa femme qu’il aimait tant (si c’est pas beau l’amour). La construction de ce mausolée débute en 1631 et se termine en 1648. 20’000 personnes ont travaillé – ont été réduits en esclavage – pour sa construction. Ce bâtiment est totalement symétrique sur ses quatre façades, et est construit entièrement en marbre blanc. Il est entouré de quatre minarets, légèrement penchés vers l’extérieur, pour éviter qu’ils ne s’écroulent sur le dôme en cas de séisme. La hauteur de sa coupole centrale est de 73 mètres et son style est un mélange d’architecture musulmane, iranienne, ottomane, perse et indienne. A sa gauche trône une mosquée de gré rouge, et à sa droite une réplique exacte de cette mosquée, construite afin de garder une symétrie parfaite.
Ce qui nous frappe, en voyant le Taj Mahal en vrai, c’est la finesse , la délicatesse et la pureté qui s’en dégagent. En effet, les portes, les arches, les murs, tout est décoré de mosaïques florales colorées et de calligraphies arabes. Ces ornements sont sculptés dans des pierres précieuses provenant de toute l’Asie et incrustés ensuite dans le marbre blanc. C’est juste une splendeur! Je crois même que c’est le plus bel édifice créé par l’homme que nous avons pu admirer jusqu’à maintenant, et le premier à nous laisser une telle émotion.
On entre alors au cœur du tombeau, là où gisent les tombes de l’impératrice et de l’empereur, inhumé à ses côtés par la suite. Puis, on se fait une véritable séance photos à l’extérieur, vers le premier bassin, où la vue est superbe. Ce qu’il y a de bien ici, c’est que malgré la foule (7 millions de visiteurs par an), le bâtiment est tellement grand et le parc qui se situe devant est tellement vaste que les hordes de touristes se diluent et la vue est belle pour tout le monde. En tout cas, le Taj Mahal n’a pas volé sa place dans les sept merveilles du monde!
Woua l Indes vous va si bien….me réjouis de goûter le fruit du cours de cuisine…
Coucou Mandy,quel plaisir de te lire. Le passage bus de nuit du suicide est à mourir de rire…même s’il était sans doute beaucoup moins drôle en réalité ! Les vidéos sont très belles. Merci pour vos partages. Joyeux Noël à vous deux!
Merci beaucoup! belle année 2019 à toi!
Hello Mandy et Yorick
Ça faisait un moment que je n’etais pas revenue sur le blog … toujours autant de plaisir à lire et voir !
Bonne continuation.
Merci Viviane! des becs!