On s’envole pour Palawan!

Après Moalboal, nous partons pour Cebu City, afin de prendre un vol pour Palawan. Cette grande île se situe à l’extrême ouest des Philippines. C’est la plus sauvage et la moins peuplée de l’archipel.

Nous arrivons à Puerto Princesa, le chef lieu de Palawan, le 29 janvier 2019. Aujourd’hui, ça fait exactement 6 mois que nous avons quitté la Suisse! Ahhhh, ça passe tellement vite. Il faut dire qu’ici nous avons une toute autre notion du temps.

Nous passons deux petits jours à Puerto Princesa. Un matin, nous nous rendons au bureau d’immigration pour faire prolonger notre visa, initialement valable un mois. Pour ce faire, nous prenons un… jeepney! Les jeepney n’est pas un simple bus collectif, c’est un symbole des Philippines! Il s’agit initialement d’anciennes jeeps abandonnées par l’armée américaine suite à la 2ème guerre mondiale. Elles ont été repeintes, pimpées, et elles ont du style, il faut le dire!

Pour la parenthèse historique, les Américains – toujours le cœur sur la main – ont encouragé les Philippins à se battre pour se libérer de la colonisation espagnole à la fin du 19ème siècle. Mais voilà qu’à peine les Espagnols chassés, les Américains se sont emparés des Philippines! (Vraiment sympas). Il faut dire que cet archipel représentait un emplacement stratégique pour quiconque souhaitait se lancer à la conquête du Pacifique.

Ainsi, les Philippines sont devenues une “colonie” des Etats-Unis pendant environ 50 ans, et ce jusqu’à la fin de la 2ème guerre mondiale. Ceci explique pourquoi l’anglais est l’une des langues officielles ici, que le pays est relativement “occidentalisé” pour l’Asie, et que l’on retrouve dans ce pays des traces de la culture américaine:  le basketball, sport préféré des Philippins, ou encore leur goût prononcé pour la nourriture de type fastfood (à notre grand désarroi).

Un soir, on retente la cuisine locale (on ne se laisse pas abattre si facilement!) Le bilan sera mitigé. Si je m’en sors pas trop mal avec des pâtes aux fruits de mer, Yorick, quant à lui, tombe sur une horreur gustative: Il prend un “porc sizzling”. En gros, il s’agit de viande hachée de couenne et de gras de porc qui gît dans l’huile.

Bon, ben c’est soit on choisit toujours très mal nos restaurants, soit la bouffe philippine ne nous convient définitivement pas!

Port Barton, un petit paradis sur terre

Nous relions Port Barton depuis Puerto Princesa après environ 3 heures de van à fond les ballons! Le paysage qui défile pendant le trajet est sublime: très sauvage, des montagnes recouvertes de forêt, des cocotiers verdoyants partout!

En arrivant à Port Barton, on se retrouve dans une petite station balnéaire assez touristique, mais à taille humaine. Les routes sont encore en terre, et les guest house et autres restaurants occidentalisés côtoient les bouibouis et les maisons des locaux. Ici, pas (encore) de gros hôtels sur plusieurs étages, et il y a juste ce qu’il faut de petits bars et bons restaurants pour se faire plaisir! On passera d’ailleurs plusieurs soirées au “Gorgonzola”, où on trouve des salades de fou, des petits déj sains et surtout de délicieuses pizzas au feu se bois. (Par contre, juste dommage de la taille:)

Kayak de mer et aventures dans les îles

Nous resterons une petite semaine dans ce joli coin. A deux reprises, nous louons un kayak pour explorer la baie. On adore! Un pique-nique dans le sac, et on vogue pour explorer les îles et trouver de jolies plages désertes.

Le soleil brille, l’eau bleue foncée et bleu turquoise scintille. La mer est calme. Ce sont les conditions parfaites pour faire du kayak! Et on adore ça! On est complètement indépendant, libres de nos mouvements, avec la possibilité d’aller où on veut, en visant les plages les plus vierges possibles. Un matin, on met le cape sur l’île de Capsalay, qui se trouve “juste en face” de Port Barton (enfin, à 10 km à vol de kayak).

On finit par y arriver et on accoste sur la plage. On s’émeut devant la beauté du paysage: de la forêt forêt et des lignées de cocotiers derrière une plage de sable blanc. On se promène ensuite de l’autre côté de l’île, où nous découvrons une mangrove. Yorick, tel un parfait Robinson, nous ouvre une noix de coco.

On visitera encore une autre petite plage sur notre chemin du retour à Port Barton. On est enchanté de notre journée!

Virée sportive en scooter tout terrain

Ce matin, on part se faire une virée en scooter à San Vicente, à 25km d’ici. On suit les conseils d’autres voyageurs et on emprunte alors le “sentier côtier”. En gros, c’est un sentier pédestre que l’on s’apprête à faire en scoot! Il va y avoir du sport!

Très vite, on se rend compte de la difficulté. On s’enfonce sur un chemin de sable, de terre ou de cailloux dans les petits villages locaux. Parfois, on emprunte des ponts de fortune en bambou (si si, avec le scoot!) Alors autant viser juste!

Ce chemin très accidenté n’est effectivement pas du tout adapté à notre scooter, mais si les locaux le font, pourquoi pas nous?

On s’enfonce ensuite dans la forêt. Ça ne cesse de monter et de descendre. Le scoot chauffe, mais il tient bon. Il nous fera une petite frayeur lorsqu’il ne souhaitera plus démarrer après une pause-eau, mais finalement – merci le kick – ça ne sera qu’un petit caprice.

Le paysage de forêt dense est sublime, et, en prenant de la hauteur, on aperçoit au loin de superbes baies avec de magnifiques plages.

On finit par arriver à San Vicente (donc on a mis deux heures pour faire 25 km, ça donne une idée du terrain!) Et après un bon dîner, on fait demi tour. Sur le chemin, on croise plein de locaux souriants et des enfants qui nous saluent. (C’est toujours comme ça quand on sort des sentiers touristiques. Les locaux sont tout de suite plus sympas!)

On s’arrête se rafraîchir dans une cascade. Ça fait tellement du bien, avec tout ce soleil et cette poussière! Le paradis!

Enfin, on fait une pause sur une magnifique plage, alors que le soleil commence à descendre sur l’horizon. Ici, il y a quelques maisons de bambou avec des toits en feuilles de cocotier. Quelques familles habitent ici, avec chien, chat et cochons. Yorick leur achète une noix de coco rafraîchissante qu’un jeune va chercher directement sur le cocotier, et très vite on sympathise avec les enfants. Ils parlent bien l’anglais (tout est enseigné en anglais à l’école) même si la langue nationale reste le tagalog ainsi que plusieurs autres langues qui varient en fonction des régions géographiques et des ethnies. Je parle avec Isha, 8 ans, qui me pose plein de questions. Elle est choue! Cet endroit est paradisiaque.

On finit quand même par rentrer avant la nuit, et on s’offre un magnifique coucher de soleil. Souper avec de délicieux poissons frais, grillés et à la sauce coco. Voilà enfin un met local que l’on apprécie!

Bain de touristes à El Nido

Après avoir bien profité de Port Barton, nous montons, en van, tout au Nord de l’île dans la petite ville d’El Nido. On la sait très (trop) touristique, mais nous avons un ferry à prendre ici dans tous les cas. On décide d’y rester deux jours, histoire de donner une petite chance à cet endroit.

Premier constat: oui, c’est un bain de touristes. En témoignent le nombre d’hôtels, bars, restau, boutiques de souvenirs, magasins de fringues, agences de voyages ainsi que les prix de dingue! La raison de ce tourisme sans limite est la fameuse baie de Bacuit. Chaque jour, des dizaines de bateaux emmènent les touristes en excursion dans une baie d’îles volcaniques et d’eau turquoise.

Nous hésitons longtemps avant de prendre une décision: Est-ce que l’on tente un tour organisé bondé pour visiter cette baie, l’une des plus belles du monde? Ou est-ce que l’on fuit ce monde en renonçant à voir cet endroit, car il est impossible de le visiter sans un tour organisé?…dilemme…on décide d’essayer!

Un matin, après avoir déjeuné en discutant politique et théories de conspiration avec un prof anglais expatrié, nous partons pour notre tour organisé. On sait quand même à quoi s’attendre, et on ne sera pas surpris en découvrant que l’on est 30 personnes entassées dans une bangka, avec une majorité de touristes chinois. D’ailleurs, il faut quand même que je vous les décrive. Ils portent un “pantalon” et un “pull” d’eau, des chaussures, un chapeau d’explorateur, des lunettes géantes et même un tour de cou monté jusqu’aux yeux (le genre de truc pour aller au ski)! On dirait des astronautes tellement ils ont le corps entier protégé du soleil.

Yorick et moi finissons par nous déplacer à l’arrière du bateau, dans la “zone technique”, où il y a une petite place rien que pour nous. On rencontre un Français du Sud super bonnard et on sympathise.

Nous partons donc pour le “circuit C”, l’un des quatre tracé qui nous emmène à la découverte de quatre ou cinq “lagons phares”. Vient ensuite les visites des lieux tant attendus : “secret lagoon” et autre “hidden beach” ont des noms qui font rêver, mais la réalité en est tout autre: on se croirait en plein pendant le naufrage du Titanic. On observe ébahi tous ces gens avec leur gilet de sauvetage qui gigotent dans tous les sens, essayant se faire du snorkeling sans même savoir nager.

En fait, chacun des cinquante bateaux partis du port ce matin décharge 30 personnes au même endroit au même moment. Faites le calcul.

Si on ne se focalise pas la-dessus, les lieux sont effectivement splendides, mais cela a un goût amer avec tout ce monde. Haaaa le tourisme de masse, on n’y participe jamais normalement, et là on se rend compte pourquoi!

A part ces endroits où il y a “largage massif d’homo sapiens”, la journée est tout de même sympa. On arrive quand même à se trouver des jolis coins à explorer en s’écartant un peu du groupe.

On mange super bien (what??) dans un lieu magnifique et la balade en bateau est superbe car elle nous offre de magnifiques paysages.

Finalement, au nom de la nature, je me dis que ce n’est pas si mal qu’il n’y ait que quelques endroits (toujours les mêmes) où les touristes sont emmenés. (Et tant pis pour nous.) Cela permet de ne pas endommager tout le corail de toute la baie, avec les ancrages foireux des bateaux, le piétinement des gens et les nuages de crème solaire industrielle rejetés dans l’eau (toxique pour le corail). Mais le tourisme de masse est un réel problème. Il rapporte beaucoup d’argent aux communautés locales, et c’est pour cette raison qu’il est difficile de faire changer les choses. Mais un pareil tourisme n’est pas durable pour l’environnement. Si El Nido a récemment pris des mesures pour limiter le nombre de gens par lagon (ah bon?!! il y en avait plus avant?!!) il y a encore du chemin à faire pour allier tourisme et écologie.

L’enfer le temps d’une journée

Comme son nom l’indique, nous nous apprêtons à passer une journée qui mettra nos nerfs à rude épreuve.

Déjà, pour commencer cette journée de bon pied, ce matin nous devons aller faire 4 heures de queue, non pas pour acheter les billets Paléo, mais pour nous procurer des billets de ferry!

Et oui, dans deux jours nous voulons nous rendre à Coron, l’île d’en face. Cependant, nous avons récemment appris que deux des trois ferry qui assurent la connexion sont “en réparation”. Il n’en reste donc qu’un seul pour des centaines de passagers par jour, et tous les tickets sont déjà vendus. C’est la guerre! On nous a donc conseillé d’être au guichet les premiers, car parfois ils vendent quelques places tôt le matin, pour le trajet de deux jours plus tard. C’est notre seul espoir!

On met donc ce matin notre plan d’attaque en place. Yorick arrive en premier devant les portes fermées du bureau “Monténégro ferry”, à 5h00 du matin! Très vite, d’autres personnes arrivent dans la file.

Quant à moi, je dors toujours et après avoir déjeuné à l’hôtel, je prends le relais dans la file d’attente à 7h00. Yorick peut donc à son tour aller prendre le petit déj! (On est des petits malins, on a splitté pour nous empêcher de péter un câble 😉 ) J’attends donc 2 heures de temps jusqu’à 9h00, heure d’ouverture du bureau. On apprend alors que seulement 15 tickets seront mis en vente aujourd’hui. Tant mieux pour moi, je suis la première, et tant pis pour tous les autres, qui me font beaucoup de peine… (Il y a plus de 30 personnes dans la file.) J’achète donc les précieux documents, non sans un brin de satisfaction! Beau travail d’équipe et de patience!

On aurait préféré faire autre chose ce matin, mais bon, voyager “à l’arrache” peut entraîner ce genre de désagréments. On se dit alors que l’on va rattraper le coup et profiter un peu de cette journée tout de même! Et si on louait un scooter pour se faire une jolie virée et découvrir de jolies plages?

A la recherche du scooter volé

On loue donc un joli scooter violet Yamaha (avec un autocollant Volcom SVP!) et nous partons en virée. A midi, on s’arrête au “Tambok” restaurant pour dîner. On se parque dans le petit parking du restau, juste devant la terrasse.

On mange, puis on décide de repartir. Et là, c’est le drame! Notre scooter a disparu.

Dans un premier temps, on essaye de ne pas paniquer et de comprendre ce qui a pu se passer. Très vite, on pense qu’il a été volé. L’horreur! En plus ici, il n’y a évidemment pas de contrat signé entre le loueur et le client, et encore moins d’assurance vol. En plus, on a dû laisser le passeport de Yorick en caution chez le loueur…

On se voit déjà devoir écorcher notre budget voyage de quelques milliers de francs pour racheter un scooter… Les boules. Gardons notre calme. Il faut enquêter.

On informe donc le personnel du restaurant, qui met son “security guard” sur le coup. Christian, un serveur, se transforme en détective privé. Il prend alors Yorick sur son scoot et les deux partent à la recherche des voleurs, tels Batman et Robin (en mode low coast).

Pendant ce temps, j’interroge un cuisto qui me dit qu’il a vu des Chinois partir avec notre scooter direction le Nord. D’autres serveurs confirment l’histoire en m’informant que ces gens ont dîné ici, et parlaient de partir sur la plage tout au Nord, à une heure de route d’ici. Etrange… Mais pourquoi des touristes chinois voleraient un scooter? Et comment ont-ils fait?

Le mec du bouiboui d’en face s’en mêle et nous dit qu’il a vu des Chinois avoir de la peine à démarrer un scooter, mais ils y sont finalement parvenus avec leur clef…Enfin, sur le parking, on tombe sur un scooter bleu, qui semble n’appartenir à aucun client du restaurant.

Eurêka! On pense donc que ces touristes se sont sûrement trompés de scooter. Ils ont pris le nôtre à la place du leur, et, en forçant avec leur clef, comme des malades, ils ont réussi à le démarrer. En tout cas, si c’est le cas, ça doit vraiment être des champions du monde, parce les deux scoots ne sont ni de la même couleur, ni de la même marque! Espérons que cette théorie soit la bonne. (Je préfère courir après des touristes chinois que des voleurs.)

Le sécu décide donc de faire justice lui-même et de partir à la plage du Nord pour essayer de retrouver les individus frauduleux.

Dans cet intervalle, Yorick et Christian reviennent bredouilles. Une heure plus tard, le sécu, revient lui aussi sans succès.

On inspecte donc la pièce à conviction restante : le scooter bleu. Là, on tombe sur un autocollant “GB Gomez Motorbike rental”, sûrement le nom de l’agence de location!

On embarque donc dans le pickup de Pio Pio, (un mec du restau qui a un T-Shirt avec “Pio Pio” inscrit dessus. On en déduit que c’est son prénom), avec le sécu et Christian, direction le centre-ville. Là, c’est carrément toute la ligue des Justiciers en action!

On se rend d’abord à notre agence de location. Coup de bol, le patron est pote avec le sécu! Ce dernier lui explique toute l’histoire en philippino, et heureusement, il nous croit. Puis, on continue notre enquête. Le but? Trouver cette fameuse agence “GB Gomez”. Nos Sherlock Holmes philippins interrogent tous les locaux de la rue, et, au bout d’un moment, on finit par trouver l’endroit. Et là, coup de théâtre! On tombe sur une équipe de Chinois qui vient de ramener un scooter violet Yamaha avec un autocollant Volcom dessus!

Nos ravisseurs n’ont pas l’air d’avoir remarqué l’objet du litige…(ou font semblant de ne rien avoir remarqué). Et pourtant, leur clef n’entre pas dans le scooter violet! Ils ont dû forcer comme des malades. La nôtre, au contraire, fait parfaitement démarrer l’engin. On demande donc gentiment à ces touristes de bien vouloir nous rembourser le prix de la location (on a passé 4 ou 5 heures à rechercher ce scoot, et on n’a absolument rien pu faire aujourd’hui!) ainsi que de donner un pourboire aux trois philippins du restau, qui ont passé leur après-midi à rechercher le scooter volé. (Merci à eux d’ailleurs! Ils ont été supers.)

Enfin, le propriétaire de notre agence nous confirme bien qu’il s’agit de son scooter, nous voilà sauvés! Tout ne se termine pas trop mal finalement.

Cependant, un dernier mystère subsiste…si on reconnait parfaitement ce scooter, qui a le même autocollant “Volcom”, la même phare cassé, le même nombre de kilomètres au compteur (en déduisant les 60 km que viennent de faire les Chinois), dont la clef qui le fait démarrer est la nôtre, Yorick et moi, nous sommes certains à 100% que le petit crochet à sacs vissé sous le guidon n’était pas celui-là… L’énigme restera à jamais entière.