Un mois sur Pom Pom Island, avec TRACC (tropical research and conservation center)

Le 27 mai, on se retrouve Yorick et moi à Tawau, petite ville de Bornéo sur la partie malaisienne de l’île!

En arrivant ici par avion, j’ai pris une grosse claque, car j’ai été confrontée à une réalité que l’on ne connaît que grâce aux médias, mais que très peu de personnes n’ont vue de leurs propres yeux: le fléau de l’huile de palme. A perte de vue, nous avons survolé non pas ce que fut autrefois une forêt primaire, mais des hectares et des hectares de plantations de palmiers à huile! C’est simple, pendant 20 minutes de survol, il n’y a que ça. Toute cette forêt rasée, ça m’a choquée, j’en avais presque les larmes aux yeux…
Et c’est sans compter notre trajet en voiture de l’aéroport jusqu’à la ville côtière Semporna: une heure de trajet dans une plantation géante de palmiers à huile. Il n’y a que ça sur la centaine de kilomètres que l’on traverse!
Quelle horreur…à ce rythme-là, il ne restera plus grand chose de forêt sur terre…Bref. Une raison de plus pour éviter d’acheter ces différents produits qui contiennent de la “graisse végétale”.

Bref. Voilà, ça c’était pour l’introduction joyeuse de cet article! 😉

Arrivés au jetty de Semporna, on embarque à bord du petit bateau rapide de TRACC. 45 minutes de trajet plus tard, nous accostons sur Pom Pom Island. Pom Pom, (déjà le nom est cool) est une minuscule île circulaire de deux kilomètres carré. Ici, pas de route. On se déplace depuis la plage (il faut 45 minutes à pied pour faire le tour entier de l’île). Il y a juste TRACC ainsi que trois petits resorts. Le centre de l’île est essentiellement recouvert de forêt et de broussaille. Deux fois par semaine, il y a un trajet en bateau organisé pour Semporna, pour le ravitaillement.

On rencontre alors la petite communauté qui travaille dans l’association, tous sont des bénévoles de tous les horizons. D’abord, on rencontre les membres du staff: Kit (chef  technique de Malaisie), Jeeth (scientifique, Malaisie), Alessio (scientifique, Italie), Eric (dive master, Australie), Janine (Instructeur, Angleterre), Chris (DM, USA), Davey (photographe, pays de Galles) Tyna (DM, suisse allemande) Jens (DM, Danemark) et, plus tard, Alex (DM, Autriche) ainsi que quelques autres Divemaster.

On rencontre aussi l’équipe cuisine (tous de Malaisie) ainsi que les autres bénévoles: Jemma (pays de Galles) et Lola (Angleterre), Mattias et Marcia (Allemagne), Christ (Canada), Peter (Irlande), Viktoria (suisse allemande), Astrid (Danemark), Lucia (Slovaquie), Jon (Malaisie), et plus tard Holly et James (Angleterre) et Vera (Autriche).

On rencontre enfin les deux chiens-mascottes du camp: Monsoon (et son œil bleu), et Joey (et son surpoids).

On prend alors nos quartiers dans ce qui sera notre maison pour un mois. Le campement est basique, sur la plage, et est composé d’un coin pour manger sous un abri, les pieds dans le sable à deux pas de l’océan, d’un local à matos de plongée, d’un cabanon cuisine, et d’un espace avec les tentes et bungalows. On logera dans la “long house”, sorte de bungalow basique. C’est simple, mais au moins on a un vrai lit! (Ça me changera de Muna), une moustiquaire et des toilettes basiques.

C’est quoi, TRACC?

Le Tropical Research And Conservation Center (leur site ici) est une ONG anglaise lancée ici il y a quelques années, qui a pour but de recréer un récif corallien autour de l’île et d’étudier les espèces marines qui le repeuplent petit à petit. En effet, bien qu’officiellement interdite, la pêche à la dynamite est encore pratiquée dans la région. Cette pratique tue non seulement un grand nombre de poissons en même temps, mais surtout elle détruit durablement les récifs coralliens, maillon principal de toute la biodiversité sous-marine.

Sans corail, pas de vie. Les récifs coralliens n’occupent que 0,2% de toute la surface sous-marine mondiale. Et pourtant, à eux seuls, ils accueillent plus de 25% de toute la vie marine. On estime à plus d’un million le nombre d’espèces d’animaux et de plantes qui vivent grâce aux coraux. Les coraux sont une source de nourriture, offrent un habitat et un lieu de reproduction pour les autres espèces.

C’est aussi grâce aux coraux que les hommes peuvent pêcher du poisson dans les eaux côtières (et un huitième de la population mondiale vit en bord de mer et profite de cet apport économique).

Et pourtant, à Pom Pom comme dans les alentours, tout a été détruit par l’avidité, la pauvreté et le manque de connaissances des hommes. Il ne reste plus rien à par des gravas de coraux morts. Tout a été détruit.

C’est la que TRACC prend tout son sens. Ici, on construit des récifs coralliens artificiels et on fait des boutures de coraux. Le but étant de favoriser l’implantation naturelle de coraux et la biodiversité. TRACC gère aussi un programme de protection des tortues marines et de ramassage des déchets, et fait de la prévention dans les communautés alentours.

Ce projet ne fonctionne que grâce aux bénévoles, et n’est financé que grâce à l’argent des participants (à savoir nous). C’est pour cette raison qu’on avait longuement hésité à nous inscrire à ce programme, car payer pour travailler, c’est pas comme ça qu’on voit le “volontariat”. Mais c’est vrai que ce projet n’a pas d’autres sources de financement, et tout coûte assez cher. Bon, ben on considère cela comme une donation de notre poche pour la bonne cause sous-marine! Cet argent paye aussi la location du matos de plongée, toutes les plongées encadrées, les matériaux de construction, la station de gonflage des bouteilles, les bateaux et le fuel, le financement des différentes recherches scientifiques, les cours que l’on va recevoir sur la biodiversité marine… De plus, plus on reste longtemps ici, et moins la contribution financière est élevée (vu que l’on devient plus “rentable” et efficace au fil des semaines). Bref. On a fait le pari que ça en vaudrait la peine, et on ne sera pas déçu!

Les journées sont rythmées par un tableau blanc qui organise les tâches quotidiennes en fonction des différents groupes de participants. Qu’est-ce que ça fait du bien, de n’avoir plus aucune décision à prendre! Tout est décidé pour nous 🙂

Les différents projets de conservation

On participera à tous les différents projets. Le premier – celui dont on deviendra maître en la matière – c’est la construction des “arc reef”. Il s’agit de créer des blocs poreux à base de ciment, de débris de coraux morts, de béton et de bouteilles de whisky (donc plus on boit, plus on sauve la planète en gros). Une fois secs, ces blocs sont assemblés sous l’eau pour créer un substrat. Ce dernier permet aux coraux de retrouver une surface stable pour s’implanter naturellement. On y implante aussi des boutures de coraux dans des petites cavités prévues à cet effet. De la maçonnerie, en gros! (Nous sommes…les maçons du coeur!)

Dès nos premières plongées, on sera choqué, Yorick et moi, de constater à quel point tout est mort ici. Cependant, les seuls endroits sur lesquels il y a de la vie, ce sont les arcs reefs de TRACC! Ça marche vraiment, et les animaux foisonnent sur ces récifs artificiels.

Nous participons aussi à la fabrication et à la maintenance de ce qu’ils appellent les “biscuits”. Ce sont des petites plaques de ciment où des fragments de coraux sont fixés. Ces biscuits sont ensuite déposés dans une nurserie. Elle se trouve dans une baie au Nord de l’île où les courants amènent beaucoup de plancton, nourriture principale des coraux. Après 6 mois/1 an, une fois que les fragments de coraux ont bien grandi, ils sont déplacés dans la baie de TRACC, où ils sont fixés dans les arcs reefs.

Yorick et moi, on fera pas mal de combines dans cette nurserie, comme le nettoyage des algues, le transport de blocs avec des lift bag, ou le transport des biscuits.

Une autre technique pour forcer le corail à coloniser les arcs reefs, c’est de coller directement une bouture de corail avec une sorte de pâte à fixe spéciale. On récupère des coraux cassés mais vivants, on leur coupe des petits fragments de quelques centimètres, puis on les colle sur le récif artificiel avec une sorte de pâte à fixe.


De temps en temps, on partira à la chasse au vil et cruel Drupella! C’est un escargot de quelques millimètres (petit mais vicieux) qui dévore le corail. Pas question de laisser mourir le peu de coraux replantés qu’il y a ici!

Déchets et plastique: le fléau mondial

Ha le plastique! Ce fléau mondial que l’on a rencontré dans absolument tous les pays visités pendant ce voyage!

Ici, à TRACC, on se bat quotidiennement avec lui. On fait des plongées spéciales “ramassage de déchets”, mais aussi des marches quotidiennes sur la plage pour ramasser les déchets. Pourquoi chaque jour? Parce qu’à chaque nouvelle marée, la mer vomit des kilos et des kilos de plastique! C’est choquant à voir, et c’est sans fin. C’est un combat que l’on ne peut évidemment pas gagner, mais chaque paille, chaque cornet plastique, chaque emballage plastique retiré de l’océan est une menace en moins pour la vie marine. Pour vous donner une idée, sur les 200 mètres de long que mesure notre plage, on comptabilise plusieurs kilos de déchets par jour! Un jour, on récupérera même 28 kg en une seule collecte.


Pour une recherche d’Alessio, le scientifique de TRACC, chaque déchet trouvé est répertorié dans un fichier. Cela sert à faire des statistiques et de la prévention. Les grands gagnants? Ce sont les pailles en plastiques, les emballages de nourriture en plastique et autres cornets ainsi que les récipients en polystyrene (ces boîtes dans lesquelles on met des repas à l’emporter). On trouve aussi beaucoup de petites pailles de sucettes et des Q-tips. Ahh, le plastique à usage unique, fléau de notre civilisation de consommation!

On serait tenté de dire: ” Ha, ces pays en développement, ils ne savent vraiment pas gérer leurs déchets!” Mais savez-vous que ces déchets trouvés en Malaisie et en partout Asie sont aussi les nôtres? Parce que oui, l’Europe – l’une des grande gagnante mondiale dans la course à la consommation de plastique – ne traite qu’une infime partie de ses déchets elle-même. Le reste est envoyé en Asie dans de gros cargos, parce que c’est moins cher que de les traiter nous-mêmes, et que ces pays acceptent nos déchets moyennant quelques dollars. Croulant sous nos déchets, les pays comme la Malaisie ou l’Indonésie ne savent plus qu’en faire. Ils finiront dans de grandes décharges à ciel ouvert, incinérés, et pour la plupart, déversés dans l’océan. Chaque seconde, plus de 100 tonnes de déchets sont déversés dans les océans!!!

Lors d’une conférence d’Alessio, on apprend que seulement 14% du plastique consommé est effectivement recyclé. Nous sommes donc complètement responsables de cette catastrophe écologique. Ce n’est pas “parce que je trie mes déchets à la déchetterie” que ces derniers seront forcément recyclés. Donc non, le recyclage n’est pas la solution. Il faut simplement arrêter de produire ces produits jetables en tant qu’entreprises, et arrêter de les acheter en tant que consommateur.

Si j’étais déjà bien sensible à cette problématique avant de partir, je pense vraiment adopter des nouvelles habitudes beaucoup plus drastiques en rentrant. Voir cette catastrophe de ses propres yeux, ramasser soi-même des déchets pendant des heures, constater que c’est pareil dans tous les pays traversés, ça fait réfléchir. J’ai envie de faire plus souvent mes courses dans les magasins “en vrac” ou chez le producteur avec mes bocaux et contenants, réfléchir à deux fois avant d’acheter du neuf, échanger, récupérer, réparer. Si chaque personne faisait ne serait-ce qu’un seul de ces petits changements dans ses habitudes de consommation, le monde se porterait bien mieux! (Et notre santé aussi).

A TRACC, le résultat des récoltes de déchets sur la plage est recyclé en grande partie. Tous les emballages plastiques sont rincés, séchés et utilisés dans la construction “d’eco bricks”. Ce sont des briques en bouteilles PET, remplies de plastique tellement tassé que ça devient dur comme de la brique. On peut alors construire des cabanons ou du mobilier en les assemblant!

C’est bonnard, on se rassemble tous en rond, chacun construisant sa petite brique. On papote, on écoute de la musique, c’est convivial tout ça!

Kualapuan Island

Un jour, nous partons sur l’île voisine, où vit une petite communauté dans un village sur la plage. Cette île n’a pas de nation, car elle n’est reconnue ni par les Philippines toutes proches, ni par la Malaisie. Les habitants n’ont pas de passeport et les infrastructures sur place ne sont gérées par personne.

On est directement choqué par la pauvreté des habitations et surtout par la quantité astronomique de plastique qui traîne partout. C’est simple, la plage est recouverte d’un tapis de déchets, qui s’étant jusqu’à plusieurs mètres sous l’eau. Et les gens vivent là dedans.

Ici, TRACC mène un projet de sensibilisation dans une école. Aujourd’hui, on accompagne Shimah, membre de TRACC et originaire de Kualapuan. Elle présente aux enfants les dangers du plastique pour la vie marine, et pour nous, humains, qui mangeons des poissons déjà remplis de micro particules de plastique.

Aujourd’hui, TRACC veut tourner une petite vidéo de prévention pour mettre sur les réseaux sociaux. On s’en va alors ramasser des déchets sur la plage avec les enfants. Notre action est symbolique (vu la quantité de déchets qu’il y a ici, il faudrait des semaines pour tout nettoyer!) Mais c’est surtout pour montrer l’exemple en espérant que les futures générations feront changer les mentalités. Sur ce lien, vous pourrez voir la vidéo faite par TRACC 😉 

Les tortues marines

Les eaux de Pom Pom sont remplies de tortues marines, espèces protégées. On les adore, avec Yorick! Elles sont si choues et si nonchalantes. Et ici, on en voit à chaque plongée tellement il y en a!

TRACC mène un projet de protection des tortues. Chaque soir à 23:00, un tournus “turtle walk” est organisé. Trois personnes marchent le long de la plage tout autour de l’île afin de repérer les nids des tortues. Trouver un nid? C’est facile! Il suffit de repérer les traces de tortue dans le sable; ça ressemble à des traces de rattrack!

Plusieurs fois, on trouvera des nids. On appelle ensuite une responsable du WWF présente à Pom Pom, qui viendra déterrer les œufs et relocaliser le nid dans une nurserie privée.

Pourquoi ne pas les laisser là où maman tortue a décidé de les pondre? Tout simplement parce que nous devons les mettre en sécurité avant qu’un braconnier ne les trouve avant nous. (Il parait que les œufs de tortues, ça se mange et ça fait un sacré business!)
Malgré le fait que Pom Pom est une île minuscule, il y a pas mal de braconniers par ici. (On soupçonne les staff des resort alentours, et même les flics!)

Il faut savoir qu’une tortue vient pondre entre 70 et 200 œufs. Sur 1000 bébés tortues, un seul atteindra l’âge adulte. Le taux de survie est donc très, très faible. Les bébés qui arriveront à sortir de l’œuf devront faire face aux crabes (oui, ils décapitent les bébés tortues, ces saligauds!) aux oiseaux affamés et aux poissons une fois dans l’eau. C’est déjà pas mal de prédateurs naturels tout ça! Du coup, c’est pas mal si on ne rajoute pas l’humain dans la liste.

Un soir, on a la chance de d’assister à la ponte d’une tortue, qui a choisi notre plage pour pondre! (Juste devant notre table à manger! Donc le lieu le plus safe de l’île pour une tortue haha!)

On la regarde hisser son lourd corps sur la plage, creuser son nid, et y déposer ses petits oeufs. Quelle énergie ça lui demande! Grâce à une lumière rouge (pour ne pas la perturber) on peut vraiment assister à tout le processus! Quelle chance on a!
Sans qu’elle ne s’en aperçoive, on lui emprunte ses oeufs pour les mettre dans la nurserie. (Je vous assure qu’elle n’a rien vu ;-).


Un autre soir, on assiste à la remise à l’eau de quelques bébés tortues fraîchement sortis de l’œuf! Ils sont tellllllllement chouuuuux! On a le sourire jusqu’aux oreilles! 🙂 Par contre, on n’a pas de photos à vous montrer. En effet, on ne doit pas les éclairer, car la lumière les désoriente. C’est d’ailleurs l’un des problèmes majeurs de l’impact de l’humain sur les tortues. Avec tous ces hôtels et constructions sur les plages, de plus en plus de bébés tortues n’atteignent jamais la mer et meurent sur le chemin, car ils suivent la lumière et partent dans la mauvaise direction.

La vie à Pom Pom

On prend vite nos petites habitudes ici à Pom Pom: Petit déj sur la plage, travaux sous-marins, cours sur la biodiversité marine et entraînement à reconnaître poissons, coraux et invertébrés, jeux de société, bières sur le ponton…

On apprécie aussi la nourriture locale et végétarienne à base de riz, tempeh (soja), cacahuète, curry à la noix de coco et fruits. On a aussi des soirées à thème le dimanche soir. D’ailleurs, lors de la soirée “échange des genres”, Yorick et moi avons gagné le concours du déguisement pour nos rôles de Cinamon et Jack le Redneck (que voulez-vous, on s’occupe comme on peut quand on est paumé un mois sur une île).

On fait aussi des plongées “fun”. On voit pas mal d’animaux cools ici! Des tortues à la pelle, des poissons perroquets à bosse, des nudibranches (nudiiiiiiiies!), des sèches, des pieuvres…
On voit aussi la “mantis shrimp” cette grosse crevette mante qui a le coup de poing le plus puissant du règne animal! (Chuck Norris n’a qu’à bien se tenir). Il y aussi des poissons crocodiles, poissons scorpions, poissons grenouilles… On a même eu la chance de voir la fameuse “blue ring octopus”, l’une des créatures les plus belles et les plus mortelles de l’océan! Une seule morsure contient assez de poison pour tuer 15 hommes d’un coup! Hahah mieux vaut ne pas aller l’embêter la petite (elle est minus, entre 5 et 10 cm, et super bien camouflée!)

En parlant d’animaux, il y a d’autres animaux terrestres plus ou moins bonnards sur Pom Pom. Déjà, l’oiseau que l’on surnommera le “mockingjay”, parce qu’il chante des mélodies complexes comme l’oiseau dans “Hunger Games”. Quelques fois, il change de mélodie (en fonction de son humeur je suppose).

Dans la catégorie moins sympathique, on a le droit à la compagnie de nombreux moustiques! C’est simple, notre corps est un champ de bataille.

Enfin, dans la catégorie “film d’horreur”, il y a un autre animal, que dis-je? La TERREUR de Pom Pom, un monstre tout droit sorti des enfers, j’ai nommé: le scolopendre géant! (Allez voir sur Youtube, je n’ose même pas le décrire. Mais ceux de Pom Pom peuvent bien mesurer 20-30 cm de long) Vous comprendrez donc pourquoi rien que de le voir, tout TRACC tremble de peur. Même les vegan n’ont pas de scrupules à les tuer, c’est pour dire!

Ma première douloureuse rencontre avec le “centipede” se fait un soir, alors que je rentre dans l’obscurité en tongues. Je sens soudainement quelque chose qui me pique le pied! Je comprends alors que je viens de marcher sur un scolopendre, la douleur atroce ne ressemblant à rien de ce que j’ai déjà pu expérimenter dans ma vie niveau piqûre. Je sens le venin de ses mandibules se répandre dans ma jambe, comme une sensation de brûlure dans les veines.

30 minutes dans l’eau brûlante et une nuit sous anti-douleurs plus tard, la douleur s’en va.

Yorick a aussi droit aux joies de ce monstre orange en se faisant piquer sur le bras, et en en découvrant un, gigotant sur son gilet alors qu’on s’apprête à partir en plongée. Et c’est que ça nage, ces suppos de Satan! En fait, tout le monde ici s’est déjà fait piquer! (Je ne vous parle pas des cris de terreurs entendus une nuit, lorsque quelqu’un en a découvert un dans sa tente!)

Si ces monstres pullulent ici, c’est parce que des gens ont eu la bonne idée d’introduire des chats sur l’île. Ces derniers se sont multipliés et déciment lézards et oiseaux, les prédateurs naturels des scolopendres. (Par contre, les chats n’osent pas s’attaquer aux scolopendres, ces pissettes!)

Pour essayer de résoudre le problème de surpopulation de chats sur l’île, TRACC a fait appel à “Borneo animal welfare society”, une ONG malaisienne qui capture, castre/stérilise les chats et chiens errants, puis les relâche là où ils les ont capturés. Ils profitent de leur convalescence dans la cage pour les nourrir et soigner les petits bobos.

Cette association débarque alors à Pom Pom pendant notre séjour. Les vétérinaires bénévoles installent une salle d’opération en plein air, et une équipe “chasse aux chats” pose des pièges sur l’île. On leur donne un coup de main, et on peut même assister aux opérations! C’est ouf, ils ne mettent que 10 minutes pour castrer un chat. Bientôt, les chats endormis s’allignent et les cages se remplissent. A LA CHAINE! En trois jours, ils auront castré plus de 70 chats! Quel boulot! D’ailleurs, on leur fera une petite donation de 100 CHF (merci les potes pour vos dons dans notre cagnotte!)

EFR et RESCUE

Pendant ce séjour à Pom Pom, on se décide finalement à poursuivre notre formation de plongeur en faisant le certificat suivant, le “niveau 3”, à savoir le RESCUE diver! On se dit que c’est une bonne idée de le faire ici, et Janine, l’instructeur, nous inspire confiance pour ce cours assez demandant mentalement et physiquement.

On fait d’abord “l’Emergency First Response” (équivalent des samaritains) puis on se lance dans le vif du sujet! Le rescue se fait sur une petite semaine, combinant théorie et exercices pratiques.

Il se termine par l’examen, le “scenario grandeur nature” qui combine tous les exercices du cours. Il s’agit de partir à la recherche d’un plongeur dans l’eau, probablement inconscient, le remonter à la surface, le sortir de l’eau et le réanimer en lui administrant de l’oxygène. Tout un programme! D’autant plus que, vu que c’est l’examen final, Janine ne nous dit ni le jour ni l’heure, et d’autres participants de TRACC jouent les complices.

C’est Yorick qui y passe le premier! Il aura droit à une victime inconsciente emmêlée dans la corde de son SMB, et beaucoup, beaucoup de courant! (Super pratique pour tracter une victime inconsciente). Au final, l’examen sera réussi!

Le lendemain de bon matin, alors que je suis à peine réveillée et que j’ai encore les yeux collés, j’entends la voix de Janine derrière la porte: “Mandy, there is an emergency, we need your help!” Bon, ben je crois bien que c’est mon tour cette fois-ci! (Elle aurait au moins pu attendre que j’aie déjeuné 😉 bon, les urgences ça ne se commande pas.)

Bref. Conditions presque réelles donc, je m’active, et j’interroge Fanny, parfaite dans le rôle du plongeur paniqué qui a perdu son binôme quelque part dans l’océan. Je prends un max d’informations pour pouvoir localiser la victime. Puis, je dois “avertir les urgences” et préparer l’oxygène avant de m’équiper au plus vite.

En binôme avec Janine, on entre dans l’eau et je commence mon “pattern de recherche” avec la boussole. Je finis par trouver la victime! Surprise, c’est ce bon vieux Eric qui m’attend sagement au fond de l’eau. Il est censé être inconscient. Je le remonte à la surface, gonfle son gilet et je commence le bouche à bouche. C’est hyper compliqué de garder un rythme constant, tout en le tractant vers la plage et en le déséquipant en même temps. Arrivés vers la rive, je galère à le hisser sur le sable (il fait quand même son mètre huitante, le gaillard!) Puis, je comme le massage cardiaque (c’est ce bon vieux Andy, le mannequin, qui prendra le relais). Examen Réussi! Reste encore les 50 questions de l’examen écrit, et nous voilà officiellement plongeurs RESCUE! 

C’esr un super cours, pas facile mais très utile, que je conseille à tous les plongeurs de faire. On se sent vraiment plus confient et plus sûr de notre pratique après ça!

Au revoir Pom Pom

Après un mois passé sur cette île, il est temps pour nous de nous en aller. On a déjà prolongé d’une semaine, et on aurait pu y rester encore plusieurs. Peut-être même que l’on reviendra un jour, mais voilà, on a un rendez-vous important la semaine prochaine avec des potes en Indonésie! 😉

Ce mois loin de tout a été une superbe expérience. C’est un bon retour aux sources. Aussi, c’est un riche expérience humaine, car nous avons rencontré de très belles personnes. On a eu du temps pour connaître les gens, et ça, en voyage, ça n’a pas de prix.

C’était un mois dans un beau projet qui fait sens pour nous. Un mois à collaborer avec d’autres êtres humains pour qui la nature compte, et qui utilisent leur temps et leur argent pour cette cause. Ce projet fonctionne, on en voit les fruits en observant chaque corail et chaque créature qui revient vivre aux alentours. Même si notre action n’est qu’une goûte dans l’océan, c’est comme la légende du colibri “on fait notre part”.

On a aussi beaucoup progressé en plongée, on a fait quand même entre 40 et 50 plongées chacun! Ici, on a même passé le cap des 100! 🙂 On a appris beaucoup sur la vie marine grâce aux différents cours et aux plongées d’exercice.

Enfin, ça nous a fait du bien de nous poser longtemps à quelque part, avec un programme prédéfini chaque jour. Pas de décision à prendre, on se laisse porter et on participe. On cherchait une expérience loin du tourisme traditionnel, et on l’a trouvée ici, à Pom Pom.